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La philosophie purificatrice.

Publié le 22/02/2012

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philosophie
Ce que n'ignorent pas les amis du savoir, c'est que, une fois prises en main les âmes dont telle est la condition, la philosophie leur donne avec douceur ses raisons; elle entreprend de les délier, en leur signalant de quelles illusions regorge une étude qui se fait par le moyen des yeux, de quelles illusions à son tour celle qui se fait par le moyen des oreilles et de nos autres sens; en leur persuadant encore de s'en dégager, de reculer à s'en servir, à moins de nécessité; en leur recommandant enfin de s'assembler, de se ramasser au contraire sur elle-même, de ne se fier à rien d'autre qu'à elles-mêmes, quel que soit l'objet, en soi et par soi, de leur pensée quand elles l'exercent d'elles-mêmes et par elles-mêmes; et, en revanche, si d'autres moyens leur servent à envisager cet objet, quel qu'il soit, qui change avec le changement de ses conditions, de n'y reconnaître aucune vérité; car ce qui est de ce genre est sensible et visible, tandis que ce qu'elles voient par leurs propres moyens est intelligible et en même temps invisible. Etre ainsi délié, voilà donc à l'encontre de quoi l'âme du vrai philosophe pense qu'on doit ne rien faire, et de la sorte elle se tient à l'écart des plaisirs, aussi bien que des désirs, des peines, des terreurs, pour autant qu'elle en a le pouvoir.... ... Voici comment calculera sans doute une âme philosophique : elle n'ira pas s'imaginer que, l'affaire de la philosophie étant de la délier, la sienne puisse être, tandis que celle-ci la délie, de se livrer volontairement à la merci des plaisirs et des peines pour se remettre dans les chaînes, ni d'accomplir le labeur sans fin d'une Pénélope qui sur sa trame travaillerait au rebours de l'autre. Non! mais elle met les passions au calme, elle s'attache aux pas du raisonnement et ne cesse d'être présente en lui; elle prend le vrai, le divin, ce qui échappe à l'opinion, pour spectacle et aussi pour aliment, convaincue que c'est ainsi qu'elle doit vivre tant que dure sa vie, et qu'elle doit en outre, après la fin de celle-ci, s'en aller vers ce qui lui est apparenté et assorti, se débarrassant ainsi de l'humaine misère. PLATON.

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