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La fonction du roman est-elle de représenter le monde tel qu'il est ?

Publié le 22/02/2012

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Dans un roman de Bradbury, Fahrenheit 451, la lecture a été interdite et tous les livres sont brûlés par les pompiers représentants de l'autorité en ce domaine. Par cette histoire, Bradbury cherche à nous faire comprendre l'importance des livres dans notre société. Mais pourquoi le roman est-il si important ? Quelle est sa fonction ? Est-elle de représenter le monde tel qu'il est ? Pour répondre à ces questions, nous allons étudier des romans qui représentent, ou du moins le veulent, le monde tel qu'il est, puis des qui le représentent tel qu'il était ou tel qu'il sera, avant de nous pencher dans une synthèse sur le microcosme romanesque dans son ensemble. Qui ne connaît pas la célèbre définition d'un roman selon Stendhal ? « Un roman c'est un miroir que l'on promène le long d'une route » (Le Rouge et le noir, première partie, XIII, 1830). Selon cette acception, le roman serait un simple reflet du monde, le cadre, les personnages, les scénarii,… tout ne serait que copie de la réalité. Dans cette même optique, les réalistes ont pour but de retranscrire la réalité telle qu'elle, sans la déformer ni l'embellir, bien qu'elle puisse s'avérer choquant, ce pourquoi par exemple Mme Bovary de Flaubert a été condamné en 1851 pour « atteinte aux bonnes moeurs », notamment à cause du sucide de l'héroïne en fin de livre. Dans Bel ami, Maupassant retrace l'ascension sociale de George Duroy, un jeune homme séducteur, ambitieux et opportuniste ; D'employé au bureau des chemins de fer du nord, il est parvenu au sommet de la pyramide sociale parisienne grâce à ses maîtresses et à la collusion entre la finance, la presse et la politique. Maupassant décrit donc fidèlement dans ce roman les liens étroits entre le capitalisme, la politique, la presse, mais aussi l'influence des femmes qui, privées de vie politique depuis le code Napoléon, oeuvrent dans l'ombre pour éduquer et conseiller. On peut ainsi dire que, puisqu'il permet aux gens complètement étrangers à ces milieux ou même à cette société, comme nous lecteurs du XXIème siècle, de comprendre et d'observer par le biais d'un livre la situation, ce roman a une fonction réaliste d'information. Allant plus loin encore que leurs pairs les auteurs réalistes, les naturalistes ont pour but, en représentant tout aussi fidèlement le monde tel qu'il est, d'expliquer les comportements humains en se basant sur une véritable démarche scientifique. Leur chef de file, Zola, explique comment il conçoit l'étude des moeurs par l'expérimentation, basée sur les théories du grand scientifique Claude Bernard, dans Le Roman expérimental. Dans L'Assommoir, qui connaît un fulgurant succès dès sa parution en 1867, il peint « la déchéance fatale d'un famille ouvrière » et montre comment le couple Gervaise-Coupeau est trop influencé, d'une part par les générations précédentes d'alcooliques, et d'autre part par leur milieu social pour échapper à la malédiction de l'alcool malgré leur volonté. Ce roman présente une fonction naturaliste d'explication. La représentation du monde réel dans le roman n'est pas l'apanage du XIXème siècle. En effet, cent ans plus tard, des livres témoignant de la réalité comme Le Journal d'Anne Frank continuent d'être écrits. Ces témoignages directement marqués par les guerres du XXème siècles peuvent avoir une fonction de dénonciation envers l'absurdité de la guerre et même de notre monde en général à l'époque où apparaît un courant d'idées si justement nommé l'absurde. Dans La Peste, Albert Camus, récompensé en 1957 par le prix Nobel de la littérature pour l'ensemble de son oeuvre, nous fait partager l'angoisse de la maladie s'abattant sur la ville d'Oran en Algérie. Il nous fait part simultanément du témoignage du docteur Rieux très descriptif et révélateur des ravages de la peste et de son jugement sur l'ensemble de la communauté et du comportement humain grâce au « je » du narrateur omniprésent dans l'ensemble de l'oeuvre et dont le lecteur ne découvre son appartenance à l'auteur qu'à la fin du livre, lors de l'épilogue. En étudiant plus finement ce roman, il devient évident que par l'intermédiaire de divers éléments, la peste se révèle être une métaphore filée représentant la guerre, confirmant l'idée que La Peste ait une fonction critique et didactique en plus de réaliste. Si l'on trouve nombre de romans, comme ceux précédemment cités, qui représentent le monde tel qu'il est, on en trouve cependant également qui le représentent tel qu'il était, des romans historiques. La Princesse de Clèves, roman fleuve du XVIIème siècle et classique de nos jours signé de la main de Mme de Lafayette, fait partie de ce type d'écrit. Dans l'incipit il est expliqué que ce roman se situe néanmoins à la frontière entre roman de cour et roman historique. En effet, bien que dans un contexte passé, les situations présentées dans La Princesse de Clèves peuvent parfois, voir même souvent, présenter de grandes similitudes avec des situations contemporaines de l'époque d'écriture du roman. Lorsque comme cela, des situations reconnaissables sont pourtant camouflées dans un cadre déplacé, c'est régulièrement pour s'en moquer, les châtier par le rire. Ce roman a donc une fonction satirique. Alexandre Dumas a également écrit des romans historiques, dont le moins connu n'est certainement pas Les Trois mousquetaires, étant en effet un des romans les plus traduits dans le monde. Les soixante sept chapitres racontent l'histoire d'un jeune garçon, D'Artagnan, venu chercher fortune à Paris. L'action se situe en 1625 sous le règne de Louis XIII. Pour écrire ce livre avec le plus de précisions historiques possible, Alexandre Dumas s'est inspiré des Mémoires de M. D'Artagnan, oeuvre de 1709de Courtilez de Sandras. Avant d'être publié chez Baudry, ce roman de cape et d'épée écrit en collaboration avec Auguste Muquet a d'abord été publié en feuilleton dans Le Siècle du 14 mars au 14 juillet 1844. Le rôle des romans feuilletons étant assimilable pour la société de l'époque à celui qu'à aujourd'hui nos séries télévisées, d'origine souvent américaine, il est légitime de penser que Les Trois mousquetaires avaient principalement une fonction de divertissement. Si certains ont essayés de réécrire le passé, d'autres ont au contraire voulu écrire le futur, représenter le monde tel qu'il sera. La science fiction, ou plutôt roman d'anticipation puisque le terme n'apparaîtra qu'en 1926, nait de la rencontre entre les traditions du voyage imaginaire, de l'utopie, et des romans d'aventures. Publié en 1865 et écrit par Jules Verne, De la Terre à la lune, trajet direct en 97 heurs 20 minutes, apparaît comme un nouveau type de récit. L'auteur y imagine une aventure extraordinaire et palpitante : après la fin de la guerre de sécession, le Gun Club de Baltimore aux Etats-Unis tente d'envoyer un obus habité par trois hommes sur la lune. Ce récit, outre le fait de divertir son lecteur, a révolutionné la manière de penser de l'époque, d'où une double fonction de divertissement et d'ouverture d'esprit. Bien que se passant dans le futur, nombre de romans ne sont néanmoins pas des romans d'aventure, mai des utopies et surtout contre-utopies (ou dystopie). Le mot utopie est un néologisme dont Thomas More est à l'origine, synthèse des mots grecs « ou-topos » (littéralement lieu qui n'est pas) et « eu-topos » (littéralement lieu de bonheur). Il représente une réalité idéale et sans défauts. La contre-utopie est un genre qui en découle directement : au lieu de présenter un monde parfait qu'il faut chercher à atteindre, elle nous met en garde contre celui vers lequel on va et qui ne devrait surtout pas advenir. Cependant cette distinction tient plus à l'intention de son auteur car il s'agit souvent d'illustrer l'idée d'un système aux allures utopiques se révélant un effrayant dictat. Dans un livre visionnaire de 1932, Le Meilleurs des mondes, Aldous Huxley imagine une société qui utiliserait la génétique et le clonage comme moyen de conditionnement et de contrôle des individus. Dans cette société future, tous les enfants sont conçus dans des éprouvettes et sont génétiquement programmés pour appartenir à l'une des cinq catégories de la population : les Alphas (l'élite), les Bêtas (les exécutants), les Gammas (les employés subalternes), les Deltas et les Epsilons (destinés aux travaux pénibles). Ce roman décrit ce que serait la dictature parfaite : une dictature qui aurait les apparences d'une démocratie, une prison sans murs apparents dont les prisonniers ne chercheraient pas à s'évader, un système d'esclavage où grâce à la consommation et au divertissement les esclaves « auraient l'amour de leur servitude ». Ce récit est destiné à prévenir le lecteur tel un vaccin, qui maintenant pourraient reconnaître les symptômes de cette maladie plus qu'à divertir, d'où une fonction didactique. Quelle que soit la fonction du roman, il aura toujours comme caractéristique intrinsèque la création d'un univers, qu'il représente le monde tel qu'il est, tel qu'il était, tel qu'il sera, ou qu'il soit complètement issu de l'imagination de son auteur et n'ait a priori aucun lien avec le réel. Les Voyages de Gulliver, en anglais Gulliver's travels, écrits en 1721 par Jonathan Swift, plonge successivement le lecteur dans des mondes extraordinaires tel celui des lilliputiens, hauts de six pouces, ou celui de Brobdingnag peuplé de géants pacifiques. Cependant, contrairement à ce qu'on pourrait penser au premier abord, la fonction première de ces récits fabuleux n'est pas le divertissement. En effet l'auteur disait dans une lettre qu'il adressait à Pope un an avant l'impression de son livre : « le principal but que je me propose dans tous mes travaux est de vexer le monde plutôt que de le divertir ». En effet, lorsque Gulliver est chez les lilliputiens, Swift tend à y démontrer l'inutilité et le ridicule des guerres. Le souverain des géants, lui, critique vivement les institutions anglaises que Gulliver lui décrit et, dans la quatrième partie de son livre où Gulliver arrive après maintes péripéties parmi les Houyhnhms, chevaux beaux et intelligents parvenus au sommet de la sagesse et de la raison, Swift pose une question de réflexion : quelle est la différence entre un être humain et un animal ? cette différence est-elle réelle ou bien simplement apparente ? doit-on avoir honte d'être un homme ? Ce roman bien que peuplé d'imaginaire a donc une fonction critique et polémique, tout à fait reconnue d'ailleurs puisque la première version a été censurée, la version complète ne pouvant sortir qu'en 1735. Plus que la simple description d'un monde peuplé de merveilleux et d'imaginaires, certains romans sont de véritables microcosmes littéraires. C'est le cas des romans d'héroic fantasy dans lesquels les auteurs créent de véritables mondes à part entière avec leurs propres règles, leurs propres cartographies, histoires, langues,… Tolkien est le grand initiateur de ce genre avec son oeuvre mondialement connue Le Seigneur des anneaux (The Lord of ring), roman paru en 3 volumes lors des années 1954-1955. Ce livre est né des passions de Tolkien, à savoir les contes de fée et la philologie. La philologie est la science d'une langue d'un point de vue historique à partir de documents écrits. En effet au départ ce roman « était principalement d'inspiration linguistique et a été commencé dans le but de fournir un contexte historique à l'existence de langues elfiques » comme le dit Tolkien lui-même dans l'avant-propos à la seconde édition du Seigneur des anneaux. Tolkien envisage ainsi son oeuvre comme le dépassement d'une opposition entre philologie et fiction. Bien que nombre de lecteurs aient remarqués des analogies entre la guerre opposant Sauron à la terre du milieu et la deuxième guerre mondiale, Tolkien nie ces allusions qui seraient fortuites. Il considérait son livre comme « un conte de fée […] pour adultes » conçut « pour amuser (au sens noble) : pour être agréable à lire » (lettre n°181 à Michael Straight, début 1956). Ainsi la fonction primordiale de ce roman est le divertissement. Que le roman représente le monde tel qu'il est, était ou sera, ou même un monde à part entière plus ou moins ancré dans la réalité, c'est avant tout un monde subjectif qui rend compte de la sensibilité de l'auteur. Dans le chapitre neuf du Grand Meaulnes d'Alain Fournier, le chant d'un oiseau que d'aucun pourraient décrire comme des notes discordantes troublant l'air paisible est présenté comme « la voix de la matinée, la parole dite sous l'ombrage, l'invitation au voyage entre les aulnes », ce qui transforme la simple promenade de François Seuret en un véritable instant plein de magie. On voit de même que dans l'ensemble de ce livre l'emploi des mots sert un idéal de beauté semblable à celui souvent recherché par la poésie. On peut dire que ce roman a une fonction poétique. Cette subjectivité s'oppose à l'objectivité des faits et permet à l'auteur de transmettre sa vision du monde. Dans Le Parfum, parut en 1985, Patrick Süskind nous livre l'histoire d'un meurtrier psychopathe au sens olfactif très développé. Cependant on ne sent pas dans le récit de cette vie ponctuée de vingt six meurtres la répulsion, l'horreur et le dégout que l'on pourrait s'attendre à trouver face à cet assassin hermétique à notre compréhension, mais une fascination presque morbide pour cet être hors du commun que sa différence place si loin de nous. Bien que narrateur extérieur à la troisième personne, il essaye de nous faire partager la perception particulière qu'à Grenouille du monde. Par ce livre, l'auteur nous invite à nous mettre à la place d'autrui pour en acquérir une certaine compréhension tout en nous apprenant que celle-ci est impossible. Retraçant l'ensemble de la vie d'un personnage de sa naissance à sa mort en passant par son éduction par le monde, ses erreurs, ses choix, ses déboires et ses réussites, Le Parfum présente les caractéristiques d'un roman d'apprentissage. Grâce à ces deux éléments, nous pouvons attribuer une fonction didactique à ce livre. Pour nuancer le propos initial, on peut donc dire que le roman représente le monde tel qu'il est vu par son auteur, représentation qu'il se fait et qu'il veut transmettre. Cependant ce n'est pas vraiment la fonction du roman, mais son essence même. On a vu en effet que le roman pouvait avoir multitudes de fonctions diverses et variées, un même roman ayant souvent plusieurs fonctions, bien que nous ne l'ayons pas précisé précédemment. C'est cette variété de fonction qui fait que les livres sont un trésor qu'il nous faut conserver précieusement. Notre nourriture intellectuelle, comme la physique, se doit d'être diversifiée, comme le dit Rabelais « Mens sana in corpore sano », un esprit sain dans un corps sain.

