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Le débarquement en Normandie

Publié le 17/01/2022

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6 juin 1944 - Lorsque, dans la soirée du 5 juin 1944, la BBC diffuse son message le plus célèbre de toute la guerre, les vers de Verlaine annonçant l'imminence du débarquement : " Les sanglots longs des violons de l'automne Blessent mon coeur d'une langueur monotone ", l'événement met soudain un terme à l'attente qui dure depuis des semaines de part et d'autre de la Manche. Car, à l'ouest, tout le printemps 1944 n'a été qu'une gigantesque veillée d'armes. Chez les deux adversaires, on a pleine conscience de l'immensité de l'enjeu. Pour Hitler, l'invasion annoncée déterminerait l'issue de la guerre. Les hauts responsables britanniques et américains, eux, ne cachent pas leur appréhension. Les risques encourus étaient énormes : à la mesure même de l'expédition. A vrai dire, celle-ci pouvait tourner au désastre de trois manières. La première calamité possible, c'était, comme pour toute opération amphibie, l'adversité des éléments. De fait, le 6 juin, la force des courants à Utah Beach, sur la côte du Cotentin, fait dériver les embarcations sur une plage autre que celle qui avait été prévue, cependant qu'aux deux ailes, autour de Sainte-Mère-Eglise et à l'embouchure de l'Orne, les vents violents déportent loin de leur destination nombre des parachutistes largués du ciel. A l'évidence, avec une machine de guerre aussi minutée et aux rouages aussi complexes, quelques heures de tempête et de mauvaise visibilité pouvaient tout compromettre. Autre source possible de catastrophe : le débarquement lui-même. La défense allemande ne serait-elle pas si meurtrière pour les assaillants en train de prendre pied sur la côte qu'ils seraient dans l'incapacité d'établir une tête de pont et devraient se cantonner en quelques points d'appui précaires d'où ils seraient vite délogés faute de soutien, puisque le gros de la flotte de débarquement, bloquée au large, ne pourrait mettre à terre les renforts prévus en hommes et en matériel ? C'est bien d'ailleurs de qui a failli se produire sur l'une des deux zones américaines de débarquement, à Omaha Beach, entre Saint-Laurent-sur-Mer et Vierville où, durant toute la matinée du 6 juin, les premières vagues d'assaut, rangers et fantassins mêlés, restent cloués sur la grève sous un feu d'enfer (l' " enfer d'Omaha " ), au point que le général Bradley, de son PC à bord du cuirassé Augusta, envisage d'ordonner l'arrêt de l'opération et le repli des premiers échelons débarqués. Une genèse longue et difficile Enfin, même dans l'hypothèse d'un débarquement réussi, l'on pouvait redouter que le commandement allemand ne montât avec ses divisions blindées une puissante contre-attaque qui percerait la ligne de front des assaillants et rejetterait ceux-ci à la mer, en un second Dunkerque plus humiliant et plus tragique que le premier. Certes, le plan allié d'invasion a été élaboré de façon aussi approfondie, aussi complète, aussi minutieuse que possible. Rien n'y a été laissé au hasard, et l'on s'est efforcé de tout prévoir, jusqu'au moindre détail. En ce sens, la préparation du débarquement constitue sans doute la plus gigantesque opération de planification militaire jamais mise en oeuvre. Mais, avant d'aboutir à l'unité de vues et d'action qui prévaut à peu près au printemps 1944, il aura fallu une trentaine de mois de négociations, de plans constamment révisés, de rassemblement du matériel, d'exercices et de répétitions sur terre, sur mer et dans les airs. C'est que s'affrontent là deux stratégies, deux conceptions de la bataille, deux philosophies de la guerre. Du côté des Américains, la doctrine régnante est celle de la guerre continentale et de la bataille frontale. A l'opposé, les Britanniques se sont faits les champions de la guerre de harcèlement et d'usure. La première tâche, selon eux, c'est d'affaiblir l'ennemi en multipliant les actions