Le prince Extrait du Ch XVIII « comment les princes doivent tenir leur parole. »
Publié le 21/07/2010
Extrait du document
«
ceci.
Le loup cherchant à attaquer le renard mais qui ne pourrait contré la puissance du lion.
Machiavel au traversde cette image insiste donc encore une fois sur la nature mauvaise de tout Homme et donc du danger omniprésentque représentent ceux ci pour le prince.
Ainsi l'esprit du renard sera nécessaire pour contrer la sagesse d'esprit desrivaux mais ceci doit être associé nécessairement à la puissance qui induit l'usage de la violence pour la mise enaction de la stratégie pensée par l'esprit.
On peut aussi comprendre dans cet enseignement de Machiavel au prince,un message justifiant la nécessité du rôle du philosophe auprès du prince, le prince détenant la puissance et lephilosophe la ruse de l'esprit.
On comprend donc par cette formulation la justification de l'œuvre même de Machiavelqui est une transmission du savoir du philosophe afin que le prince puisse usé de la ruse tel un renard en plus de sapuissance.
Il y a donc une volonté de persuader le prince de l'utilité du rôle du philosophe qui pourrait être ici celuide Machiavel auprès de lui au travers de cette allégorie.
Il insisterait donc en écrivant que « Ceux qui s'en tiennenttout simplement à être lions sont très malhabiles ».
Il s'agit d'une phrase affirmative qui nommerait par le pronom «ceux » tout prince n'usant pas de la sagesse d'esprit et donc n'usant pas de ce que le philosophe détient ettransmet par ses écris comme c'est le cas dans Le prince.
Machiavel formule donc ici une condamnation des princesne disposant que de leur puissance sans user de la ruse que celui ci détient et l'occurrence en les décrivant comme« malhabiles » c'est à dire non habiles et donc dépourvus d'adresse et d'intelligence.
Il va donc au delà de lapersuasion, il formule une réelle critique de ceux ci.
Selon Machiavel « Un prince bien avisé ne doit point accomplirsa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible », il se place encore une fois en conseillé du prince quidéfinit ce qu'est un prince «bien avisé » et donc agissant avec réflexion, il sous entend donc qu'il détient laconnaissance de ce que doit faire un prince intelligent ce qui réaffirme sa réelle ambition de donner une leçon depolitique.
Machiavel en déclarant cela, se détache de toute notion de moral, pour lui ce qui doit être pris en compteest le fait que quelque chose soit « nuisible » ou non au prince et donc à son pouvoir.
La finalité prime donc sur laloyauté qu'engage une promesse.
C'est cela qui fera de l'auteur, un des premier de la philosophie moderne car il nevise pas le bien, le beau, le vrai mais la conquête et la conservation du pouvoir et cela indépendamment de touteidée de moral.
On peut dire que selon Machiavel, la fin justifie les moyens et donc que seul la finalité compte.
Si «les raisons qui l'ont déterminé à promettre n'existent plus », le prince n'est alors pas tenu de tenir sa promesse carseul les éléments qui permettront au prince d'atteindre son objectif de conquête comptent et doivent justifier lesactes du prince « tel est le précepte à donner » et rien d'autre ne doit être pris en compte.
Machiavel justifie cetteomission de la morale et de la notion de bien dans les actes du prince par la nature profondément mauvaise de touthomme et donc des adversaires qu'il rencontrera.
« si les gens étaient tous gens de biens » il n'exprimerait pas untel précepte « mais comme ils sont méchants, et qu'assurément ils ne vous tiendraient point leur parole, pourquoidevriez-vous leur tenir la votre? ».
Ainsi il indique au prince que nul n'est loyal et honnête et que le mal est centralen politique.
Par conséquent toute conception morale est proscrite du monde politique et le prince devra agir sanss'en soucier.
Machiavel a donc une vision très pessimiste du politique.
Par ce constat selon lequel il y a un écartentre les idées et les faits politiques qui se vérifie en particulier vis à vis du problème de la fidélité à la paroledonnée, Machiavel réaffirme sa perspective réaliste et non idéaliste par opposition à la conception philosophiqueclassique.
Pour lui la valeur suprême réside dans l'efficacité du politique.
Machiavel interroge son lecteur « un princepeut il manquer de raisons légitimes de colorer l'inexécution de ce qu'il a promis? ».
Il s'agit d'une question rhétoriquetoujours dans l'objectif de convaincre le prince des idées qu'il expose.
Par cette question il montre l'évidence selonlaquelle le prince n'a pas besoins de raisons considérées comme « légitimes » pour justifier de ses actes car il estcelui qui détient le pouvoir.
Le terme « prince » vient du latin princeps qui signifie « le premier de l'État », il est doncjudicieusement choisi pour mettre en valeur toute la puissance que l'auteur veut lui donner.
De plus ce terme peutêtre employé quelque soit le pays ou l'époque, le message de Machiavel a donc une portée universel et il met enévidence par cette question rhétorique toute la grandeur du prince qui se place au dessus des justificationslégitimes dans un monde politique où le mal est central.
Machiavel appuie cette argumentation par la mise enévidence d'une « infinité d'exemples modernes » de « l'infidélité des princes » dans « un très grand nombre de traitésde paix, d'accords de toute espèces ».
Il montre alors que tout gouvernant que l'on peut qualifier comme « prince »et donc digne de cette dénomination par l'auteur qui manifeste de toute leur grandeur ont été infidèles à leurspromesses.
Il met alors en valeur ce manquement à leur paroles et l'assimile même « à ceux qui ont su le mieux agiren renard » et donc ceux « qui ont le plus prospéré ».
Il revient donc sur cette allégorie qui est celle du renard pourqualifier le prince qui manquerait à ses paroles.
Ainsi il va jusqu'à une mise en valeur de cette infidélité en l'assimilantà la ruse d'une renard.
Ce serait donc une preuve d'intelligence de ne pas se montrer loyal dans un monde où le malest omniprésent.
La tromperie et le mensonge entrent donc dans la stratégie que Machiavel a mis en place pour leprince car ce dernier n'a pas à attendre d'être trompé pour être trompeur et doit prendre des précautions dans unmonde où les hommes sont des êtres méchants au caractère passionnel.
De ces constats selon lequel l'Homme a une nature de bête et méchante, Machiavel montre ainsi donc que le Princedevra user de la ruse pour mettre en place une stratégie judicieuse.
« Mais pour cela ce qui est absolumentnécessaire, c'est de savoir posséder parfaitement l'art de « simuler » et dissimuler ».
Ainsi Machiavel effectue ici unerupture entre être et paraître.
Selon lui si certaines qualités sont indispensables au prince, il n'est pas nécessaire deles avoir mais il est nécessaire de paraître les avoir.
La politique ne serait alors qu'un jeu de rôle où le prince rusédevra joué son rôle de prince au yeux du peuple en usant de tromperies et de mensonges.
Il devra alors « simuler »c'est à dire faire paraître comme réel une chose qui ne l'est pas et « dissimuler » donc cacher ce qu'il a à cacher enl'occurrence sa nature mauvaise et bestiale.
Ainsi on a avec Machiavel une importance accordée au peuple et àl'image qu'on lui renvoie.
Il estime que celui ci est « aveugle » et qu' «un trompeur trouve toujours quelqu'un qui selaisse tromper ».La foule est donc myope selon l'auteur face à l'élite clairvoyante qui domine.
Le peuple ne fait quepercevoir et le prince peut jouer sur son affectivité, son émotivité par un jeu de séduction car il ne voie pas, il estinfluencer par ses émotions ce qui le rend dupe.
Le prince peut donc « tromper » le peuple en usant de sa malice etsauver les apparences morales qui ont un effet politique important.
Machiavel développe donc une réelle théorie dujeu dans laquelle faire de la politique c'est savoir se mettre en scène mais aussi connaître son public.
Le prince ne.
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