Jacques de Voragine

C'est peut-être entre 1250 et 1280 que l'archevêque de Gênes Jacques de Voragine (de Varazze, nom d'une bourgade proche de Gênes où il est né), écrit la Legenda aurea. Cette Légende dorée se veut une histoire. Les récits que rassemble l'auteur se veulent donc authentiques. Reste que le surnaturel, le merveilleux y tiennent autant de place que la terreur. Les martyres y sont cruels, brutaux, terribles. Leur horreur même met en évidence la victoire que constitue la foi lorsque le saint décapité ramasse sa tête dans ses mains et la porte lui-même jusqu'au lieu de sa sépulture, lieu sur lequel devra s'élever le sanctuaire où seront conservées ses reliques. Le merveilleux même est le signe d'une puissance spirituelle. Il est aussi celui de la volonté de Dieu, celui de sa vengeance. Aux quelque cent quatre-vingt récits anciens réunis dans La Légende dorée par Jacques de Voragine sont bientôt ajoutés de décennie en décennie des dizaines d'autres récits encore. Et pendant des siècles ces récits, dont l'invisible est le sujet essentiel, ces récits dont la puissance excite la piété populaire seront des modèles pour les peintres et les sculpteurs.