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Kojiki et Nihon Shoki

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Kojiki et Nihon Shoki, plus anciens textes japonais connus, publiés respectivement en 712 et en 720.

2   UNE ENTREPRISE DE COMPILATION DE L’HISTOIRE

Aux viie et viiie siècles, le Japon entre volontairement dans une phase d’intégration de la civilisation de son voisin chinois : modèles légaux, politiques ou philosophiques sont investis, adoptés et adaptés par l’archipel japonais, c’est alors que naît la volonté d’une compilation de l’histoire. Le Kojiki (« Récit des faits anciens «) et le Nihon Shoki (« Chroniques du Japon «) s’inscrivent tous deux, mais de façon tout à fait différente, dans cette logique.

L’initiative des deux ouvrages reviendrait à l’empereur Tenmu (673-686), qui aurait donné l’ordre à Hieda no Are de synthétiser et de mémoriser les généalogies impériales (teiki), ainsi que les mythes et légendes des grandes familles (kyuji). La nécessité de l’écriture est avant tout politique : il faut fixer l’histoire officielle, légitimer le règne de la famille impériale par son ascendance divine, établir les lois du pays. Mais elle est aussi diplomatique : il s’agit de démontrer à la Chine que le Japon est un pays souverain qui ne peut être considéré comme un vassal. L’impératrice Genmei (707-715) poursuit l’œuvre de Tenmu en ordonnant à O no Yasumaro, outre l’établissement des Fudoki (« rapport officiel sur les provinces «), la compilation du Kojiki et du Nihon Shoki.

3   LE NIHON SHOKI

Rédigé en chinois — langue alors commune à tous les érudits de la cour — conçu sur le modèle des annales chinoises et leur faisant fréquemment référence, le Nihon Shoki se présente sous la forme d’un ensemble de monographies chronologiquement ordonnées et systématiquement datées, dont la rédaction trahit un réel souci d’exhaustivité et d’objectivité. Composé de 30 volumes, il traite de l’histoire du Japon depuis les origines jusqu’à l’abdication de l’impératrice Jito en 697. Insistant sur la continuité, les généalogies et l’histoire la plus récente, le Nihon Shoki ancre l’histoire du Japon sur un passé authentifié et fameux et lui ouvre, de ce fait, un avenir. Il sera d’ailleurs suivi de cinq autres histoires officielles conçues sur le même modèle.

4   LE KOJIKI

Le Kojiki se présente très différemment. Entièrement écrit dans une langue qui n’est pas encore du japonais, mais qui résulte d’un sérieux effort de transcription par écrit de la langue autochtone à l’aide des caractères venus du continent, il ne fait pratiquement jamais référence à la Chine, ni au bouddhisme. Constitué de seulement trois volumes, il traite de l’histoire du Japon depuis ses origines jusqu’à la fin du ve siècle, insistant tout particulièrement sur les épisodes mythologiques (voir mythologie japonaise). Récit fermé qui décrit le monde des origines et sa conquête par l’homme, le Kojiki se déroule selon un rythme ternaire, développant symétriquement et régulièrement les mêmes motifs narratifs. Il offre ainsi un cadre non plus chronologique mais mythique à l’histoire du pays, son écriture constituant peut-être une sorte de réaction de la pensée traditionnelle à la déstructuration entraînée par les apports continentaux.

Si le Nihon Shoki a bénéficié d’un statut officiel sitôt sa compilation, le Kojiki, en revanche, est resté mal connu, jusqu’à sa découverte par Motoori Norinaga à la fin du xviiie siècle. Considéré comme le seul texte authentiquement japonais, il a constitué le texte de référence des milieux nationalistes.

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