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Kamakura, période de

Publié le 07/02/2013

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1  PRÉSENTATION 

 

Kamakura, période de, première période du Moyen Âge japonais (1185-1333).

 

La défaite des Taira, vaincus par les Minamoto à la bataille de Dan no Ura (1185), marque traditionnellement la fin de la période de Heian et le début du Moyen Âge japonais. Puis, en 1192, Minamoto no Yoritomo est investi par l’empereur de la charge de seiitaishogun (shogun, « généralissime chargé de soumettre les barbares «). Il s’installe dans une petite ville à l’est de la capitale et y fonde le shogunat (bakufu, littéralement « administration de la tente «) de Kamakura.

 

2  ÉMERGENCE D’UNE FÉODALITÉ 

 

Le nouveau shogun Yoritomo gouverne avant tout les provinces de l’Est : il y possède toutes les terres non encore défrichées, de nombreux domaines — confisqués aux Taira — et le pouvoir de nommer les gouverneurs des terres impériales. Il peut également dépêcher dans chaque province du Japon un gouverneur militaire (shugo) et un intendant domanial (jito), chargés du maintien de l’ordre. De fait, tous les guerriers du Japon sont désormais les vassaux du shogun et il leur est interdit d’entretenir toute relation directe avec la cour impériale. Bientôt, le gouvernement shogunal concède aux vassaux des droits sur les terres qu’ils administrent, en échange de services de garde : c’est ainsi qu’émerge la féodalité japonaise.

 

3  GOUVERNEMENT DES HOJO 

 

Lorsqu’il meurt en 1199, Minamoto no Yoritomo laisse deux fils encore jeunes, Yoriie (shogun de 1199 à 1203) et Sanetomo (shogun de 1203 à 1219). Leur grand-père maternel, Hojo Tokimasa (1138-1215), s’arroge alors le rôle de tuteur avant de fomenter leur assassinat. Évincé du pouvoir sous l’influence de sa fille Hojo Masako (1157-1225), la mère des deux héritiers, Hojo Tokimasa est remplacé comme régent auprès de Sanetomo par son fils Hojo Yoshitoki (1163-1224). Sanetomo est toutefois assassiné en 1215 par l’un des fils de Yoriie, aussi Yoshitoki et Masako choisissent-ils comme quatrième shogun le jeune prince impérial Fujiwara no Yoritsune, alors âgé d’à peine un an. Les Hojo s’octroient dès lors le titre de régent héréditaire (shikken), qu’ils conservent jusqu’en 1333.

 

Profitant de ces querelles (« troubles de l’ère Jokyu «), l’empereur retiré Go-Toba tenno attaque en 1221 le pouvoir shogunal qu’il pense affaibli. Mais son expédition est un échec : Go-Toba est exilé, une grande partie des biens de la famille impériale est confisquée, tandis que l’autorité shogunale est renforcée.

 

Une fois leur pouvoir bien établi, les Hojo organisent leur nouveau gouvernement : un conseil est rapidement établi puis, en 1232, est promulgué un code civil et pénal fondé sur les coutumes des guerriers. Une justice plus rude, mais aussi plus équitable, est ainsi mise en place.

 

4  NAISSANCE DE LA CIVILISATION GUERRIÈRE 

 

La vie des aristocrates (désormais appelés kuge) de Kyoto continue d’être rythmée par les cérémonies, la poésie — avec la compilation du Shin-kokinwakashu (« Nouveau Recueil de poèmes d’hier et d’aujourd’hui «, v. 1205) par Fujiwara no Sadaie —, le commentaire et le protocole des classiques sino-japonais.

 

Parallèlement, une littérature plus populaire se développe, composée de recueils d’anecdotes, de journaux, mais également d’essais tels que les Notes de ma cabane de moine (Hojo-ki, v. 1212) de Kamo no Chomei ou les Heures oisives (Tsurezure-gusa, « Notes au fil de l’ennui «, v. 1333) de Kenko Hoshi.

 

Surtout, dans ce monde désormais dominé par les hommes d’armes, émerge une nouvelle civilisation guerrière : armes et armures se perfectionnent tandis qu’apparaît une littérature inspirée des hauts faits d’armes, particulièrement illustrée par le Dit des Heike (Heike monogatari, v. 1240), œuvre anonyme retraçant la lutte entre les Taira et les Minamoto.

 

Sur les domaines, la vie paysanne s’organise : les progrès de l’agriculture et l’élevage d’animaux de trait permettent, désormais, deux récoltes annuelles dans les régions les plus fertiles. De plus en plus d’enfants d’agriculteurs se font artisans, s’assurant la protection d’un temple ou d’un puissant, tandis que le commerce s’épanouit lentement : naissance d’une industrie du transport, d’un commerce de gros, de grands marchés périodiques et, surtout, reprise de la circulation monétaire. Les produits échangés augmentent et se diversifient : riz, céréales, sel, huile, saké, tissu, métal, etc.

 

5  DE NOUVELLES ÉCOLES RELIGIEUSES 

 

La religion également se fait moins aristocratique : de nouvelles écoles bouddhiques, tournées vers le peuple, font leur apparition tandis que le néo-confucianisme étend son influence.

 

L’amidisme, c'est-à-dire la foi en Amida (Amitabha), fait partie de l’enseignement du tendai depuis le xe siècle, mais c’est le moine Honen-Shonin qui en radicalise la doctrine au xiie siècle. Exilé en 1207, il répand alors sa parole dans les campagnes. Ses disciples font de lui le fondateur de l’école de la Terre pure (Jodo-shu). L’un de ses disciples les plus fidèles, le religieux Shinran radicalise cette pensée : il rompt avec la vie monastique et fonde la « nouvelle secte de la Terre pure « (Jodo-shinshu). Sur le modèle de la foi amidiste, le moine Nichiren crée pour sa part une secte centrée autour de l’invocation du Sutra du Lotus.

 

Tout comme l’amidisme, le zen est connu au Japon depuis l’introduction du bouddhisme. Sa pratique est à cette époque renouvelée par l’intérêt grandissant que lui portent les guerriers, ainsi que par la création de deux nouvelles écoles : la secte rinzai (fondée par Eisai en 1191) et la secte soto (fondée par Dogen en 1227).

 

6  LES INVASIONS MONGOLES ET LE DÉCLIN DES HOJO 

 

Kubilaï Khan, maître de la Chine et de la Corée, lance en 1274 une armée de 25 000 hommes à l’assaut de l’archipel, mais un typhon repousse ses navires. Pour prévenir une nouvelle invasion, le régent Hojo Tokimune (1251-1284), fait construire d’importantes fortifications dans le nord de Kyushu. En 1281, un second corps expéditionnaire de plus de 140 000 hommes se heurte à une armée japonaise unie. S’ensuivent deux mois de rudes combats qui se soldent par la débâcle des Mongols, à nouveau décimés par un violent typhon.

 

Si l’effort de guerre a unifié le Japon autour d’une même cause, il a également épuisé le régime. Aussi, lorsque l’empereur Go-Daigo tenno est exilé à Oki en 1331 pour avoir refusé d’abdiquer en faveur du futur empereur Kogon, il ne lui est pas difficile de rassembler autour de lui suffisamment de partisans pour renverser le pouvoir shogunal.

 

Une armée, dirigée par le général Ashikaga Takauji (fondateur du clan Ashikaga), est alors envoyée en 1333 rétablir l’ordre, mais le jeune homme en profite pour faire revenir Go-Daigo, tandis que Nitta Yoshisada (1301-1338), guerrier et seigneur du Kanto renverse le gouvernement shogunal de Kamakura. Le dernier régent Hojo se suicide : c’est la fin du shogunat de Kamakura et le début de la brève restauration impériale, restauration Kenmu, laquelle se solde rapidement par un échec au profit du shogunat des Ashikaga.

 

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