périphériques, partout où sont ses points faibles. De là la préférence des Anglais pour une stratégie méditerranéenne dirigée d'abord contre l'Italie maillon fragile de l'Axe. C'est pourquoi, alors que les américains avaient imaginé, au printemps 1942, d'effectuer un débarquement en France en avril 1943 avec 30 divisions américaines et 18 divisions britanniques, soit 1,5 million d'hommes transportés par 7 000 péniches de débarquement (opération " Round up " ), et même de lancer éventuellement, dès l'automne 1942, 5 divisions pour établir une tête de pont sur le continent européen afin de soulager l'armée rouge (opération " Sledgehammer " ), les Anglais avaient manoeuvré habilement pour faire écarter ces projets et leur substituer un débarquement en Afrique du Nord (c'est l'opération " Torch " en novembre 1942,) puis, après la conclusion victorieuse de la campagne de Tunisie, un débarquement en Sicile (opération " Husky " de juillet 1943), suivi de l'assaut donné à la péninsule italienne (débarquement de Calabre et de Salerne en septembre 1943). Mais au printemps 1943 s'est produit un tournant. L'obstruction britannique aux propositions américaines a dû cesser. Le plan d'un débarquement à l'ouest est adopté aux conférences anglo-américaines de Washington (mai 1943) et de Québec (août 1943). Confirmé lors du sommet Roosevelt-Churchill-Staline à Téhéran (novembre 1943), il se concrétise avec la nomination d'Eisenhower, quelques jours plus tard, à la tête de l'opération " Overlord " (nouveau nom donné à " Round up " ). Dès 1943, le choix pour " Overlord " s'était porté sur la Normandie. Trois contraintes en effet devaient être prises en compte : la nécessité de débarquer sur des plages (l'échec sanglant du raid contre Dieppe en 1942 avait enseigné qu'il était vain de s'attaquer à des ports transformés en forteresses) l'obligation d'opérer sur des côtes situées dans la limite du rayon d'action de la chasse basée en Angleterre, c'est-à-dire des bouches de l'Escaut au Cotentin (ce qui excluait la Bretagne) le besoin de disposer assez rapidement d'un port en eau profonde (Cherbourg, en l'occurrence). Les plages normandes offraient, par leur configuration et leur étendue, les facilités nécessaires pour conduire le premier assaut et amener rapidement des renforts, tandis que l'arrière-pays (dont on n'avait pas assez étudié le paysage de bocage propice à la défense) occupait une position géographique favorable à une grande manoeuvre de percée et d'encerclement de l'ennemi. Mais cette première version d' " Overlord " est jugée nettement insuffisante par Montgomery, nommé au début de 1944 à la tête du corps expéditionnaire. Le plan définitif comporte un débarquement sur une largeur de 80 kilomètres en cinq plages : Utah et Omaha à l'ouest pour les américain, Gold, Juno et Sword à l'est pour les Anglo-Canadiens. Il porte à cinq divisions l'effectif des troupes chargées de donner l'assaut par mer, avec trente divisions à amener par la suite. Enfin, le plan étoffe considérablement, aux ailes, les forces aéroportées-parachutistes et planeurs-de façon à verrouiller les deux extrémités de la tête de pont en empêchant les contre-attaques de flanc. Au total, il s'agit de mettre à terre, le jour J, 50 000 hommes, 1 500 chars, 3 000 canons, 2 500 véhicules tout terrain et 10 000 autres véhicules, l'ensemble devant être renforcé dans les quarante-huit heures de cinq autres divisions. Au bout de deux mois (J+60), la tête de pont doit avoir reçu deux millions d'hommes et deux millions de tonnes de matériel. Détail technique très important : alors que tout le dispositif allemand de défense a été établi en perspective d'un débarquement à marée haute (position et angle de tir des batteries, obstacles sur les plages, etc..), les alliées ont choisi de lancer leurs premières vagues d'assaut à mi-marée, ce qui va leur donner un avantage primordial. Trois atouts pour chacun A évaluer les chances des adversaires à la veille du jour J, on peut considérer que