Devoir de Philosophie

Le mot "huile" chez René DESCARTES

Publié le 18/08/2010

Extrait du document

descartes

 

LES METEORES, DISCOURS PREMIER, DE LA NATURE DES CORPS TERRESTRES.

 au lieu que, si elles sont simplement posées l’une sur l’autre, sans être que fort peu ou point du tout entrelacées, et qu’elles soient avec cela si petites, qu’elles puissent être mues et séparées par l’agitation de la matière subtile qui les environne, elles doivent occuper beaucoup d’espace, et composer des corps liquides fort rares et fort légers, comme des huiles ou de l’air.

  LES METEORES, DISCOURS SECOND, DES VAPEURS ET DES EXHALAISONS.

 Et aussi, lorsque l’eau se glisse dans leurs pores, elle peut souvent les en dégager et les emporter en haut avec soi, en même façon que le vent, passant au travers d’une haie, emporte les feuilles ou les pailles qui se trouvent entrelacées entre ses branches ou plutôt comme l’eau même emporte vers le haut d’un alambic les petites parties de ces huiles que les alchimistes ont coutume de tirer des plantes sèches, lorsque les ayant abreuvées de beaucoup d’eau, ils distillent tout ensemble, et font par ce moyen que le peu d’huile qu’elles contiennent monte avec la grande quantité d’eau qui est parmi ;

 car en effet, la plupart de celles-ci sont toutes les mêmes qui ont coutume de composer les corps de ces huiles.

 Et qu’entre les médiocres, les unes participent de la nature des sels volatils, et les autres de celle des huiles, ou plutôt des fumées qui en sortent lorsqu’on les brûle.

 Et encore que la plupart de ces exhalaisons ne montent en l’air que mêlées avec les vapeurs, elles ne laissent pas de pouvoir aisément par après s’en séparer, ou d’elles-mêmes, ainsi que les huiles se démêlent de l’eau avec laquelle on les distille, ou aidées par l’agitation des vents qui les rassemblent en un ou plusieurs corps, en même façon que les villageoises, en battant leur crème, séparent le beurre du petit lait, ou même souvent aussi par cela seul que se trouvant plus ou moins pesantes et plus ou moins agitées, elles s’arrêtent en une région plus basse ou plus haute que ne font les vapeurs.

 Et d’ordinaire les huiles s’élèvent moins haut que les eaux-de-vie, et celles qui ne sont que terre encore moins haut que les huiles.

  LES METEORES, DISCOURS TROISIEME, Du sel.

 ainsi qu’on l’éprouve assez par les huiles, ou autres liqueurs grasses, dont nous avons dit que les parties avaient d’autres figures ;

 qui peut soudre l’or, et que les Alchimistes nomment l’esprit ou l’huile de sel.

  LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S’ALLUMENT EN L’AIR.

 comme on y voit au haut ces étoiles qui le traversent, et au bas, tant ces ardents ou feux follets qui s’y jouent que ces autres qui s’arrêtent à certains corps, comme aux cheveux des enfants, ou aux crins des chevaux, ou aux pointes des piques qu’on a frottées d’huile pour les nettoyer, ou à choses semblables.

 dont la raison est qu’ils ne sont composés que des plus molles et plus gluantes parties des huiles, nonobstant que les plus vives et plus pénétrantes des sels concourent ordinairement aussi à les produire.

  LES METEORES, DISCOURS HUITIEME, DE L’ARC-EN-CIEL.

 A quoi il faut maintenant ajouter qu’il y a des huiles, des eaux-de-vie, et d’autres liqueurs, dans lesquelles la réfraction se fait notablement plus grande ou plus petite qu’en l’eau commune, et qui ne sont pas pour cela moins claires et transparentes.

  L’HOMME.

 ainsi que la chaleur de certaines lampes fermées, dont se servent les alchimistes, peut être modérée en plusieurs façons, selon qu’on ouvre plus ou moins, tantôt le conduit par où l’huile ou autre aliment de la flamme y doit entrer, et tantôt celui par où la fumée en doit sortir.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 70.

