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Le Rouge et le Noir : Livre II, Chapitre 16

Publié le 21/07/2010

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Ce n’est pas sans raison que le sous-titre du R&N est Chronique de 1830. En effet, en tant qu’écrivain réaliste, Stendhal s’est fixé pour objectif de rendre compte le mieux possible de sa société, c’est-à-dire celle de la restauration. Tout au long du roman, Stendhal dépeint à travers les yeux du plébéien ambitieux Julien Sorel une société gérontocratique divisée en castes où l’ascension sociale est particulièrement ardue.    Bien que réaliste, l’œuvre phare de Stendhal a également des aspects extrêmement romantiques notamment par certaines facettes de la personnalité de Julien. Sensible, intellectuel et incompris, il a à priori tout du héros emblématique du romantique. Cependant, le personnage est plus complexe et montre clairement, au fil du livre, un côté extrêmement arriviste et manipulateur.  Crédule et empoté mais près à tout pour réussir, Julien apparaît finalement comme une sorte de Candide moderne déambulant dans un monde injuste et cruel qui ne lui correspond pas. Le Rouge et le Noir est en quelque sorte un roman d’apprentissage dans lequel le protagoniste découvre les rouages de la société et fait l’expérience de la désillusion et la lucidité.    Le roman est divisé en deux livres. Cette séparation indique une rupture : tandis que le premier met en scène la petite bourgeoisie et la noblesse provinciale, le second livre montre les tribulations de Julien à Paris et offre une peinture du milieu aristocratique de la capitale.  Chacun est axé sur la conquête d’une femme, qui joueront toutes deux un rôle essentiel dans l’ascension sociale de Julien. Il y a une véritable opposition entre les personnalités de ces deux femmes et donc entre les relations qu’elles entretiendront avec le protagoniste. Le passage que nous allons étudier se situe dans le chapitre 16 du second livre. Il s’agit de la conquête de Mathilde de la Mole, jeune fille froide issue de la noblesse parisienne cherchant à échapper à l’ennui.    Dès la première phrase, la tonalité est donnée: « Il fit une reconnaissance militaire et fort exact «. On observe la présence du champ lexical de la guerre : la conquête de Mathilde est loin d’être un plaisir, c’est un devoir « Il s’agit de mon honneur « et il la voit comme un ennemi à abattre : en effet, pour lui la conquête de Mathilde de la Mole est une revanche social et une manière de cajoler son ego : Il est terriblement fier qu’une jolie femme si haut placée dans la société s’entiche d’un roturier comme lui. Bien entendu s’était déjà la cas avec Mme de Renal mais ses sentiments pour elle était extrêmement ambigu : il est difficile de déterminer ce qui prime entre amour et ambition. Ses sentiments pour Mathilde en revanche son très clair dans notre extrait : « (il) n’avait aucun enthousiasme «, « il n’avait pas d’amour du tout «…Il ne la considère que comme une fille issu de milieu aristocratique et l’utilise pour parvenir a une revanche social : elle est la cristallisation des nantis, de tout ce qu’il méprise mais rêve d’obtenir. L’enjeu est accentué par le fait qu’il est un vrai rival : l’idée que Mathilde puisse le préférer à Croisenois flatte énormément son orgueil, cet homme possédant tout ce dont il rêve. Cette conquête est un défi qu’il s’est lancé à lui-même. De plus, la peur est particulièrement présente « De sa vie, Julien n’avait eu autant peur «. Mathilde est mal à l’aise : tout deux ne savent pas quoi se dire.  On constate beaucoup de points communs entre Mathilde et Julien. C’était déjà le cas entre Mme de Rénal et Julien : Mme de Rénal ont en commun leur naïveté, leur fragilité, leur enthousiasme, leur coté « jeune fille « : tandis que Mathilde et Julien ont en commun leur admiration pour Bonaparte, leur soif de gloire, leur besoin d’être différent. Ces deux femmes, dans deux livres, correspondent chacune à un des deux visages de Julien et a une étape. Leur conversation banale, embarrassée et dépourvu d’intérêt crée un décalage avec les scènes d’amour traditionnelles : Quand un Roméo couvre sa Juliette de mots doux , de métaphore de promesses éternelle, de compliment avec un ton emphatique et grandiloquent, Julien lui ne sait pas quoi dire, ne sait pas comment se comporter, est rassuré d’être éconduit, trouve pas de sujet de conversation. La chute est burlesque et ridicule : ce débat sur l’échelle est loin de ce qu’on est habitué à voir dans les scènes romantiques. Les deux personnages sont un peu ridicules : on discerne l’ironie Stendhalienne. Toutes les précisions donne un coté un peu décalé à la scène : c’est le point de vu de Jucien, il mène une expédition militaire, tous les détails comptent. Il n’est pas du tout obnubilé par sa bien-aimé. Cette scène est facilement rapprochable de la scène du balcon : il y a des similitudes et des différences.

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