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Hamid Karzaï, un homme de consensus

Publié le 17/01/2022

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13 juin 2002 En grand turban pachtoune de Kandahar, sa ville natale, ou le manteau ouzbek sur les épaules, ou encore habillé simplement, Hamid Karzaï, qui s'exprime aussi bien en dari qu'en pachtou, les deux langues les plus pratiquées en Afghanistan, paraît à l'aise partout. Ses six mois à la tête de l'administration intérimaire sont jugés quasiment sans faute et même ses détracteurs reconnaissent son doigté politique. « Je suis surpris par ses performances. Je ne le croyais pas aussi talentueux et charismatique », confie un leader pachtoune. A 44 ans, ce fils de famille, qui sait également deviser en anglais dans les salons occidentaux, commence à satisfaire son ambition première : servir son pays au plus haut de l'échelle pour l'amener à la modernité sans détruire ses traditions. Ses nombreux voyages à l'étranger, que certains lui reprochent, lui ont permis de projeter une image différente de l'Afghanistan et de tenter de faire partager sa passion pour un pays qu'il n'a jamais vraiment quitté, s'établissant durant les années de guerre à Quetta, au Pakistan, à trois heures de route de Kandahar. Dans un Afghanistan encore largement sous la coupe des chefs de guerre, son parcours tranche : cet ancien vice-ministre des affaires étrangères dans les premiers gouvernements moudjahidins, en 1992, n'a jamais vraiment participé militairement au djihad. Il n'a pas, comme beaucoup de ses pairs, « de sang sur les mains », un atout incomparable pour les Afghans, écoeurés par vingt-trois ans de violences. Placé à la tête de l'administration intérimaire par les accords de Bonn, il a réussi à faire, d'une équipe disparate, un cabinet assez homogène. Sa volonté de consensus - son talon d'Achille pour les uns - fait sa force pour les autres, qui l'acceptent d'autant mieux qu'il n'est pas autoritaire. « Il pourrait faire beaucoup plus et beaucoup mieux s'il voulait bien prendre conscience de sa force », déplore un observateur. Son souci de ne pas trop bousculer les choses l'a amené à revenir sur beaucoup de ses promesses et à accepter des comportements qu'il avait lui-même fustigés. Arrivé sans troupes et sans équipe à Kaboul, il est, pour la majorité des Pachtounes qu'il représente, trop dépendant de ses ministres tadjiks, et en particulier de son ministre de la défense, le maréchal Mohammed Fahim. Beaucoup, y compris parmi ses proches, espèrent que son élection triomphale lui donnera enfin le sens de l'autorité.

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