 Et bien que le mot d’exhalaisons soit général, je ne le prends néanmoins maintenant que pour signifier des parties de la matière du troisième élément, séparées et agitées, comme celles des vapeurs ou des esprits, mais qui sont fort déliées et divisées en plusieurs branches fort pliantes, en sorte qu’elles peuvent servir à composer tous les corps gras et les huiles.

 Ainsi, encore que les eaux, les sucs corrosifs et les huiles soient des corps liquides, il y a néanmoins cette différence que leurs parties ne font que ramper et glisser l’une contre l’autre, au lieu que ces mêmes parties, lorsqu’elles composent des vapeurs, des esprits ou des exhalaisons, sont tellement séparées et agitées qu’on peut dire qu’elles volent.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 76.

 enfin quelquefois elles s’assemblent presque toutes seules, à savoir lorsque leur agitation est si faible que leur pesanteur est suffisante pour faire qu’elles se pressent les unes les autres, au moyen de quoi elles composent les huiles qu’on trouve en quelques endroits dans les mines.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 77.

Mais lorsque ces exhalaisons, jointes aux plus subtiles parties des esprits, sont trop agitées pour se convertir ainsi en huile, et qu’elles se rencontrent sous terre en des fentes ou concavités qui n’ont auparavant contenu que de l’air, elles y composent une fumée grasse et épaisse qu’on peut comparer à celle qui sort d’une chandelle lorsqu’elle vient d’être éteinte.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 103.

 car si ces branches étaient un peu longues, elles se lieraient les unes aux autres, et ainsi composeraient de l’huile.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 116.

 mais il me semble qu’en un lieu souterrain, qui est si exactement clos de tous côtés que l’air n’y est jamais agité par aucun vent qui vienne du dedans ou du dehors de la terre, les parties de l’huile qui se changent en fumée et de fumée en suie, lorsqu’elles s’arrêtent et s’attachent les unes aux autres, se peuvent arrêter tout autour de la flamme d’une lampe et y composer comme une petite voûte qui soit suffisante pour empêcher que l’air d’alentour ne vienne suffoquer cette flamme ;

 et aussi pour la rendre si faible et si débile qu’elle n’ait pas la force d’enflammer aucune des parties de l’huile ni de la mèche, si tant est qu’il en reste encore qui n’aient point été brûlées ;

 au moyen de quoi le premier élément demeurant seul en cette flamme, à cause que les parties de l’huile qu’elle contenait se sont toutes peu à peu attachées à la petite voûte de suie qui l’environne, et tournant en rond là-dedans en forme d’une petite étoile, a la force de repousser de toutes parts le second élément qui seul tend encore à venir vers la flamme par les pores qu’il s’est réservés en cette voûte, et ainsi d’envoyer de la lumière en l’air d’alentour ;

 mais à l’instant qu’il est ouvert, et que l’air qui vient de dehors dissipe la petite voûte de fumée qui l’environnait, elle peut reprendre sa vigueur et faire paraître la lampe assez ardente, bien que peut-être elle s’éteigne bientôt après, à cause qu’il est vraisemblable que cette flamme n’a pu ainsi se conserver sans aliment qu’après avoir consumé toute son huile.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 121.

 Les dernières, ou celles qui sortent avec plus de difficulté des corps durs et secs, sont les huiles ;

 Mais on a coutume de tremper ces corps dans une grande quantité d’eau commune, dont les parties qui sont unies et glissantes s’insinuent fort aisément dans leurs pores et en détachent peu à peu les parties des huiles, en sorte que cette eau, montant par après par l’alambic, les amène tout entières avec soi.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 143.

 comme, au contraire, afin qu’il se refroidisse lentement et devienne plus mou, on le trempe dans de l’huile ou dans quelque autre liqueur grasse.

  Correspondance, année 1633, AU R. P. MERSENNE, Mars 1633. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 avril 1632.).

 car je me suis occupé à faire diverses expériences, pour connaître les différences essentielles qui sont entre les huiles, les esprits ou eaux-de-vie, les eaux communes et les eaux fortes, les sels, etc.

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).

