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Les Bourses mondiales subissent un « krach lent »

Publié le 17/01/2022

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11 septembre 2001 Lundi 17 septembre, après la reprise dans des conditions techniques et psychologiques très difficiles des cotations à Wall Street, les financiers étaient rassurés. La forte baisse attendue à New York ne s'était pas transformée en mouvement de panique. Galvanisés par les appels répétés au patriotisme, les boursiers avaient limité les dégâts « pour ne pas donner une autre victoire aux terroristes ». Cinq jours plus tard, le constat est tout autre. Le choc des attentats, la perspective inéluctable d'une récession et d'une guerre ont traumatisé les investisseurs. « Le rebond patriotique n'a pas tenu longtemps », souligne Larry Wachtel, responsable de la salle des marchés de Prudential Securities. « Nous assistons à des ventes massives sous le coup de l'émotion. Chaque jour qui passe apporte son lot de licenciements et de craintes sur la croissance. L'économie s'est vraiment arrêtée. Et puis, il y a la peur », ajoute-t-il. Pour les boursiers aussi, le monde n'est plus tout à fait le même depuis le 11 septembre. Contrairement aux précédents historiques des lundi 19 octobre 1987 et jeudi 29 octobre 1929, il ne s'agit pas d'un krach soudain, d'une journée « noire », mais d'une succession de fortes baisses sur toutes les places financières tout au long d'une semaine marquée par la crainte. A New York, au lendemain de six jours de fermeture après les attaques, l'indice Dow Jones et le Nasdaq ont perdu en cinq séances respectivement 14 % et 16 %. Il s'agit de la plus mauvaise performance hebdomadaire à Wall Street depuis octobre 1932. Plus de 1 200 milliards de dollars (près de 1 304 milliards d'euros) de capitalisation boursière sont partis en fumée. Les cours sont revenus à leurs niveaux de 1998. Depuis le 10 septembre, Paris a cédé 17 %, Francfort 19 % et Londres 12 %. Vendredi, peu avant l'ouverture de Wall Street, le CAC 40 abandonnait plus de 7 % avant de limiter finalement ses pertes à un peu plus de 2 %. Les financiers ont perdu tout repère, et l'or et le franc suisse, traditionnelles valeurs refuges, étaient en hausse tout au long de la semaine. Ni le discours de George Bush devant le Congrès ni celui prononcé un peu plus tôt par Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) devant le Sénat n'ont rassuré... au contraire. Le président des Etats-Unis a promis une « campagne longue », ce que les commentateurs ont immédiatement traduit par difficile et incertaine. M. Greenspan, qui s'exprimait pour la première fois depuis le 11 septembre, n'a pas réussi à réconforter sur l'avenir. Plus de 100 000 licenciements ont été annoncés entre lundi et vendredi. « Les derniers chiffres dont nous disposons montrent que les dépenses de consommation semblent avoir diminué notablement. Les compagnies aériennes et l'industrie du voyage ont subi des réductions sévères de leurs activités, a expliqué M. Greenspan. Le choc du 11 septembre a le potentiel, en accroissant l'incertitude, de provoquer un désengagement des consommateurs et des investisseurs. » Les économistes sont unanimes aujourd'hui pour annoncer une récession. Selon le cabinet Blue Chips Economic indicators, le consensus des experts s'attend à une contraction de l'économie se prolongeant au moins jusqu'à la fin de l'année. Les analystes consultés par le groupement national des économistes d'entreprise (NABE) arrivent à la même conclusion. Pour éviter que le trou d'air ne se prolonge, que Wall Street continue à baisser et à amplifier ainsi la perte de confiance des ménages, le gouvernement américain et la Fed devraient encore agir dans les prochains jours. La plupart des analystes attendent que la Réserve fédérale abaisse une nouvelle fois le loyer de l'argent le 2 octobre, lors de la prochaine réunion de son comité de politique monétaire. Lundi, peu avant la réouverture de Wall Street, la banque centrale américaine avait réduit ses taux d'intérêt pour la huitième fois depuis le début de l'année. A 3 %, le loyer de l'argent au jour le jour se trouve désormais à son plus bas niveau depuis plus de sept ans. La Fed n'a cessé par ailleurs lors des derniers jours d'injecter des liquidités dans le système financier, pour plus de 350 milliards de dollars. COMMANDES SUPPLÉMENTAIRES Le président George W. Bush a annoncé jeudi soir dans son discours qu'un accord sera trouvé avec les parlementaires pour soutenir l'activité. « Nous allons ensemble prendre des mesures pour renforcer l'économie américaine et remettre les gens au travail », a-t-il déclaré. Après avoir remboursé aux ménages 40 milliards de dollars d'impôts, le gouvernement étudie un programme de relance comportant de nouvelles baisses des prélèvements fiscaux. D'ores et déjà, 40 milliards de dollars ont été débloqués sous forme d'aides à la ville de New York et de financements supplémentaires pour le FBI, les agences de renseignements et l'armée. Environ 15 milliards de dollars devraient être aussi distribués aux compagnies aériennes au bord de la faillite. Les économistes s'attendent aussi à une augmentation sensible, de plusieurs dizaines de milliards de dollars, des commandes aux industries de la défense. Ces mesures n'auront pas beaucoup d'impact tant que les consommateurs et les investisseurs n'auront pas retrouvé un peu de confiance. « Des événements traumatisants du passé, comme l'assassinat du président Kennedy et la guerre du Golfe, peuvent donner quelques indications limitées. La confiance s'était effondrée avant de se redresser en quelques mois », explique Bruce Steinberg, économiste en chef de Merrill Lynch. « Mais ces événements ne sont pas comparables à une attaque contre des civils sur le territoire américain faisant des milliers de morts », ajoute-t-il.

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