« et d'ouverture d'esprit.

Bien que se passant dans le futur, nombre de romans ne sont néanmoins pas des romansd'aventure, mai des utopies et surtout contre-utopies (ou dystopie).

Le mot utopie est un néologisme dont ThomasMore est à l'origine, synthèse des mots grecs « ou-topos » (littéralement lieu qui n'est pas) et « eu-topos »(littéralement lieu de bonheur).

Il représente une réalité idéale et sans défauts.

La contre-utopie est un genre quien découle directement : au lieu de présenter un monde parfait qu'il faut chercher à atteindre, elle nous met engarde contre celui vers lequel on va et qui ne devrait surtout pas advenir.

Cependant cette distinction tient plus àl'intention de son auteur car il s'agit souvent d'illustrer l'idée d'un système aux allures utopiques se révélant uneffrayant dictat.

Dans un livre visionnaire de 1932, Le Meilleurs des mondes, Aldous Huxley imagine une société quiutiliserait la génétique et le clonage comme moyen de conditionnement et de contrôle des individus.

Dans cettesociété future, tous les enfants sont conçus dans des éprouvettes et sont génétiquement programmés pourappartenir à l'une des cinq catégories de la population : les Alphas (l'élite), les Bêtas (les exécutants), les Gammas(les employés subalternes), les Deltas et les Epsilons (destinés aux travaux pénibles).

Ce roman décrit ce que seraitla dictature parfaite : une dictature qui aurait les apparences d'une démocratie, une prison sans murs apparentsdont les prisonniers ne chercheraient pas à s'évader, un système d'esclavage où grâce à la consommation et audivertissement les esclaves « auraient l'amour de leur servitude ».

Ce récit est destiné à prévenir le lecteur tel unvaccin, qui maintenant pourraient reconnaître les symptômes de cette maladie plus qu'à divertir, d'où une fonctiondidactique. Quelle que soit la fonction du roman, il aura toujours comme caractéristique intrinsèque la création d'un univers, qu'ilreprésente le monde tel qu'il est, tel qu'il était, tel qu'il sera, ou qu'il soit complètement issu de l'imagination de sonauteur et n'ait a priori aucun lien avec le réel.

Les Voyages de Gulliver, en anglais Gulliver's travels, écrits en 1721par Jonathan Swift, plonge successivement le lecteur dans des mondes extraordinaires tel celui des lilliputiens, hautsde six pouces, ou celui de Brobdingnag peuplé de géants pacifiques.

Cependant, contrairement à ce qu'on pourraitpenser au premier abord, la fonction première de ces récits fabuleux n'est pas le divertissement.

En effet l'auteurdisait dans une lettre qu'il adressait à Pope un an avant l'impression de son livre : « le principal but que je mepropose dans tous mes travaux est de vexer le monde plutôt que de le divertir ».

En effet, lorsque Gulliver est chezles lilliputiens, Swift tend à y démontrer l'inutilité et le ridicule des guerres.

Le souverain des géants, lui, critiquevivement les institutions anglaises que Gulliver lui décrit et, dans la quatrième partie de son livre où Gulliver arriveaprès maintes péripéties parmi les Houyhnhms, chevaux beaux et intelligents parvenus au sommet de la sagesse etde la raison, Swift pose une question de réflexion : quelle est la différence entre un être humain et un animal ?cette différence est-elle réelle ou bien simplement apparente ? doit-on avoir honte d'être un homme ? Ce roman bienque peuplé d'imaginaire a donc une fonction critique et polémique, tout à fait reconnue d'ailleurs puisque la premièreversion a été censurée, la version complète ne pouvant sortir qu'en 1735.

Plus que la simple description d'un mondepeuplé de merveilleux et d'imaginaires, certains romans sont de véritables microcosmes littéraires.

C'est le cas desromans d'héroic fantasy dans lesquels les auteurs créent de véritables mondes à part entière avec leurs propresrègles, leurs propres cartographies, histoires, langues,… Tolkien est le grand initiateur de ce genre avec son œuvremondialement connue Le Seigneur des anneaux (The Lord of ring), roman paru en 3 volumes lors des années 1954-1955.

Ce livre est né des passions de Tolkien, à savoir les contes de fée et la philologie.

La philologie est la scienced'une langue d'un point de vue historique à partir de documents écrits.

En effet au départ ce roman « étaitprincipalement d'inspiration linguistique et a été commencé dans le but de fournir un contexte historique àl'existence de langues elfiques » comme le dit Tolkien lui-même dans l'avant-propos à la seconde édition du Seigneurdes anneaux.

Tolkien envisage ainsi son œuvre comme le dépassement d'une opposition entre philologie et fiction.Bien que nombre de lecteurs aient remarqués des analogies entre la guerre opposant Sauron à la terre du milieu et ladeuxième guerre mondiale, Tolkien nie ces allusions qui seraient fortuites.

Il considérait son livre comme « un contede fée […] pour adultes » conçut « pour amuser (au sens noble) : pour être agréable à lire » (lettre n°181 à MichaelStraight, début 1956).

Ainsi la fonction primordiale de ce roman est le divertissement.Que le roman représente le monde tel qu'il est, était ou sera, ou même un monde à part entière plus ou moins ancrédans la réalité, c'est avant tout un monde subjectif qui rend compte de la sensibilité de l'auteur.

Dans le chapitreneuf du Grand Meaulnes d'Alain Fournier, le chant d'un oiseau que d'aucun pourraient décrire comme des notesdiscordantes troublant l'air paisible est présenté comme « la voix de la matinée, la parole dite sous l'ombrage,l'invitation au voyage entre les aulnes », ce qui transforme la simple promenade de François Seuret en un véritableinstant plein de magie.

On voit de même que dans l'ensemble de ce livre l'emploi des mots sert un idéal de beautésemblable à celui souvent recherché par la poésie.

On peut dire que ce roman a une fonction poétique.

Cettesubjectivité s'oppose à l'objectivité des faits et permet à l'auteur de transmettre sa vision du monde.

Dans LeParfum, parut en 1985, Patrick Süskind nous livre l'histoire d'un meurtrier psychopathe au sens olfactif trèsdéveloppé.

Cependant on ne sent pas dans le récit de cette vie ponctuée de vingt six meurtres la répulsion,l'horreur et le dégout que l'on pourrait s'attendre à trouver face à cet assassin hermétique à notre compréhension,mais une fascination presque morbide pour cet être hors du commun que sa différence place si loin de nous.

Bienque narrateur extérieur à la troisième personne, il essaye de nous faire partager la perception particulière qu'àGrenouille du monde.

Par ce livre, l'auteur nous invite à nous mettre à la place d'autrui pour en acquérir une certainecompréhension tout en nous apprenant que celle-ci est impossible.

Retraçant l'ensemble de la vie d'un personnagede sa naissance à sa mort en passant par son éduction par le monde, ses erreurs, ses choix, ses déboires et sesréussites, Le Parfum présente les caractéristiques d'un roman d'apprentissage.

Grâce à ces deux éléments, nouspouvons attribuer une fonction didactique à ce livre. Pour nuancer le propos initial, on peut donc dire que le roman représente le monde tel qu'il est vu par son auteur,représentation qu'il se fait et qu'il veut transmettre.

Cependant ce n'est pas vraiment la fonction du roman, maisson essence même.

On a vu en effet que le roman pouvait avoir multitudes de fonctions diverses et variées, unmême roman ayant souvent plusieurs fonctions, bien que nous ne l'ayons pas précisé précédemment.

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