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LE METIER ET LA VOCATION D’HOMME POLITIQUE DE MAX WEBER

Publié le 08/03/2014

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weber

Max Weber est né à Erfurt en Allemagne dans une famille protestante.Son père est un représentant du parti libéral-national.Après des études poursuivies aux universités de Heidelberg et de Berlin,Max Weber commence à enseigner le droit dans la capitale allemande puis se tourne vers l’économie.Tout en menant une activité politique marginale et parfois celle de journaliste,il s’oriente vers la philosophie méthodologique.En 1905 parait un ouvrage qui va faire grand bruit L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme.Puis il élabore d’importants travaux de sociologie économique, de sociologie religieuse,de sociologie juridique,etc.,dont certains ne parurent qu’après sa mort.Il participe volontairement à la première guerre mondiale.Adversaire de Guillaume II,il est convaincu de la nécessité de l'Etat Nation, combat l'antisémitisme, l'anti-européanisme et la démagogie, et adhère au parti social-démocrate en 1918. Il revint à l’université de Munich en 1919 pour y enseigner la sociologie, mais il meurt l’année suivante d’une pneumonie.De ces dernières années datent également des écrits important tels que l’étude sur la neutralité axiologique et les deux conférences sur la vocation du savant et la vocation du politique, discours prononcés devant les étudiants de Munich en 1919. 

Economiste et fondateur de la sociologie allemande, Max Weber considère la sociologie comme une science « compréhensive « et « empirique « de l'activité sociale dont l'idéal type est l'outil conceptuel le plus approprié.Ses ouvrages les plus célèbres sont L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme,Economie et société,Etude sur la neutralité axiologique et le savant et le politique. 

Ce dernier ouvrage est le recueil de deux conférences faîtes à Munich : le métier et la vocation de savant (Wissenschaft als Beruf) et le métier et la vocation d’homme politique (politik als Beruf).Nous allons nous intéresser ici à la deuxième partie de ce livre. 

 

1) Résumé du discours Le métier et la vocation d’homme politique : 

 

A) L’Etat: 

1) L’Etat contemporain détient le monopole de la violence légitime : 

Pour Max Weber ce qui définit un groupement politique est le moyen spécifique qui lui est propre : la violence physique. Cette violence fonde le groupement politique, l’Etat : « tout Etat est fondé sur la violence « disait Trotski. Sans elle il n’y aurait pas d’Etat et on tomberait dans « l’anarchie « c'est-à-dire dans un état de trouble, de désordre. De tout temps la violence physique a été considérée comme le moyen normal du pouvoir dans les groupements politiques, « à commencer par la parentèle «.Mais ce qui caractérise l’Etat contemporain c’est qu’il est le seul détenteur de la violence légitime (ceci grâce au processus d’expropriation que l’on va expliqué plus bas): il détient « le monopole de la violence légitime « écrit Weber.En effet lui seul peut donner à un groupement politique le droit de faire appel à la violence : il est « l’unique source du « droit « à la violence «.Autrement formulé,l’Etat contemporain est l’unique source du droit au moyen normal du pouvoir et donc l’unique source du pouvoir.Ainsi Max Weber définit la politique comme « l’ensemble des efforts que l’on fait en vue de participer au pouvoir ou d’influencer la répartition du pouvoir «. 

2) L’Etat est un rapport de domination jugé légitime : 

L’homme politique aspire donc au pouvoir et l’Etat est « un rapport de domination de l’homme sur l’homme fondé sur le moyen de la violence légitime.« Or il ne peut y avoir de domination, et donc d’Etat, que si les dominés acceptent de se soumettre à d’autres hommes. Autrement dit, l’Etat existe si et seulement si ce rapport est jugé légitime par les dominés.Cette remarque conduit Max Weber à établir une typologie des rapports de domination en fonction des éléments qui la légitime. 

 « Le pouvoir traditionnel « repose sur le respect de la coutume et de la tradition, sur ce que Weber appelle « l’autorité de l’éternel hier «. C’est le type de domination qu’exerçaient le patriarche ou le seigneur terrien. 