chacun d'eux dispose de trois atouts majeurs. Du côté allemand, le premier atout, c'est évidemment le mur de l'Atlantique. Côtes hérissées de blockhaus, de casemates, de canons et de nids de mitrailleuses, fossés antichars et chevaux de frise, mines et barbelés, marais et estuaires inondés (en Normandie, c'est le cas de la Dives, de la Vire, de la Taute), le tout constitue un formidable barrage contre les assaillants. En outre, depuis que Rommel a été nommé à la tête du groupe d'armées B (front de la Manche et de la mer du Nord), il a fait renforcer encore la " grande muraille de l'Ouest ", en particulier sur la côte normande, jugée insuffisamment équipée et où l'esprit intuitif de Hitler redoute un débarquement. En deuxième lieu, les dirigeants allemands comptent sur les armes secrètes. De fait, celles-ci sont prêtes à intervenir : " mines-huîtres ", ou mines à dépression, capables de jeter la perturbation sur les lignes de communication entre l'Angleterre et la tête de pont établie en France, et surtout bombes volantes, ou V1, destinés à dévaster Londres (les tirs commenceront effectivement le 12 juin en deux semaines, deux mille V1 seront lancés sur l'Angleterre et sa capitale). Enfin, les Allemands comptent sur leur supériorité terrestre : qualité du commandement, valeur de l'armement, capacité de manoeuvre, troupes entraînées et aguerries (alors que la plupart des soldats alliés affrontent le feu pour la première fois) plus encore, présence d'une puissante réserve de blindés-dix divisions de panzers stationnées en France et constituant une masse stratégique de première force. Néanmoins, à ces atouts les Alliés opposent leurs propres atouts, également au nombre de trois. Mais ce sont des atouts maîtres. En premier lieu, la maîtrise de la mer. Le 6 juin 1944, la Manche appartient à la marine alliée (80 % de navires britanniques, 20 % de navires américains). D'autre part, les Alliés cumulent avec la maîtrise de la mer celle de l'air. Aux 7 500 avions de la RAF et le l'USAF qui opèrent le 6 juin, la Luftwaffe ne peut opposer que 150 chasseurs en état de vol et autant de bombardiers sur tout le territoire de la France, de la Belgique et des Pays-Bas. Elle est, en fait, absente du ciel ce jour-là ainsi que les jours suivants, tandis que les bombardiers anglais et américains attaquent sans relâche défenses côtières, concentration de troupes et voies de communication, gênant par là considérablement l'arrivée des renforts. Enfin, le succès d' " Overlord " tient pour une large part à l'effet de surprise que les Alliés ont réussi à s'assurer jusqu'au bout. Grâce à une gigantesque opération d'intoxication (le plan " Fortitude " ), ils sont parvenus à faire croire à leurs adversaires que l'invasion se produirait au nord de la Seine, où étaient massées les meilleures troupes du Reich. Même après le débarquement de Normandie, les Allemands sont restés persuadés que ce n'était là qu'une opération de diversion, un préalable au véritable débarquement qui interviendrait là où ils l'avaient toujours escompté, c'est-à-dire de part et d'autre de l'estuaire de la Somme. D'où les incertitudes, les hésitations et la confusion qui marquent le 6 juin l'action de la Wehrmacht sur le terrain et qui viennent s'ajouter aux divergences, aux retards et aux carences enregistrés du côté de Hitler et du haut commandement au cours de cette journée décisive. Le résultat, c'est que, non seulement le deuxième front tant attendu est maintenant ouvert, mais que, pour la première fois depuis 1939, on peut entrevoir la fin de la guerre par la capitulation de l'Allemagne. En visite à Moscou en août 1942, Churchill, pour amadouer Staline, avait dessiné un crocodile et figuré les plans d'attaque anglo-américains par deux flèches : l'une dirigée contre son ventre mou (en Méditerranée), l'autre contre sa gueule hérissée de dents (le débarquement à travers la Manche). Au matin du 6 juin 1944, les alliés ont tenu parole : la deuxième bataille de France commence.

