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LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SIXIEME, DE LA VISION. DESCARTES

Publié le 29/07/2010

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discours

 

Et premièrement, touchant la lumière et la couleur, qui seules appartiennent proprement au sens de la vue, il faut penser que notre âme est de telle nature, que la force des mouvements, qui se trouvent dans les endroits du cerveau d’où viennent les petits filets des nerfs optiques, lui fait avoir le sentiment de la lumière ;

en sorte que ce sentiment ne peut être attribué qu’à la seule force du coup, laquelle meut les petits filets du nerf optique, ainsi que ferait une violente lumière ;

car cela ne peut procéder que de ce que les petits filets du nerf optique, ayant été mus extraordinairement fort, ne se peuvent arrêter sitôt que de coutume, Mais l’agitation, qui est encore en eux après que les yeux sont fermés, n’étant plus assez grande pour représenter cette forte lumière qui l’a causée, représente des couleurs moins vives.

Mais il faut ici particulièrement considérer en quoi consiste la quantité de la lumière qui se voit, c’est-à-dire, de la force dont est mû chacun des petits filets du nerf optique :

Car, si, par exemple, l’espace HI est quadruple de TR, et qu’il contienne les extrémités de quatre mille des petits filets du nerf optique, TR ne contiendra que celles de mille, et par conséquent chacun de ces petits filets sera mû, dans le fond de l’oeil A, par la millième partie des forces qu’ont tous les rayons qui y entrent, jointes ensemble, et, dans le fond de l’oeil B, par le quart de la millième partie seulement.

mais aussi de la multitude des petits filets du nerf optique, qui sont en l’espace qu’occupe l’image au fond de l’oeil.

en dix mille façons différentes, et par conséquent à faire voir en même temps dix mille couleurs, elles n’en pourront néanmoins faire distinguer à l’âme que mille tout au plus, si nous supposons qu’il n’y ait que mille des filets du nerf optique en l’espace RST ;

d’autant que dix des parties de l’objet, agissant ensemble contre chacun de ces filets, ne le peuvent mouvoir que d’une seule façon, composée de toutes celles dont elles agissent, en sorte que l’espace qu’occupe chacun de ces filets ne doit être considéré que comme un point.

Comme ici, en l’oeil RST, il faut penser que la situation du petit filet du nerf optique, qui est au point R, ou S, ou T, est suivie d’une autre certaine situation de la partie du cerveau 7, ou 8, ou 9, qui fait que l’âme peut connaître tous les lieux qui sont en la ligne RV, ou SX, ou TY.

Car il faut remarquer que les bouts des filets du nerf optique qui le couvrent, encore que très petits, ont néanmoins quelque grosseur ;

Comme, si les bouts de ces petits filets sont 1, 2, 3, et que les rayons qui viennent, par exemple, tracer l’image d’une étoile sur le fond de l’oeil, s’y étendent sur celui qui est marqué I, et tant soit peu au delà tout autour sur les extrémités des six autres marqués 2, sur lesquels je suppose qu’il ne vient point d’autres rayons, que fort faibles, des parties du ciel voisines à cette étoile, son image s’étendra en tout l’espace qu’occupent ces six marqués 2, et même peut-être encore en tout celui qu’occupent les douze marqués 3, si la force du mouvement est si grande qu’elle se communique aussi à eux.

 

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