Pour la nature des huiles, encore que je n’aie pas employé vingt ans à en faire des expériences, ainsi que vous mandez de Monsieur de la Brosse, je crois pourtant en avoir assez fait pour ne devoir pas craindre de m’être mépris ;

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 24 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 1er mars 1638).

 car l’huile de térébenthine, qui est plus légère que l’eau, l’a beaucoup plus grande ;

 et l’esprit de l’huile de sel, qui est plus pesante, l’a aussi un peu plus grande.

 

descartes

« LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.

70. Et bien que le mot d'exhalaisons soit général, je ne le prends néanmoins maintenant que pour signifier des parties de la matière dutroisième élément, séparées et agitées, comme celles des vapeurs ou des esprits, mais qui sont fort déliées et divisées en plusieursbranches fort pliantes, en sorte qu'elles peuvent servir à composer tous les corps gras et les huiles. Ainsi, encore que les eaux, les sucs corrosifs et les huiles soient des corps liquides, il y a néanmoins cette différence que leursparties ne font que ramper et glisser l'une contre l'autre, au lieu que ces mêmes parties, lorsqu'elles composent des vapeurs, desesprits ou des exhalaisons, sont tellement séparées et agitées qu'on peut dire qu'elles volent. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.

76. enfin quelquefois elles s'assemblent presque toutes seules, à savoir lorsque leur agitation est si faible que leur pesanteur estsuffisante pour faire qu'elles se pressent les unes les autres, au moyen de quoi elles composent les huiles qu'on trouve en quelquesendroits dans les mines. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.

77. Mais lorsque ces exhalaisons, jointes aux plus subtiles parties des esprits, sont trop agitées pour se convertir ainsi en huile, etqu'elles se rencontrent sous terre en des fentes ou concavités qui n'ont auparavant contenu que de l'air, elles y composent unefumée grasse et épaisse qu'on peut comparer à celle qui sort d'une chandelle lorsqu'elle vient d'être éteinte. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.

103. car si ces branches étaient un peu longues, elles se lieraient les unes aux autres, et ainsi composeraient de l'huile. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.

116. mais il me semble qu'en un lieu souterrain, qui est si exactement clos de tous côtés que l'air n'y est jamais agité par aucun vent quivienne du dedans ou du dehors de la terre, les parties de l'huile qui se changent en fumée et de fumée en suie, lorsqu'elless'arrêtent et s'attachent les unes aux autres, se peuvent arrêter tout autour de la flamme d'une lampe et y composer comme unepetite voûte qui soit suffisante pour empêcher que l'air d'alentour ne vienne suffoquer cette flamme ; et aussi pour la rendre si faible et si débile qu'elle n'ait pas la force d'enflammer aucune des parties de l'huile ni de la mèche, sitant est qu'il en reste encore qui n'aient point été brûlées ; au moyen de quoi le premier élément demeurant seul en cette flamme, à cause que les parties de l'huile qu'elle contenait se sonttoutes peu à peu attachées à la petite voûte de suie qui l'environne, et tournant en rond là-dedans en forme d'une petite étoile, a laforce de repousser de toutes parts le second élément qui seul tend encore à venir vers la flamme par les pores qu'il s'est réservésen cette voûte, et ainsi d'envoyer de la lumière en l'air d'alentour ; mais à l'instant qu'il est ouvert, et que l'air qui vient de dehors dissipe la petite voûte de fumée qui l'environnait, elle peutreprendre sa vigueur et faire paraître la lampe assez ardente, bien que peut-être elle s'éteigne bientôt après, à cause qu'il estvraisemblable que cette flamme n'a pu ainsi se conserver sans aliment qu'après avoir consumé toute son huile. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.

121. Les dernières, ou celles qui sortent avec plus de difficulté des corps durs et secs, sont les huiles ; Mais on a coutume de tremper ces corps dans une grande quantité d'eau commune, dont les parties qui sont unies et glissantess'insinuent fort aisément dans leurs pores et en détachent peu à peu les parties des huiles, en sorte que cette eau, montant paraprès par l'alambic, les amène tout entières avec soi. LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art.

143. comme, au contraire, afin qu'il se refroidisse lentement et devienne plus mou, on le trempe dans de l'huile ou dans quelque autreliqueur grasse. Correspondance, année 1633, AU R.

P.

MERSENNE, Mars 1633.

(Les. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles