Devoir de Philosophie

Jour par jour, la semaine tragique

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

11 septembre 2001 DIMANCHE 9 SEPTEMBRE Le commandant Massoud, chef de l'opposition afghane au régime des talibans, est victime d'un attentat. Deux faux journalistes, affirmant travailler pour une agence d'informations sur le monde arabe située à Londres, ont fait exploser leur caméra alors qu'ils interviewent le Lion du Panshir. Des premières informations ont fait état de blessures aux jambes, d'autres évoquent des coups à la tête et décrivent le commandant dans un état très critique. LUNDI 10 SEPTEMBRE Les talibans démentent toute implication dans l'attentat-suicide, et lancent une vaste offensive contre les forces armées de l'opposition. Aucune nouvelle sur Massoud, ni même sur l'endroit où il serait soigné. MARDI 11 SEPTEMBRE 7 h 59. Dans un ciel lumineux de fin d'été, un Boeing 767 de la compagnie American Airlines, prend son envol au-dessus de Boston, pile à l'heure. Le commandant John Ogonowski, pilote expérimenté qui habite une ferme au nord de la ville, est aux commandes. L'avion compte 10 membres d'équipages et 81 passagers parmi lesquels un producteur de télévision, le fondateur d'une start-up, un vendeur, une ancienne ballerine, et Berry Berenson Perkins, actrice et photographe, veuve d'Anthony Perkins. Conditions de vol a priori idéales pour ce vol AA11. Cap sur Los Angeles. 8 h 01. Le vol 93 d'United Airlines qui décolle de Newark, un des aéroports de New York, s'élance vers San Francisco avec 45 personnes à bord. Plusieurs cadres, en voyage d'affaires, dotés de téléphones portables. 8 h 10. Le vol 77 d'American Airlines qui relie Washington à Los Angeles quitte la capitale fédérale à moitié vide. Les 58 passagers, parmi lesquels un groupe d'écoliers, un présentateur de télé, une petite famille en vacances vers l'Australie, se répartissent les hublots. 8 h 14. Des touristes, des hommes d'affaires, deux joueurs de hockey... Parmi les 56 passagers du vol 175 de United qui quitte Boston à destination de Los Angeles se trouvent notamment deux frères, dotés, écrira le Boston Herald, de passeports des Emirats arabes unis. 8 h 15. Le vol AA11 change brusquement de trajectoire. Il oblique vers le nord de Boston, puis plonge vers le sud à destination de Manhattan. Les contrôleurs aériens comprennent que le commandant John Ogonowski n'a plus la maîtrise de l'appareil. Des pirates, après avoir sorti des couteaux et peut-être poignardé immédiatement des membres de l'équipage, ont accédé au cockpit et pris le contrôle de l'avion. « Ne tentez rien de stupide. Vous ne serez pas blessés, captent tout juste les contrôleurs. Nous avons plus d'avions. Nous avons d'autres avions. » Puis le contact radio est coupé. Dans la cabine, un membre de l'équipage se débrouille pour téléphoner à la compagnie (soit par son mobile, soit par le combiné installé au dos des sièges) et signale le numéro du siège occupé par un des terroristes, Une information qui fera apparemment gagner du temps aux enquêteurs. Pour l'heure, l'avion fonce vers New York. Avec la tour nord du World Trade Center (WTC) dans sa trajectoire. 8 h 47. Un scénario similaire semble s'être déroulé sur le Boston-Los Angeles de United. Par téléphone, un passager vient de prévenir sa famille que des hommes armés de couteaux ont poignardé des membres de l'équipage et forcé les portes du cockpit. Au- dessus du New Jersey, l'avion fait un brusque virage vers le sud. Puis un autre, douze minutes plus tard. C'est la tour sud du World Trade Center qui est son objectif. 8 h 48. Le choc est effroyable. L'avion a percuté la tour nord à près de 540 kilomètres heure. « J'ai vu une énorme boule de feu blanche, et la tour s'est embrasée », raconte un employé de Wall Street. Les étages supérieurs de la tour, notamment le spectaculaire restaurant du 110e étage « Windows on the World », disparaissent dans une immense fumée qui salit le ciel new-yorkais. L'impact a fait vaciller tout l'immeuble, la fumée envahit les plateaux ainsi qu'une forte odeur de kérosène brûlé. Sans comprendre ce qui se passe, les occupants des étages inférieurs se précipitent dans les escaliers. Omar Eduardo Rivera, un employé aveugle qui travaillait au 71e étage, bouleversera son pays en racontant avoir mis 70 minutes à descendre au rez-de-chaussée, guidé par son chien et sa patronne. « L'eau et le kérosène dégoulinent dans nos jambes. Ça empeste le carburant. Les pompiers montent vers le sommet. On ne fait plus qu'une seule file sur la gauche pour leur laisser le passage. La tour tremble. Les gravats nous tombent sur la tête, l'escalier se déglingue, l'eau nous monte au-dessus des chevilles. Cette fois, seul Dieu peut nous tirer de l'enfer. » 8 h 49. La chaîne CNN réagit instantanément. Il ne lui faut pas plus d'une minute pour enclencher à distance l'une de ses caméras fixes, braquée en permanence sur la ligne d'horizon de Manhattan. Les autres grandes chaînes vont suivre, interrompant immédiatement leurs émissions. 