LES Nibelungen

Quels chants, quelles épopées commencent au IVe peut-être, au Ve siècle encore d'être repris dans le nord de l'Europe pour conter les exploits et la mort de Siegfried ? Qu'était l'épopée dont il ne reste rien que le titre Ältere Not ? C'est dans les pays scandinaves, en Allemagne, en Islande ­ des documents en attestent la présence aux IXe et Xe siècles ­ que des récits distribuent alors les rôles essentiels de cette légende de Siegfried. Au début du Ve siècle les Burgondes ­ qui ont pu survivre à l'extermination que les Huns leur ont infligé dans la région de Worms et qui ont pu rejoindre la " Bourgogne " ­ citent les noms de leurs rois morts dans un texte nommé la loi Gombette. Les noms cités dans la Chanson des Nibelungen ­ composée quelques années après le début du XIIIe siècle en 3379 strophes de quatre vers ­ ne sont guère différents. De quels autres faits terribles et sanglants, de quels autres meurtres, de quelles autres trahisons cette chanson est-elle la mémoire ? De quelle abjection du temps mérovingien garde-t-elle la trace ? La légende des Nibelungen appartient aux confins où règne le brouillard, territoire qui n'est guère différent du royaume des morts. Presque oubliée au XVIIe et au XVIIIe siècles, cette légende ­ où le destin et les passions démesurées s'affrontent ­ recommence de fasciner le temps romantique. La Tétralogie de Richard Wagner qui n'est représentée dans toute sa dimension qu'après l'achèvement du théâtre de Bayreuth en 1876, en est la dernière exaltation.