Kofun, période de

Kofun, période de, période de la protohistoire japonaise, qui fait suite à la période de Yayoi, et voit l’entrée progressive du pays dans la civilisation de l’écrit, entre 300 et 593. Elle se caractérise essentiellement par la présence d’un mode de sépulture original : de gigantesques tombes appelées kofun (anciens tertres).

Au début du iv^e siècle apr. J.-C. apparaissent dans tout le Japon des tombes particulières, tertres de plus de deux cents mètres de longueur, en forme de trou de serrure. La partie circulaire du tertre abrite une chambre funéraire richement décorée (miroirs, outils, bijoux, armes), dans laquelle se trouve un cercueil en bois.

De petites figurines appelées haniwa — d’abord de simples récipients à offrandes placés sur un cylindre d’argile rouge, puis représentations d’êtres humains ou de chevaux — ornent l’extérieur du tertre, entouré d’autre part d’un large fossé rempli d’eau. Au v^e siècle, les kofun se transforment : désormais construits à flanc de colline, ils renferment un sarcophage de pierre.

Le pouvoir, jusqu’alors très éclaté, se centralise et se structure : dans la seconde moitié du iv^e siècle apparaît un premier État que les chroniques chinoises appellent « Yamato «, mais dont l’origine reste mystérieuse. Il structure, sous l’autorité d’un souverain unique, un grand nombre des communautés peuplant le centre et le sud du Japon, entre Kyushu et la plaine du Kanto. À partir du v^e siècle se forment les clans (uji), regroupant des familles qui se réclament d’un même ancêtre et qui partagent sans doute également la même charge héréditaire auprès du souverain. Leur puissance est probablement très grande, rivalisant avec celle du souverain.

La période de Kofun marque l’arrivée au Japon de l’écriture chinoise (voir calligraphie), progressivement maîtrisée. Tandis que les progrès de la métallurgie du fer permettent de nombreuses innovations (épées de fer, armures, outils plus solides et plus performants pour cultiver la terre, creuser les sols et en maîtriser l’irrigation, etc.), la maîtrise des hautes températures et l’invention du tour de potier rendent possible l’invention d’une nouvelle poterie, plus solide et imperméable, de type Sueki. Ces nouvelles techniques permettent en particulier d’augmenter de manière significative la production agricole, ainsi que la conservation des récoltes, tandis que l’élevage des chevaux et le renouvellement de l’armement marquent les débuts d’une cavalerie.

Les chroniques chinoises, ainsi que les données ethnographiques, permettent de reconstituer quelques-unes des croyances les plus répandues parmi les hommes de la période de Kofun. La vie humaine est ainsi rythmée par des rites, qui marquent la naissance (réclusion temporaire des femmes au moment de l’accouchement, puis diverses étapes jalonnant l’entrée du nouveau-né dans le monde des hommes), le passage à l’âge adulte et la mort (apparition de cabanes de deuil, appelée moya, et mise au point d’un grand nombre de rites entourant le décès, en particulier pour les hommes de pouvoir). D’autres rites permettent de rythmer le temps qui passe : la « gustation des prémices «, qui consiste pour le souverain à inaugurer la première récolte et qui a généralement lieu au début de l’automne, en est sans doute un des plus importants.

La plupart des rites de cette période perdurent après le vi^e siècle. Ils témoignent de la conscience aiguë des Japonais de tout ce qui constitue une « limite «, une « frontière « : entre deux périodes de la vie, entre deux années, entre deux récoltes, etc. Il s’agit de protéger et renouveler sans cesse le temps et l’espace humain, rôle assumé par le souverain du fait de sa proximité avec les divinités.

Au vi^e siècle, la période d'Asuka, qui succède à la période de Kofun, marque la fin de la protohistoire et l’entrée effective du Japon dans l’histoire.