« 1943). Mais au printemps 1943 s'est produit un tournant. L'obstruction britannique aux propositions américaines a dû cesser.

Le plan d'un débarquement à l'ouest est adopté auxconférences anglo-américaines de Washington (mai 1943) et de Québec (août 1943).

Confirmé lors du sommet Roosevelt-Churchill-Staline à Téhéran (novembre 1943), il se concrétise avec la nomination d'Eisenhower, quelques jours plus tard, à la têtede l'opération " Overlord " (nouveau nom donné à " Round up " ). Dès 1943, le choix pour " Overlord " s'était porté sur la Normandie.

Trois contraintes en effet devaient être prises en compte :la nécessité de débarquer sur des plages (l'échec sanglant du raid contre Dieppe en 1942 avait enseigné qu'il était vain des'attaquer à des ports transformés en forteresses) l'obligation d'opérer sur des côtes situées dans la limite du rayon d'action de lachasse basée en Angleterre, c'est-à-dire des bouches de l'Escaut au Cotentin (ce qui excluait la Bretagne) le besoin de disposerassez rapidement d'un port en eau profonde (Cherbourg, en l'occurrence). Les plages normandes offraient, par leur configuration et leur étendue, les facilités nécessaires pour conduire le premier assautet amener rapidement des renforts, tandis que l'arrière-pays (dont on n'avait pas assez étudié le paysage de bocage propice à ladéfense) occupait une position géographique favorable à une grande manoeuvre de percée et d'encerclement de l'ennemi.

Maiscette première version d' " Overlord " est jugée nettement insuffisante par Montgomery, nommé au début de 1944 à la tête ducorps expéditionnaire.

Le plan définitif comporte un débarquement sur une largeur de 80 kilomètres en cinq plages : Utah etOmaha à l'ouest pour les américain, Gold, Juno et Sword à l'est pour les Anglo-Canadiens.

Il porte à cinq divisions l'effectif destroupes chargées de donner l'assaut par mer, avec trente divisions à amener par la suite.

Enfin, le plan étoffe considérablement,aux ailes, les forces aéroportées-parachutistes et planeurs-de façon à verrouiller les deux extrémités de la tête de pont enempêchant les contre-attaques de flanc. Au total, il s'agit de mettre à terre, le jour J, 50 000 hommes, 1 500 chars, 3 000 canons, 2 500 véhicules tout terrain et10 000 autres véhicules, l'ensemble devant être renforcé dans les quarante-huit heures de cinq autres divisions.

Au bout de deuxmois (J+60), la tête de pont doit avoir reçu deux millions d'hommes et deux millions de tonnes de matériel. Détail technique très important : alors que tout le dispositif allemand de défense a été établi en perspective d'un débarquement àmarée haute (position et angle de tir des batteries, obstacles sur les plages, etc..), les alliées ont choisi de lancer leurs premièresvagues d'assaut à mi-marée, ce qui va leur donner un avantage primordial. Trois atouts pour chacun A évaluer les chances des adversaires à la veille du jour J, on peut considérer que chacun d'eux dispose de trois atoutsmajeurs.

Du côté allemand, le premier atout, c'est évidemment le mur de l'Atlantique.

Côtes hérissées de blockhaus, decasemates, de canons et de nids de mitrailleuses, fossés antichars et chevaux de frise, mines et barbelés, marais et estuairesinondés (en Normandie, c'est le cas de la Dives, de la Vire, de la Taute), le tout constitue un formidable barrage contre lesassaillants.

En outre, depuis que Rommel a été nommé à la tête du groupe d'armées B (front de la Manche et de la mer duNord), il a fait renforcer encore la " grande muraille de l'Ouest ", en particulier sur la côte normande, jugée insuffisammentéquipée et où l'esprit intuitif de Hitler redoute un débarquement. En deuxième lieu, les dirigeants allemands comptent sur les armes secrètes.

De fait, celles-ci sont prêtes à intervenir : " mines-huîtres ", ou mines à dépression, capables de jeter la perturbation sur les lignes de communication entre l'Angleterre et la tête depont établie en France, et surtout bombes volantes, ou V1, destinés à dévaster Londres (les tirs commenceront effectivement le12 juin en deux semaines, deux mille V1 seront lancés sur l'Angleterre et sa capitale). Enfin, les Allemands comptent sur leur supériorité terrestre : qualité du commandement, valeur de l'armement, capacité demanoeuvre, troupes entraînées et aguerries (alors que la plupart des soldats alliés affrontent le feu pour la première fois) plusencore, présence d'une puissante réserve de blindés-dix divisions de panzers stationnées en France et constituant une massestratégique de première force. Néanmoins, à ces atouts les Alliés opposent leurs propres atouts, également au nombre de trois.

Mais ce sont des atoutsmaîtres.

En premier lieu, la maîtrise de la mer.

Le 6 juin 1944, la Manche appartient à la marine alliée (80 % de naviresbritanniques, 20 % de navires américains).

D'autre part, les Alliés cumulent avec la maîtrise de la mer celle de l'air.

Aux 7 500avions de la RAF et le l'USAF qui opèrent le 6 juin, la Luftwaffe ne peut opposer que 150 chasseurs en état de vol et autant debombardiers sur tout le territoire de la France, de la Belgique et des Pays-Bas.

Elle est, en fait, absente du ciel ce jour-là ainsi. »

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