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Le travail peut-il nécessairement nous humaniser ?

Publié le 22/07/2010

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travail

Mais en quoi plus précisément le travail est-il spécifiquement humain ? Selon  Marx, le travail est l’essence de l’homme. C’est en transformant la nature qu’il obtient le développement de ses facultés physiques et intellectuelles. En effet il explique dans Le Capital que ce que les animaux font de manière plus parfaite que l'homme, relève de l'instinct, tandis que ce que l'homme produit relève de l'esprit. La vision du travail pour l’homme a une origine idéelle, c'est-à-dire qu’il y a un projet, une anticipation sur ce travail, à la différence de l’animal. Le travail provient donc bien de l’homme et non de l’instinct. Il y a un investissement. De ce fait, l’animal n’anticipe pas son travail le fait de manière répétitive, car c’est son instinct qui le pousse. Tandis que l’homme est perfectible dans son travail : il cherche l’amélioration, le développement et la nouveauté. Ce qui l’amène à progresser dans son travail, notion inconnue chez l’animal. Kant dirait aussi dans Réflexions sur l’éducation que par le travail, l’homme échappe à l’ennui et accède à sa propre humanité. 

 Nous avons donc vu le travail sous un aspect que l’on peut considérer de « positif « car il permet à l’homme d’entrer dans un rang social, s’insérer dans une société, ce qui est le signe d’une unité. Nous avons aussi vu le travail comme une caractéristique propre à l’homme, une capacité qu’il a acquise et qu’il a appris à perfectionné. Paradoxalement, nous allons étudier dans cette deuxième partie, en quoi le travail n’est pas une caractéristique unique à l’homme, puis nous analyserons les limites du travail dans la société et les répercutions qu’il peut y avoir sur l’homme.  L’étymologie latine du travail suggère l’idée de souffrance : Tripalium, désigne en effet un instrument de torture à 3 pieds. Cette idée de souffrance repose en effet sur trois traditions : la tradition grecque, où le travail est une activité rapportée à l’animalité et à l’esclavage, la tradition de la Bible qui va associer le travail à la peine et le châtiment : L’Eternel dit a Adam « tu travailleras à la sueur de ton front « et « tu accoucheras dans la douleur « à Eve. Et la tradition romaine oppose le domaine du travail (negotium) à celui du loisir (otium). En définitive, l’idée de travail a toujours rimé avec l’idée de souffrance de l’homme et l’esclavage, soit un acte totalement inhumain.  Marx critique en effet l’idée qu’un homme n’ai pas le contrôle de son propre corps et de ses idées et faisant dans Les Manuscrits de 1844, la critique du travail, en montrant la société industrielle du XIXe siècle, associé au Fordisme et au Taylorisme. En effet, il décrit des ouvriers totalement éreintés par des tâches pénibles ou répétitives et sans aucune qualification. Les choses ont évolué, dans les pays occidentaux notamment, mais reste toujours ce qui peut s'appeler « aliénation par le travail «. Le travailleur n'intervient pas dans les décisions sur son mode de travail, imposé par l'entreprise, les machines, le rendement et la concurrence, ni sur les objets à produire qui lui restent extérieurs et en lesquels il ne se reconnaît pas nécessairement. C'est le travail lui-même qui devient un simple moyen de subsister à ses besoins. Or cela devrait être l'activité qui le sort, l'élève au-dessus du monde des besoins. Il y a donc aliénation, au sens où l'homme devient étranger à lui-même et à ses facultés les plus nobles. Or, cela revient à dire que cette forme moderne du travail déshumanise l’homme. Le travail unit les hommes entre eux, toutefois il contribue à leur division. Au XIXe siècle Adam Smith évoque les avantages de la division du travail. Il estime que l’intérêt personnel favorise l’intérêt collectif. Cette théorie a changé le rapport des individus face au travail. Ceci a contribué à diviser les hommes. Ainsi au cours du XXe siècle, on a pu voir les conséquences désastreuses de la division du travail. Avec Henry Ford qui alourdi le travail des ouvriers et qui a coupé le lien qui les unissait. Taylor a ajouté à ce mode de production le « one best way «, le meilleur moyen de produire. C’est ainsi que le travail est apparu comme « l’aliénation de l’homme par l’homme «  Mais l’humanité se caractérise-t-elle vraiment par le fait qu’elle est la seule espèce à travailler ? Même si Marx dirait que le travail est l’essence de l’homme, il n’est pas le seul à exploiter cette activité. En effet, les animaux aussi possèdent ce don qui pour eux, est de l’ordre de l’acquis. Prenons l’exemple d’une fourmilière : Les fourmis sont socialement organisées en castes, avec des ouvrières, des soldats, des nourrices et des individus sexués. Chacune d’entre elles remplit des fonctions bien précises à l’intérieur de la fourmilière. Les animaux travaillent donc aussi, ce n’est donc pas nécessairement le travail qui a humanisé l’homme.

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