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Jean ANOUILH Antigone

Publié le 24/03/2020

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Jean ANOUILH

Antigone (1944)

Créon, nouveau roi de Thèbes, a interdit que l’on accomplisse les rites funèbres sur le corps de Polynice, considéré comme rebelle. Antigone, la sœur de Poly-nice et nièce de Créon, vient de transgresser la loi édictée par son oncle et doit lui rendre des comptes.

ANTIGONE. - Vous êtes odieux !

CRÉON. - Oui, mon petit. C’est le métier qui le veut. Ce qu’on peut discuter, c’est s’il faut le faire ou ne pas le faire. Mais si on le fait, il faut le faire comme cela.

ANTIGONE. - Pourquoi le faites-vous ?

CRÉON. - Un matin, je me suis réveillé roi de Thèbes. Et Dieu sait si j’aimais autre chose dans la vie que d’être puissant.

ANTIGONE. - Il fallait dire non, alors !

CRÉON. - Je le pouvais. Seulement, je me suis senti tout d’un coup comme un ouvrier qui refusait un ouvrage. Cela ne m’a pas paru honnête. J’ai dit oui.

ANTIGONE. - Eh bien, tant pis pour vous. Moi, je n’ai pas dit «oui»! Qu’est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires? Moi, je peux dire «non» encore à tout ce que je n’aime pas et je suis seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec votre attirail, vous pouvez seulement me faire mourir parce que vous avez dit «oui».

Antigone, © Editions de la Table ronde, 1946.

• Étudiez le registre familier dans ce dialogue.

• Quels arguments avance Créon pour justifier son métier de roi ? • Pourquoi le « non » d’Antigone est-il tragique ?

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