9 h 03. Après un dernier virage sur l'aile, un deuxième avion s'encastre dans la tour sud du WTC. Les millions de téléspectateurs n'en croient pas leurs yeux. Le feu se propage, des occupants en perdition agitent les bras aux fenêtres, d'autres préfèrent se jeter dans le vide pour échapper aux flammes. Des dizaines de pompiers s'engouffrent dans les deux tours. Les Bourses du monde entier sont les premières à réagir. Celle de New York, à deux pas des tours, n'ouvrira pas. 9 h 31. Depuis Sarasota, en Floride, George Bush apparaît à la télévision. « Nous avons vécu aujourd'hui une tragédie nationale. Deux avions se sont écrasés sur le World Trade Center. Il s'agit, semble-t-il, d'une attaque terroriste dirigée contre notre pays. » Il paraît bouleversé. Il n'est guère rassurant. 9 h 45. La panique s'empare de Washington. Le vol 77 d'American Airlines vient de s'écraser sur le Pentagone. Plus précisément, sur l'aile ouest du bâtiment dans lequel travaillent près de 23 000 personnes. Le transpondeur permettant d'identifier l'avion sur les radars avait été débranché vers 9 heures. Et l'avion avait brusquement fait demi-tour vers Washington, transformé en missile lancé peut-être contre la Maison Blanche. Une passagère, là aussi, a eu le temps de prévenir son mari, au ministère de la justice, que des pirates de l'air, armés de couteaux, avaient regroupé au fond de l'avion tous les passagers ainsi que le pilote. La zone du Pentagone est rapidement bouclée par la police tandis qu'un incendie gigantesque ravage un côté de l'édifice. On évacue le personnel et le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, est conduit dans un bunker situé sous son bureau non endommagé. Décision est rapidement prise d'évacuer en fait les principaux bâtiments gouvernementaux, Maison Blanche en tête, ainsi que le Sénat et la Chambre. L'ordre est finalement étendu à l'ensemble des bâtiments administratifs, tandis qu'on ferme la gare et les deux aéroports. Le maire de la ville va rapidement déclarer l'état d'urgence. 9 h 49. Les autorités de l'aviation américaine ordonnent la suspension immédiate de tous les vols commerciaux aux Etats-Unis, une première dans l'histoire du pays. Les vols internationaux en direction des Etats-Unis sont détournés vers le Canada. Les aéroports de Los Angeles et de San Francisco vont être évacués et fermés. 9 h 55. Comme dans un tremblement de terre, la tour sud du World Trade Center se disloque et s'effondre sur elle-même, engloutissant dans un fatras infernal des centaines, probablement des milliers de personnes. 10 h 00. Le vol 93 de United n'atteindra pas San Francisco. Sans doute ne saura-t-on jamais la cible qu'entendaient lui faire atteindre les trois terroristes qui, après plus d'une heure trente de vol et le meurtre d'au moins un passager, peut-être même des pilotes, lui ont fait faire demi-tour. Car il s'écrase dans la campagne de Pennsylvanie. Les communications téléphoniques de plusieurs passagers avec leurs familles semblent indiquer que plusieurs d'entre eux, au courant de la tragédie new-yorkaise, étaient prêts à tout pour éviter que leur avion ne se transforme à son tour en missile d'attaque. Leur initiative a fait échouer la mission. 10 h 29. Le World Trade Center n'est plus. Le double bâtiment qui, avec ses 420 mètres de haut et ses 110 étages fut si longtemps l'étendard, la fierté de New York, a disparu de la ligne des gratte-ciel. La deuxième tour s'est écroulée dans un nuage, une noirceur et un enfer d'apocalypse. Et ce qui fut un temps la plus belle esplanade de la ville n'est plus qu'une tombe massive encombrée de tonnes de gravats et de laquelle, pendant des jours, pendant des mois, les New-Yorkais espéreront extirper les restes, le souvenir d'êtres proches. Les bâtiments adjacents sont en feu, qui s'écrouleront plus tard. 11 h 00. Rudolph Giuliani, le maire de New York, donne l'ordre d'évacuer le bas de Manhattan, au sud de Canal Street. Et ce sont des hordes d'habitants hagards, couverts de cendres, de poussière, d'écorchures, qui émergent des entrailles de la ville et remontent ses artères, telle une armée d'ombres. Personne, y compris à la télévision, n'ose évoquer un nombre possible de disparus. On rappelle simplement que 40 000 personnes venaient quotidiennement travailler dans les tours, et l'on se doute que les premières victimes recensées seront pompiers et policiers, à pied d'oeuvre au moment du drame. La solidarité dans la ville s'organise. Les hôpitaux, submergés par l'afflux de victimes, voient se former de longues files d'attente de donneurs de sang. Les cabines téléphoniques sont prises d'assaut car chacun cherche à donner ou à prendre des nouvelles. Et puis très vite, un réflexe pousse les habitants à se ruer dans les magasins d'alimentation pour prendre des réserves. Ecoles, musées, entreprises ferment leurs portes très tôt. Washington, de son côté, est comme une ville morte. 13 h 30. Le président Bush n'a pas rejoint Washington. Son avion vient d'atterrir sur la base aérienne de Barksdale, en Louisiane : « Nos militaires sont en alerte à l'intérieur du pays et dans le monde entier. Nous avons également pris les mesures indispensables de sécurité pour que le gouvernement continue d'exercer ses fonctions. » Air Force One ne redécollera pas pour la base d'Andrew, près de la capitale fédérale, mais vers la base d'Offut, dans le Nebraska, où se trouve le Commandement aérien stratégique. Pour des raisons de sécurité, le président y restera jusqu'à 16 heures. Tout l'après-midi, le monde entier réagit avec stupeur et horreur. Les gouvernants européens, bien sûr, ont exprimé émotion et solidarité ; Ariel Sharon, le premier ministre israélien, qui fermera dans la soirée ses frontières terrestres avec l'Egypte et la Jordanie ; le président Vladimir Poutine et le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Mais aussi le gouvernement cubain, qui offre une aide « à caractère médical et humanitaire », le président chinois Jiang Zemin, et l'ensemble des pays arabes, à l'exception de l'Irak. Ainsi que Yasser Arafat qui a qualifié les attentats de « crimes contre l'humanité », tandis que des images de télévision montrent des Palestiniens du Liban ou des territoires occupés manifestant bruyamment leur joie. 20 h 33. George Bush a enfin regagné le bureau Ovale de la Maison Blanche. Dans ce décor familier, le ton est ferme : « Les attentats terroristes peuvent ébranler les fondations de nos immeubles les plus hauts, pas les fondations de l'Amérique. » Un avertissement se profile : « Nous ne ferons pas de distinction entre les terroristes et ceux qui les protègent. » MERCREDI 12 8 h 00 (heure de Tokyo). En raison du décalage horaire, la banque centrale du Japon est la première à mettre en oeuvre la stratégie concoctée par les grands argentiers de la planète. A l'issue des consultations marathon de la veille, il a été décidé d'empêcher l'assèchement des marchés en les inondant de capitaux. Tokyo injecte 2 000 milliards de yens (18 milliards d'euros), coûteux parachute à l'indice Nikkei. En Europe, la BCE prend le relais, avec 69 milliards d'euros. En attendant, pour le lendemain, un apport supplémentaire sur les marchés européens de 50 milliards de dollars, ainsi que l'a promis Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale américaine. De quoi calmer les places européennes d'ici à la réouverture des marchés américains lundi 17 septembre. Vingt-quatre heures après la tragédie, la mort a un visage aux Etats-Unis. Celui de Mohamed Atta que les télévisions américaines diffusent en boucle. Cet homme de 33 ans est l'un des dix suspects que le FBI affirme avoir déjà identifiés. Il aurait pris des cours de pilotage dans une école de Floride. Son nom figurait dans la liste des passagers du vol AAL 11 qui s'est écrasé contre la tour nord du World Trade Center. Ainsi, les kamikazes ne sont plus anonymes, le mystère semblant se dissiper plus vite que les colonnes de fumée au-dessus de Manhattan. Ces premières révélations sont le fruit de l'enquête la plus massive jamais diligentée dans le pays. 7 000 enquêteurs se sont lancés, selon les mots de John Ashcroft, le ministre de la justice, « sur 2 000 pistes ». La traque s'est engagée sur Internet, où les témoignages affluent qui conduisent d'abord à l'aéroport de Boston. Dans la journée, elle se poursuit sans discrétion sur le terrain : les policiers font une descente à grand spectacle dans un hôtel de Boston, et les caméras sont aux basques des enquêteurs en Floride. Très vite, l'enquête s'internationalise avec l'arrestation, à Hambourg, d'un suspect qui sera finalement mis hors de cause. Les attentats ne sont toujours pas revendiqués, mais la piste islamiste ne fait plus aucun doute pour les enquêteurs. Malgré les mises en garde de George Bush et des officiels contre tout amalgame, les incidents à caractère racial se multiplient dans la journée. Aux Nations unies, la messagerie de la Mission permanente d'Afghanistan est saturée de messages hostiles - « chaque musulman doit être tué ». La presse témoigne : une épicerie tenue par un Pakistanais est incendiée à Long Island, des sikhs sont pris à partie à Manhattan ; près de Chicago, une centaine de personnes manifestent devant une mosquée. Pour sa défense, l'agresseur d'une femme d'origine pakistanaise déclare : « Je l'ai fait pour mon pays. » 12 h 30. George Bush qualifie les attaques terroristes sur New York et Washington « d'actes de guerre ». Colin Powell, le secrétaire d'Etat, plaide pour « une réponse coordonnée, complète, de la part des pays civilisés ». Message reçu. A 21 h 30 (heure de Bruxelles), l'OTAN annonce la mise en oeuvre de l'article 5 du traité de l'Atlantique nord qui prévoit qu'une attaque contre un seul des membres de l'Alliance est considérée comme une attaque contre tous. C'est la première fois que cette clause de solidarité militaire est déclenchée. Peu avant, les Quinze avaient aussi « condamné ces actes de barbarie ». JEUDI 13 A Kaboul, que la quasi-totalité des Occidentaux ont évacuée, le chef suprême des talibans, Mollah Omar, tente de disculper Ben Laden tout en condamnant les attentats. Cet exercice d'équilibriste, auquel s'était livré, dès le 11 septembre, l'ambassadeur taliban à Islamabad (Pakistan), ne convainc personne. Surtout pas Colin Powell : dans la matinée, au cours d'une conférence de presse, le chef de la diplomatie américaine désigne pour la première fois Ben Laden comme le principal suspect. Midi. Le trafic aérien intérieur est rouvert. « Les compagnies aériennes opèrent en toute sécurité », affirme John Ashcroft. A 11 heures, George Bush avait confié son optimisme aux journalistes : « Oui, si un membre de ma famille me demandait s'il pouvait prendre l'avion, je dirais oui. » 16 h 30. Sur le tarmac de l'aéroport Kennedy, à New York, un avion d'American Airlines attend l'ordre de décollage. Soudain, il est pris d'assaut par une unité d'élite de la police, qui débarque sans ménagement deux hommes et une femme. D'autres hommes sont interpellés alors qu'ils se présentent à l'embarquement d'un vol United Airlines pour Los Angeles. L'un d'eux aurait une licence de pilote. Leurs billets sont open, valables pour le 11 septembre, jour des attentats, sur un vol qui avait été annulé au dernier moment. 19 h 30. C'est dans un autre aéroport new-yorkais, La Guardia, que le FBI intercepte à nouveau des suspects. Sur CNN, un responsable américain se dit « préoccupé par le fait que cela ait pu être une nouvelle tentative ». En fin de journée, les premiers bilans officiels tombent. A Washington, 190 personnes sont portées disparues, alors qu'une première estimation en indiquait 800. A New York, le maire annonce 4 763 disparus dans l'effondrement des tours jumelles. Le vice-président Dick Cheney est transféré « par précaution » à Camp David, une résidence de campagne de la présidence. La décision alimente les doutes sur l'efficacité des services de renseignement américains, très critiqués pour n'avoir pas su déjouer l'offensive terroriste. Voter une rallonge de leur budget, comme le souhaite le gouvernement ? Le Congrès est réticent. Spectacles, concerts, manifestations sportives, tout est gelé depuis mardi. Et voilà que la Ligue nationale de football américain (NFL) décide d'annuler la journée de championnat prévue pour le week-end. L'information n'est pas si anecdotique : les matches avait été maintenus après l'assassinat de John Kennedy en 1963. Minuit. L'enquête se trouvera-t-elle accélérée par la découverte des deux boîtes noires dans les décombres du Pentagone ? Celle du vol 93 d'United Airlines qui s'est écrasé en Pennsylvanie avait été retrouvée dans l'après-midi. VENDREDI 14 Ciel de deuil et pluie chagrin à l'aube de la « journée nationale de deuil et de prières » décrétée par George Bush. L'élite de la classe politique, dont quatre anciens présidents, est réunie dans la cathédrale de Washington. Des services religieux à la mémoire des milliers de victimes sont organisés dans tous les lieux de culte des Etats-Unis. En Europe, trois minutes de recueillement sont observées dans tous les pays à la mi-journée. Le Sénat le matin, la Chambre des représentants l'après-midi, c'est à l'unanimité que le Congrès approuve l'aide d'urgence de 40 milliards de dollars, dont la moitié devrait être consacrée à panser les plaies de New York. Toujours à l'unanimité, les sénateurs adoptent également une résolution autorisant M. Bush à « user de toute la force nécessaire et appropriée » pour des représailles. Cinquante mille réservistes des forces armées pourront être rappelés (265 000 l'avaient été en janvier 1991 pour la guerre du Golfe). 13 h 00. Les trois aéroports new-yorkais sont à nouveau ouverts. Ailleurs dans le pays, le trafic aérien se normalise progressivement. Les vols internationaux reprennent. Un premier avion d'Air France quitte Paris pour Atlanta. 16 h 00. Trois jours après le drame, George Bush est parmi les sauveteurs qui s'activent dans les décombres du World Trade Center. Leur travail a encore été compliqué par les trombes d'eau qui se sont abattues sur Manhattan durant la nuit. « Je vous admire », leur crie-t-il à travers un mégaphone. Entouré de mesures de sécurité exceptionnelles, le président s'attardera pendant cinq heures dans le quartier sinistré. A Washington, Colin Powell tient une conférence de presse et s'adresse directement aux talibans : « Vous ne pouvez séparer vos activités de celles des criminels à qui vous accordez un refuge. » Personne ne doute, à Kaboul, que la riposte américaine s'exercera en priorité sur le sol afghan. Et Massoud ? Depuis cinq jours, la presse internationale ne bruit que de rumeurs contradictoires concernant son état. Est-il blessé, est-il vivant ? « Il semble malheureusement que le commandant Massoud a péri dans l'attentat dont il a été victime », déclare à l'AFP Hubert Védrine, le ministre français des affaires étrangères, en fin de soirée.

