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La liberté est la réalité humaine (HEGEL)

Publié le 22/02/2012

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Il n'est pas d'idée dont on admette plus généralement qu'elle est indéterminée, équivoque, susceptible de donner lieu — et de ce fait donnant lieu effectivement — aux pires malentendus que l'idée de liberté et il n'en est aucune dont on fasse aussi couramment un usage irréfléchi. L'esprit libre étant l'esprit véritable, les méprises sur ce point entraînent d'autant plus les pires conséquences pratiques que rien d'autre, lorsqu'une fois les individus et les peuples ont admis en leur représentation la notion abstraite de la liberté, ne possède cette force indomptable, précisément parce que c'est l'essence propre de l'esprit et en vérité sa réalité même. Des continents entiers, l'Afrique et l'Orient n'ont jamais connu cette idée et l'ignorent encore. Les Grecs et les Romains, Platon et Aristote et même les Stoïciens ne l'ont pas eue. Au contraire, ils admettaient seulement que l'homme est vraiment libre par la naissance (comme citoyen d'Athènes, de Sparte, etc.) ou bien par la force de son caractère, par la culture, par la philosophie (le sage est libre même dans l'esclavage et dans les fers). C'est le christianisme qui a introduit cette idée dans le monde; il accorde à l'individu comme tel une valeur infinie, car objet et fin de l'amour de Dieu, il est destiné à être en rapport absolu avec lui comme esprit, à être la demeure de cet esprit, bref, l'homme a été en soi destiné à la plus haute liberté. Lorsque l'homme voit, dans la religion comme telle, son essence comme rapport à l'esprit absolu, ce dernier lui est également présent lorsqu'il pénètre dans la sphère de l'existence mondaine à titre de substance de l'Etat, de la famille, etc. Car cet esprit informe ces conditions, les détermine conformément à sa nature si bien que c'est par cette existence que le sentiment de la 'moralité sociale s'installe dans l'individu et qu'il est alors vraiment libre dans cette sphère de l'existence particulière, du sentiment et du vouloir actuels. Quand le savoir de l'Idée, c'est-à-dire du savoir que les hommes ont pour essence, fin et objet, la liberté, est d'ordre spéculatif, cette Idée même, prise comme telle, est la réalité humaine; non que les hommes aient cette idée, ils sont cette Idée. Le christianisme en a fait une réalité chez ses adeptes; s'ils devenaient esclaves, si l'arbitraire se substituait aux lois et tribunaux pour disposer de leur bien, c'est dans la substance de leur être qu'ils se trouveraient atteints. Cette volonté de liberté n'est plus un désir qui demande à être satisfait, c'est le caractère, la conscience spirituelle qui est devenue l'être sans désir. W. F. HEGEL.

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