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La Loya Jirga plébiscite Hamid Karzaï pour diriger le nouvel Afghanistan

Publié le 17/01/2022

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13 juin 2002 Son élection ne faisait pas de doute, mais avec 1 285 voix sur 1 575 (82 % des suffrages), Hamid Karzaï, président de l'Afghanistan pour les prochains dix-huit mois, a été plébiscité, jeudi 13 juin, par les délégués de la Loya Jirga (Grand Conseil) réunis à Kaboul. Ovationné debout par les quelque 2 000 personnes qui ont suivi, toute la journée, les débats souvent animés et parfois chaotiques de la Loya Jirga, M. Karzaï, très ému, a brièvement et chaleureusement remercié les délégués : « Merci de votre confiance. Je suis là pour vous servir. Dieu nous aidera à reconstruire une fois encore l'Afghanistan. » Cette élection, une première pour l'immense majorité des Afghans qui n'avaient jamais eu l'occasion de se rendre aux urnes, était la première tâche de la Loya Jirga. Celle-ci va maintenant devoir se prononcer à la fois sur le prochain gouvernement et sur le Parlement qui sera chargé de préparer une nouvelle Constitution et d'organiser des élections générales qui mettront fin, en décembre 2003, au processus de transition entamé avec les accords de Bonn de décembre 2001. « L'Afghanistan a maintenant un gouvernement légitime et Hamid Karzaï a un mandat pour gouverner », a affirmé, à l'issue de la séance, Ashraf Ghani, conseiller de l'administration intérimaire. Très présent tout au long du processus, l'envoyé spécial du président George W. Bush, Zalmay Khalilzad, s'est, lui aussi, réjoui du résultat : « C'est un grand jour pour l'Afghanistan. C'est un nouveau départ » Puis, en réponse aux critiques de beaucoup sur l'interférence américaine pour écarter l'ex-roi Zaher Chah de tout rôle exécutif, M. Khalilzad a affirmé : « Nous sommes très confiants et très heureux pour tout rôle que nous avons joué pour faciliter [ce processus]. Nous allons aider l'Afghanistan. Nous sommes ici pour longtemps. Le succès de l'Afghanistan est notre succès. » Réaliste quant aux problèmes qui attendent le nouveau gouvernement, le haut- représentant des Nations unies en Afghanistan, Lakhdar Brahimi, a affirmé : « Cela ne va pas donner de la nourriture ou des maisons, mais c'est un début et je pense que tout le monde est ce soir plus heureux. » Le vote a été d'autant plus libre que, sur la demande de plusieurs délégués, il a eu lieu à bulletins secrets. Signe du large consensus qui s'est dégagé sur le nom de M. Karzaï, Pachtoune sunnite, sa candidature a été proposée par un chef de guerre hazara chiite, Mohammed Asif Mohseni, chef du Harakat-e-Islami (Mouvement islamique de l'Afghanistan). M. Mohseni a soumis une liste de 1 050 signatures alors que 150 étaient requises. Acceptant sa nomination, M. Karzaï n'a pas caché la difficulté de la tâche qu'il l'attend. « Nous avons besoin de sécurité, de paix, de stabilité, d'une administration qui contrôle tout le pays », a-t-il dit, en allusion au fait que, six mois après l'installation de l'administration intérimaire, l'autorité de celle-ci ne dépasse pas les abords de Kaboul. Dans un geste de réconciliation à l'adresse des talibans, majoritairement originaires, comme lui, de Kandahar, M. Karzaï a souligné : « Je connais beaucoup de talibans. Ils ont été dépassés et [le mouvement] kidnappé par des étrangers. Ces gens étaient contre l'Afghanistan. Les responsables des massacres, des destructions étaient des étrangers », a-t-il dit, en référence à l'islamiste d'origine saoudienne, Oussama Ben Laden et à ses combattants arabes. immenses espérances M. Karzaï, qui s'est exprimé tour à tour en dari et en pachtou, les deux langues les plus pratiquées en Afghanistan, a insisté sur la chance qui se présentait avec l'aide internationale promise à la suite du renversement des talibans. « Nous voulons une meilleure économie, nous voulons des investissements, un programme de reconstruction. Nous ne voulons pas laisser passer cette chance. » En attendant, les délégués n'ont pas laissé passer leur chance de s'exprimer et certains avaient presque du mal à croire ce qu'ils voyaient. « C'est la première fois, dans notre histoire, que nous sommes témoins d'une telle situation. J'aime regarder les gens faire la queue pour voter », déclarait H. Aktar Mohammed, un Pachtoune de Ghazni. « Cela ressemble à la démocratie. Peut-être n'est-ce pas encore cela. Mais nous y allons » renchérissait de son côté Abdullah, un délégué de Kunduz, dans le nord. C'est maintenant à Hamid Karzaï de répondre aux immenses espérances de ses pairs et, comme le disait, à l'issue du scrutin, Juma Gul, un délégué de la province d'Helmand : « Il doit écouter les pleurs de la nation. »

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