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Khatami, Mohammad

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Khatami, Mohammad (1943- ), homme d’État iranien, président de la République islamique d’Iran (1997-2005).

Fils de l’ayatollah Ruhollah Khatami, membre influent et respecté du clergé chiite iranien appartenant à la lignée du prophète Mahomet, Mohammad Khatami est diplômé en philosophie et sciences de l’éducation de la faculté de Qom. Également diplômé en théologie, il appartient au clergé chiite et porte le titre, intermédiaire dans la hiérarchie religieuse, de hodjatoleslam.

2   UN MINISTRE DE LA CULTURE MODÉRÉ

Directeur du Centre islamique de Hambourg de 1979 à 1980, Mohammad Khatami, opposant au régime du Shah, est en contact avec le Guide de la révolution islamique, l’ayatollah Khomeiny. Il revient en Iran pour entrer au gouvernement après la révolution de 1979. De 1982 à 1992, il est ministre de la Culture et de l’Orientation islamique. À ce poste, il relâche la censure sur la presse, les livres et le cinéma et apparaît comme un protecteur des intellectuels dans une période de répression. Il n’en demeure pas moins fidèle à la pensée de Khomeiny, et maintient l’interdiction de la musique et des œuvres occidentales.

Sa politique d’ouverture relative lui vaut toutefois d’être la cible des conservateurs du régime. Il donne sa démission en mai 1992, fait inédit dans l’histoire de la République islamique, dénonçant dans une lettre au président Rafsandjani « la montée de l’esprit rétrograde et le climat d’insécurité qui règnent de plus en plus sur les activités culturelles «. Il est ensuite nommé directeur de la Bibliothèque nationale d’Iran.

3   PARTISAN DE L’ÉTAT DE DROIT

Auteur d’essais philosophiques et politiques, dans lesquels il prône une politique de « confrontation culturelle « avec l’Occident, préférée à un repli défensif, Mohammad Khatami présente une candidature indépendante à l’élection présidentielle de mai 1997. Soulignant que la légitimité politique et religieuse est conférée par la société civile, il s’engage à établir l’État de droit et à respecter la liberté d’opinion.

Appuyé à la fois par les modernistes, partisans de Rafsandjani, et par les radicaux islamistes s’inscrivant dans la ligne de Khomeiny, Mohammad Khatami bénéficie du soutien des intellectuels, laïcs comme religieux. Mais ce sont les jeunes et les femmes, séduits par ses prises de position en faveur d’un accès plus large des femmes à des responsabilités administratives et politiques, par sa promesse de lutter contre le chômage des jeunes et sa volonté d’ouvrir davantage l’Iran au monde, qui vont assurer sa victoire.

4   UNE POLITIQUE D’OUVERTURE

Élu avec 69 p. 100 des voix, Mohammad Khatami poursuit la politique d’ouverture menée par Rafsandjani en direction des pays arabes, mais cherche surtout à rompre l’isolement de son pays par rapport aux nations occidentales. Il propose ainsi, lors d’un entretien télévisé sur une chaîne américaine, un « dialogue de civilisation « avec l’Occident, se rend à New York pour l’ouverture de la session des Nations unies en septembre 1998 et soutient son ministre de la Culture lorsqu’il déclare que le gouvernement iranien se dissocie des menaces de mort pesant sur l’écrivain Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques et cible d’un décret religieux (fatwa) de l’ayatollah Khomeiny. À l’intérieur du pays, la presse connaît une nouvelle liberté et le président Khatami multiplie les déclarations encourageant un assouplissement des règles pesant sur les modes de vie et les mœurs.

Son action est toutefois entravée par les conservateurs, qui contrôlent toujours la plupart des institutions. Ils s’attaquent notamment aux partisans de Mohammad Khatami, obtenant, en mai 1998, la condamnation pour corruption du maire de Téhéran. Les assassinats d’un couple d’opposants et de plusieurs intellectuels en 1998 démontrent également l’exacerbation des conflits au sein du régime. Mohammad Khatami parvient toutefois, à cette occasion, à réaffirmer son action en faveur d’un État de droit, faisant ouvrir une enquête et obtenant que soit rendue publique l’implication d’agents du ministère de l’Intérieur.

5   ÉCHECS ET RENONCEMENT

En juin 2001, Mohammad Khatami est triomphalement réélu avec 77 p. 100 des voix. Cette réélection confirme l’espoir de liberté des Iraniens et leur aspiration au changement. Mais la politique de réformes se heurte à l’opposition conservatrice. Pressé par ses partisans d’accélérer le processus réformateur, le président Khatami présente en 2002 deux projets de loi visant à accroître les prérogatives présidentielles en matière judiciaire et à limiter les pouvoirs du Conseil des gardiens — un organe placé sous l’autorité du Guide suprême de la révolution et dont l’approbation est nécessaire pour l’entrée en vigueur des lois adoptées au Parlement. Toutefois, alors que les conservateurs multiplient leurs attaques et que Mohammad Khatami se montre timoré dans la remise en cause du régime, le camp réformateur subit les effets du désenchantement d’une partie de la population face à l’impasse du processus de libéralisation. Les partis conservateurs remportent une large victoire lors des élections législatives de 2004, marquées par l’invalidation de la plupart des candidatures réformatrices ou indépendantes par le Conseil des gardiens et par une abstention record. Le président Khatami renonce à ses projets de loi et « déclare [sa] défaite, afin qu’on ne retire pas au président les quelques pouvoirs qui lui restent. «. Ce renoncement met en lumière la difficulté de transformer de l’intérieur la République islamique.

À l’issue de l’élection présidentielle de 2005, le président Khatami a pour successeur le conservateur Mahmoud Ahmadinejad.

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