« 8 h 49.

La chaîne CNN réagit instantanément.

Il ne lui faut pas plus d'une minute pour enclencher à distance l'une de sescaméras fixes, braquée en permanence sur la ligne d'horizon de Manhattan.

Les autres grandes chaînes vont suivre, interrompantimmédiatement leurs émissions. 9 h 03.

Après un dernier virage sur l'aile, un deuxième avion s'encastre dans la tour sud du WTC.

Les millions detéléspectateurs n'en croient pas leurs yeux.

Le feu se propage, des occupants en perdition agitent les bras aux fenêtres, d'autrespréfèrent se jeter dans le vide pour échapper aux flammes.

Des dizaines de pompiers s'engouffrent dans les deux tours.

LesBourses du monde entier sont les premières à réagir.

Celle de New York, à deux pas des tours, n'ouvrira pas. 9 h 31.

Depuis Sarasota, en Floride, George Bush apparaît à la télévision.

« Nous avons vécu aujourd'hui une tragédienationale.

Deux avions se sont écrasés sur le World Trade Center.

Il s'agit, semble-t-il, d'une attaque terroriste dirigée contrenotre pays.

» Il paraît bouleversé.

Il n'est guère rassurant. 9 h 45.

La panique s'empare de Washington.

Le vol 77 d'American Airlines vient de s'écraser sur le Pentagone.

Plusprécisément, sur l'aile ouest du bâtiment dans lequel travaillent près de 23 000 personnes.

Le transpondeur permettant d'identifierl'avion sur les radars avait été débranché vers 9 heures.

Et l'avion avait brusquement fait demi-tour vers Washington, transforméen missile lancé peut-être contre la Maison Blanche.

Une passagère, là aussi, a eu le temps de prévenir son mari, au ministère dela justice, que des pirates de l'air, armés de couteaux, avaient regroupé au fond de l'avion tous les passagers ainsi que le pilote.La zone du Pentagone est rapidement bouclée par la police tandis qu'un incendie gigantesque ravage un côté de l'édifice.

Onévacue le personnel et le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, est conduit dans un bunker situé sous son bureau nonendommagé.

Décision est rapidement prise d'évacuer en fait les principaux bâtiments gouvernementaux, Maison Blanche en tête,ainsi que le Sénat et la Chambre.

L'ordre est finalement étendu à l'ensemble des bâtiments administratifs, tandis qu'on ferme lagare et les deux aéroports.

Le maire de la ville va rapidement déclarer l'état d'urgence. 9 h 49.

Les autorités de l'aviation américaine ordonnent la suspension immédiate de tous les vols commerciaux aux Etats-Unis,une première dans l'histoire du pays.

Les vols internationaux en direction des Etats-Unis sont détournés vers le Canada.

Lesaéroports de Los Angeles et de San Francisco vont être évacués et fermés. 9 h 55.

Comme dans un tremblement de terre, la tour sud du World Trade Center se disloque et s'effondre sur elle-même,engloutissant dans un fatras infernal des centaines, probablement des milliers de personnes. 10 h 00.

Le vol 93 de United n'atteindra pas San Francisco.

Sans doute ne saura-t-on jamais la cible qu'entendaient lui faireatteindre les trois terroristes qui, après plus d'une heure trente de vol et le meurtre d'au moins un passager, peut-être même despilotes, lui ont fait faire demi-tour.

Car il s'écrase dans la campagne de Pennsylvanie.

Les communications téléphoniques deplusieurs passagers avec leurs familles semblent indiquer que plusieurs d'entre eux, au courant de la tragédie new-yorkaise,étaient prêts à tout pour éviter que leur avion ne se transforme à son tour en missile d'attaque.

Leur initiative a fait échouer lamission. 10 h 29.

Le World Trade Center n'est plus.

Le double bâtiment qui, avec ses 420 mètres de haut et ses 110 étages fut silongtemps l'étendard, la fierté de New York, a disparu de la ligne des gratte-ciel.

La deuxième tour s'est écroulée dans un nuage,une noirceur et un enfer d'apocalypse.

Et ce qui fut un temps la plus belle esplanade de la ville n'est plus qu'une tombe massiveencombrée de tonnes de gravats et de laquelle, pendant des jours, pendant des mois, les New-Yorkais espéreront extirper lesrestes, le souvenir d'êtres proches.

Les bâtiments adjacents sont en feu, qui s'écrouleront plus tard. 11 h 00.

Rudolph Giuliani, le maire de New York, donne l'ordre d'évacuer le bas de Manhattan, au sud de Canal Street.

Et cesont des hordes d'habitants hagards, couverts de cendres, de poussière, d'écorchures, qui émergent des entrailles de la ville etremontent ses artères, telle une armée d'ombres.

Personne, y compris à la télévision, n'ose évoquer un nombre possible dedisparus.

On rappelle simplement que 40 000 personnes venaient quotidiennement travailler dans les tours, et l'on se doute queles premières victimes recensées seront pompiers et policiers, à pied d'oeuvre au moment du drame.

La solidarité dans la villes'organise.

Les hôpitaux, submergés par l'afflux de victimes, voient se former de longues files d'attente de donneurs de sang.

Lescabines téléphoniques sont prises d'assaut car chacun cherche à donner ou à prendre des nouvelles.

Et puis très vite, un réflexepousse les habitants à se ruer dans les magasins d'alimentation pour prendre des réserves.

Ecoles, musées, entreprises fermentleurs portes très tôt.

Washington, de son côté, est comme une ville morte. 13 h 30.

Le président Bush n'a pas rejoint Washington.

Son avion vient d'atterrir sur la base aérienne de Barksdale, enLouisiane : « Nos militaires sont en alerte à l'intérieur du pays et dans le monde entier.

Nous avons également pris les mesuresindispensables de sécurité pour que le gouvernement continue d'exercer ses fonctions.

» Air Force One ne redécollera pas pour. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles