Devoir de Philosophie

La velléité : vouloir pouvoir.

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Monsieur Bayle dit que « si nous comptions bien, nous trouverions dans le cours de notre vie plus de velléités que de volitions, c'est-à-dire plus de témoignages de la servitude de notre volonté, que de son empire. Combien de fois un même homme n'éprouve-t-il pas qu'il ne pourrait faire un certain acte de volonté (par exemple, un acte d'amour pour un homme qui viendrait de l'offenser, un acte de mépris d'un beau sonnet qu'il aurait fait, un acte de haine pour une maîtresse, un acte d'approbation d'une épigramme ridicule. Notez que je ne parle que d'actes internes, exprimés par un « je veux », comme « je veux mépriser, approuver », etc.), y eût-il cent pistoles à gagner sur-le-champ, et souhaitât-il avec ardeur de gagner ces cent pistoles, et s'animât-il de l'ambition de se convaincre par une preuve d'expérience qu'il est le maître chez soi ? » — Les velléités ne sont qu'une espèce tort imparfaite de volontés conditionnelles. Je voudrais, si je pouvais, liberet, si liceret : et dans le cas d'une velléité, nous ne voulons pas proprement vouloir, mais pouvoir. C'est ce qui fait qu'il n'y en a point en Dieu, et il ne faut point les confondre avec les volontés antécédentes. J'ai assez expliqué ailleurs que notre empire sur les volitions ne saurait être exercé que d'une manière indirecte, et qu'on serait malheureux, si l'on était assez le maître chez soi pour pouvoir vouloir sans sujet, sans rime et sans raison. Se plaindre de n'avoir pas un tel empire, ce serait raisonner comme Pline, qui trouve à redire à la puissance de Dieu, parce qu'il ne se peut point détruire. G. W. Leibniz.

Liens utiles