 « Le pouvoir charismatique « (qu’exercent par exemple le chef de guerre, le prophètes, le grand démagogue ou le chef d’un parti politique) est l’autorité fondée sur le charisme d’un chef .Ce dernier exerce un pouvoir magnétique sur ses sujets qui sont prêts à le suivre dans n’importe quelle situation car ils ont foi en lui. En effet, le chef passe pour être « intérieurement appelé au rôle de conducteur d’hommes « : il possède la vocation d’homme politique. La domination charismatique est donc légitimée par le caractère exceptionnel du chef. 

 « Le pouvoir rationnel légal « est l’autorité basée sur le caractère universel et impersonnel de règles établies rationnellement.Elle s’impose « en vertu de la légalité « c'est-à-dire en vertu de la croyance d’un statut légal du pouvoir. Ce pouvoir est celui « des serviteurs de l’Etat moderne «, des hommes politiques de l’Etat moderne. 

3) Le processus d’expropriation des moyens de domination donne naissance à l’Etat moderne : 

Toute entreprise de domination exige : 

Des moyens matériels de gestion nécessaires le cas échéant à l’application de la force physique,et qui assurent donc la stabilité du régime. 

Un état-major administratif qui veille à ce que « l’activité des sujets s’oriente en fonction de l’obéissance due aux maîtres «, en d’autres termes une administration qui assure la continuité entre le pouvoir politique et l’activité des dominés.Son obéissance est fondée sur une rétribution matérielle et sur l’honneur sociale. 

Autrefois l’Etat major administratif possédait les moyens financiers.Le groupement politique était alors organisé selon le principe des ordres.Le pouvoir était partagé entre l’Etat souverain et une aristocratie indépendante. Le développement de l’Etat moderne a comme origine la volonté du souverain d’exproprier les puissances privées indépendantes des biens matériels afin de détenir le monopole de la violence légitime et donc d’avoir seul le pouvoir. Ce processus d’expropriation s’est fait grâce à une bureaucratisation de l’organisation étatique.Ainsi à l’époque de Weber, l’Etat major est coupé des moyens de gestion, aucun soutien du pouvoir ne peut le concurrencer car les fonctionnaire sont dépendants de l’Etat. 

 

B) Démocratisation et bureaucratisation du pouvoir : 

1) Professionnalisation du politique : 

Max Weber fait une distinction entre deux façons de faire la politique : « on peut vivre « de « la politique ou « pour « la politique «.Cette distinction repose sur des critères purement économiques.En effet pour faire de la politique le sens de sa vie ,et vivre donc pour elle, il faut être économiquement indépendant des revenus que pourrait lui procurer la politique (ne pas considérer la politique comme une source de revenus comme celui qui vit « de « la politique) et économiquement disponible,c'est-à-dire ne pas être obligé d’occuper une partie de son temps et de ses capacités à sa subsistance et donc ne pas faire de la politique de manière secondaire.Or, pour Max Weber, seuls les rentiers peuvent théoriquement ne vivre que « pour « la politique.Ainsi lorsqu’un groupement politique n’est dirigé que par des hommes vivants exclusivement pour la politique, ce groupe est une ploutocratie c'est-à-dire un régime où le pouvoir n’appartient qu’aux riches. L’Etat moderne tend à une démocratisation économique de la politique : en donnant des revenus aux hommes politiques, ces derniers peuvent faire de la politique leur profession principale et l’accès au pouvoir politique s’ouvre à d’avantage de couches sociales.On assiste alors à une professionnalisation des politiques qui peuvent ainsi vivre pour et de la politique. 

2) Bureaucratisation des partis politiques : 

Cette démocratisation est étroitement liée à l’évolution des partis politiques.En effet devant la nécessité d’organiser les masses , « de cohésion plus ferme à l’intérieur des partis « ,les partis politiques deviennent des « entreprises «,des « machines « possédants un corps de fonctionnaires, « des fonctionnaires « politiques « «On assiste donc à une bureaucratisation de ces groupes politiques.Les partis de notables disparaissent peu à peu au profit de « permanents « qui définissent le programme à l’intérieur du parti, programme que devront suivre les élus parlementaires. Ainsi le chef politique, qui est essentiel ici, est celui que « la machine « pourra suivre, soutenir. Dans les partis politiques contemporains le charisme du chef est donc primordial.Le chef du parti politique est, comme l’écrit Weber, « un démagogue moderne « c'est-à-dire un individu qui n’hésite pas à faire usage du discours et du verbe pour être suivi par les partisans.Ainsi, pour le sociologue allemand la démocratie moderne est un mélange entre une bureaucratie forte (rationalité) et des chefs plébiscités (charisme). Les chefs fixent les buts, la bureaucratie dispose des moyens pour les atteindre. 

Max Weber nous présente les différentes formes que revêt cette évolution en Angleterre, aux Etats-Unis et en Allemagne. 

3) Face à ce phénomène de bureaucratisation, à cette apparition de « fonctionnaires politiques « il est indispensable de distinguer les hommes politiques des fonctionnaires : 

La vocation du « véritable fonctionnaire « est le fait d’administrer de manière non partisane, il ne doit donc pas faire de la politique.Il doit appliquer sans ressentiment ce que le chef politique lui dit de faire comme s’il s’agissait de sa propre volonté : il doit appliquer la tâche « sans ressenti ni parti pris «.Contrairement à l’homme politique, le fonctionnaire ne peut et ne doit pas combattre puisque le principe de responsabilité lui est étranger.En effet il doit exécuter consciencieusement un ordre sous la responsabilité de l’autorité supérieure c'est-à-dire du chef politique : en aucun cas il n’est responsable de ses actes. Ce dévouement, cette discipline du fonctionnaire est indispensable sinon la machine étatique, s’il s’agit de fonctionnaire d’Etat, ou celle du parti, s’il s’agit de fonctionnaire du parti, s’écroulerait. 

(A noter que le journaliste est un type d’homme politique mais qu’il ne pourra jamais être un chef politique.) 

 

C) La vocation politique : 

1) Les qualités de l’homme politique : 

Selon Max Weber, pour que l’homme politique soit digne du pouvoir qu’il exerce et donc de la responsabilité que ce pouvoir lui impose, il doit posséder trois qualités : 

 « La passion « : il doit se mettre au service d’une cause et se dévouer à elle. 

 « Le sentiment de la responsabilité « qui oriente l’action du politique 

 « Le coup d’œil « : le détachement, le politique doit savoir prendre de la distance. 

2) L’ethos de l’homme politique: 

A la fin de son discours Max weber veut définir l’éthique -c’est à dire un système de valeur personnellement construit, contrairement à la morale, issue de la culture- 

de l’homme politique. Le politique peut être guidé par deux sortes d’éthiques « totalement différentes et irréductiblement opposées « : 

Son activité peut s’orienter selon « l’éthique de conviction «.Le politique influe alors sur la direction du groupement politique en fonction de ce qu’il croit bon.La conscience du politique qui agit selon sa conviction est irréfutable, dans la mesure où son seul objectif est de rester, quoi qu’il en coûte, fidèle à lui-même.L’homme politique se dévoue donc entièrement à sa cause sans se soucier des conséquences de son action. Or, les conséquences des actes vont généralement à l’encontre de la fin poursuivie. Max Weber nous donne l’exemple du syndicaliste dont l’action accroît les chances de la réaction, celui du pacifiste qui sans le vouloir favorise la victoire du plus fort.Pour Max Weber l’éthique de conviction est de toute manière vouée à l’échec puisque les moyens utilisés pour arriver au but poursuivi peuvent aller à l’encontre de la conviction de celui qui agit.Ainsi les révolutionnaires condamnent, au nom de la morale, la politique de force mais l’utilisent lorsqu’ils refusent les buts de leurs adversaires 

L’activité du politique peut s’orienter en fonction de « l’éthique de la responsabilité «.Le politique prend en compte les conséquences de son action et interprète l’action en terme de moyens fins,pour reprendre le vocabulaire d’Aron.Ainsi seul compte le résultat : le politique qui agit n’hésitera pas à utiliser des moyens réprimés par la morale s’ils sont indispensables à la réalisation de son objectif.Max Weber cite d’ailleurs Machiavel, le citoyen florentin qui a préféré « la grandeur de « sa «cité au salut de « son « âme «, « la fin justifie les moyens « écrivait d’ailleurs le conseiller du prince. 

3) Vers une action politique raisonnable : 

Selon Max Weber, l’action politique doit suivre une voie raisonnable en procédant à un juste compromis entre éthique de responsabilité et éthique de convictions.En effet, seul l’homme qui possède ces deux éthiques peut prétendre à la vocation politique :« L’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l’une l’autre et constituent ensemble l’homme authentique c’est-à-dire un homme qui peut prétendre à « la vocation politique « «. 

 

2) Analyse critique : 

Différence entre la conception du pouvoir et de l’Etat entre Max Weber et Hannah Arendt: 

Dans son discours, Max Weber assimile le pouvoir à la violence.Or s’inscrire dans cette logique revient à accepter implicitement l’idée selon laquelle la violence n’est rien d’autre que la manifestation la plus évidente du pouvoir. Pour Hannah Arendt, cette logique est erronée car elle ne considère l’Etat et la politique que sous l’angle de la domination et de l’oppression. Or, l’Etat n’est pas toujours une machine oppressive. Il est donc nécessaire de distinguer le pouvoir de la violence. Pour parvenir à cette fin, Hannah Arendt trace une ligne de démarcation entre le pouvoir et la violence. 

Pour elle, « le pouvoir a toujours besoin de s’appuyer sur la force du nombre tandis que la violence peut s’en passer dans une certaine mesure, du fait que pour s’imposer, elle peut avoir recours à des instruments «. L’exemple classique d’un système violent basé sur un petit nombre peut être perçu à travers les régimes tyranniques qui ont sévi dans certains pays par la force sans demander aux populations leurs avis. Ces régimes sont généralement soutenus par un faible nombre d’individus. Leur force émane de la violence et de la passivité des individus. 

Toutefois il est bon de placer ces deux intellectuels dans leurs contextes : Max Weber n’a pas connu le nazisme puisqu’il meurt en 1920 à la différence de l’allemande juive Hannah Arendt qui a tenté de le combattre et qui l’a analysé ainsi que le régime totalitaire stalinien (cf. Des origines du totalitarisme 1951) 

 

Ordre bureaucratique et système totalitaire : 

Pour Weber, l’Etat moderne met en œuvre les règles universelles du droit à travers l’administration bureaucratique- qui est la forme pratique de la domination légale rationnelle.La norme légale rationnelle représente l’ensemble des règles de droit d’une société.Elle signifie que l’on n’obéit plus à une personne mais à un ordre immanent,impersonnel et universel.Cette norme est mise en place par une administration bureaucratique.Cette forme de domination est consubstantielle à la modernité,elle est inévitable dans un monde désenchanté,sécularisé,où règne l’autonomie du sujet rationnel. 

Au XXème siècle, le phénomène totalitaire tel que le décrit Hannah Arendt confirme et infirme à la fois la conception légale rationnelle de l’Etat de Weber, en développant à l’extrême le contrôle bureaucratique et la mainmise sur les consciences mais en abdiquant aussi du caractère public de l’Etat dans le sens où il y a destruction de toute séparation public-privé indispensable à la pensée moderne (annihilation du privé au public et disparition de l’espace public lui même par sa totalisation) 

 

La bureaucratie en France : 

Max Weber insiste ici sur le processus de bureaucratisation qu’a connu l’occident afin de donner un pouvoir au sommet qui fixe les règles.Ainsi aujourd’hui le nombre de fonctionnaires en France est très important :le 31 juin 2004 on dénombrait ainsi un peu plus de 2,3 millions de personnes par les ministères,administrations centrales et déconcentrées.Or par rapport au 31 décembre 2003 on remarque une baisse globale de 12 000 fonctionnaires.Cette diminution d’effectif est un objectif des politiques qui souhaitent réduire l’effectif de la fonction publique.En effet pour ces derniers,la bureaucratie française aurait une trop faible productivité.De plus les démarches administratives sont jugées trop fastidieuses et longues,c’est pour cette raison que les politiciens ont la volonté de réformer l’appareil administratif pour alléger les procédures. Il semble qu’on assiste aujourd’hui à un processus contraire à celui que nous décrit Weber.Les politiciens français partagent donc la même défiance envers la bureaucratie que Weber et ne souhaite pas l’apparition d’un «régime de fonctionnaires « , régime « politiquement faux (…) lorsqu’on se place au point de vue de l’efficacité politique « 

De plus, la tendance de toute bureaucratie est de centraliser la fixation des règles et leur application.En France il s’agit du « jacobinisme «.Pour éviter cette tendance, le principe de subsidiarité a été édicté.On remarque en effet un processus de décentralisation des pouvoir et de déconcentration.Un nouveau processus d’expropriation se produit du pouvoir central vers les régions. 

Cependant les fonctionnaires sont indispensables puisqu’ils assurent la continuité entre l’Etat et les citoyens et veillent à l’intérêt général. 

 

Le devoir d’obéissance des fonctionnaires a des limites : 

Pour Max Weber le fonctionnaire doit faire ce que lui ordonne l’autorité supérieure « même si -au mépris de son propre avis- elle s’obstine à suivre une fausse voie « .Ainsi pour le sociologue, quelle que soit la situation dans lequel se trouve le fonctionnaire ce dernier doit obéir au chef politique. Il est vrai que dans des régimes où les droits des citoyens sont respectés ce devoir d’obéissance des fonctionnaires est indispensable. Cependant, quand le chef politique ordonne au fonctionnaire d’accomplir une tâche qui va à l’encontre de l’intérêt public on peut se demander s’il n’est pas du devoir de ce dernier de refuser d’accomplir cet acte. Le rôle de la fonction publique est d’assurer un service public, c’est à dire une activité considérée comme étant d'intérêt général. Ainsi il semble que l’on ne puisse réduire le fonctionnaire au simple état de pantin du chef politique puisque sa fonction principale est d’être le garant de l’intérêt général.C’est pourquoi, en France l’art. 28 de la loi n°83.634 du 13/07/83 indique que le fonctionnaire "doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public."Le fonctionnaire a donc un devoir de non obéissance dans des cas exceptionnels. 

Ainsi, dans des régimes autoritaires ou totalitaires il est du devoir des fonctionnaires de ne pas exécuter les ordres de leur supérieurs.On ne peut donc pas, par exemple, considérer que les fonctionnaires de Vichy n’étaient pas responsables de leurs actes car ils auraient dus désobéir.On ne peut considérer que le policiers ayant participé au vélodrome d’hiver du 16 juillet 1942-en arrêtant 12 884 Juifs dont 4051 enfants et 5802 femmes- n’étaient pas responsables de ces faits. 

Néanmoins, il est encore une fois bon de se référer au contexte du discours : Max Weber fait ce discours en 1919, soit bien avant l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler au pouvoir en 1933.C’est pour cette raison que ce devoir d’insoumission lui est étranger. En effet la règle d’obéissance ne sera atténuée qu’après la seconde guerre mondiale. 

 

 

L’éthique wébérienne dans le débat public aujourd’hui: 

La distinction de Weber entre « éthique de responsabilité « et « éthique de conviction « fait désormais florès dans le débat public.Le 12 décembre 2002 , Jean-François Mattei, Ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sous le gouvernement Raffarin s'y est notamment référé à l'occasion de la discussion du projet de loi bioéthique : «il apparaît que toute législation sur les techniques biomédicales appliquées à l'homme, qu'il s'agisse de génie génétique, de procréation médicalement assistée, d'expérimentation humaine, tombe évidemment sous le coup de l'éthique de la responsabilité. Il y a urgence à légiférer "ici et maintenant" sous peine de ne pas assumer le devoir de responsabilité «. 

Ainsi, l’analyse de Weber retrouve une actualité dans la pratique actuelle des politiques de précaution.En effet, appliquer le principe de précaution, c’est d’abord intégrer la notion d’incertitude dans le processus de décision et donc tenir compte des risques hypothétiques que pourrait causer l’action politique.On observe cette politique dite de précaution dans les domaines de l’environnement et surtout dans celui de la santé publique. Ainsi, de multiples incertitudes ont marqué la crise de la vache folle : le passage de la barrière d’espèce, le mode de contamination, l’évaluation des risques d’atteinte de la population humaine. Mais ce qui conduit le politique à prendre en compte ces risques hypothétiques, c’est la gravité et l’irréversibilité du dommage que leur occurrence produirait.D’ailleurs le philosophe Hans Jonas (1903-1993) écrit qu’il faut agir « de façon que les effets de la décision ne soient pas destructeurs pour la possibilité future de la vie «.Le concept de précaution correspond donc à une nouvelle éthique politique inspiré de la double éthique wébérienne qui est le compromis entre l’éthique de la responsabilité et celle de la conviction.

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