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Les Spectres Au Theatre [Dom Juan, Macbeth, Les Aveugles]

Publié le 13/03/2011

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Dans de nombreuses pièces de théâtre, les spectres et autres créatures énigmatiques ont été utilisés afin de symboliser des hantises, craintes, ou autres sentiments internes du personnage principal. Dans ce corpus de texte, deux auteurs emploient la figure du spectre dans leurs œuvres théâtrales dont le dramaturge William Shakespeare, dans sa pièce Macbeth, et Molière dans Dom Juan. Les spectres apportent donc un message aux spectateurs ou aux lecteurs de l’œuvre, mais que représentent symboliquement les spectres dans les textes de Macbeth et de Dom Juan ? Dans un premier temps, nous étudierons le symbole des spectres dans la pièce de Shakespeare puis dans celle de Molière.

                Tout d’abord, Macbeth raconte l’histoire d’un général d’une armée qui assassina son roi pour prendre le pouvoir. Toutefois, afin que la prophétie de trois sorcières ne se réalise, Macbeth fait tuer son ami Banquo dont les sorcières avait prédit qu’il engendrerait une lignée de rois. Ainsi, dans cet extrait de la pièce, les trois sorcières invoquent des spectres. Ceux-ci ne sont pas n’importe qui, comme le précisent les didascalies, ce sont « Huit rois [et] Banquo « (l.6-7). Les spectres des rois représentent la lignée de descendants de Banquo qui étaient donc destinés à devenir des rois, nous pouvons le savoir grâce à la phrase « Tu ressembles à l’ombre de Banquo « (l.8). La liste ne semble plus vouloir se terminer et accentue la stupeur de Macbeth, nous le voyons par l’énumération « Un troisième « (l.11), « un quatrième ! « (l.12) et « un septième ! « (l.14). Ils sont parés des insignes de la royauté comme l’indiquent les mots « couronne « (l.9), « cercle d’or « (l.10), « globes [et] sceptre « (l.17). Ils représentent donc une justice, car c’est un juste retour des choses puisque que le général voulait empêcher que cela ne se produise. Ensuite, Macbeth dit « voila Banquo, tout souillé du sang de ses plaies, qui me sourit et me les montre comme siens « (l.19), il est rongé par les remords et la culpabilité d’avoir commis ces crimes. Il est donc puni moralement par les sorcières qui disent d’ailleurs aux rois « affligez son cœur « (l.4) puis physiquement lorsqu’il dit « Ta couronne brûle mes yeux dans leur orbite « (l.9). Il est aveuglé par la royauté. 

Donc, dans la pièce de Macbeth, les spectres représentent le remord, la culpabilité et la justice.

                Ensuite, le corpus nous présente les scènes finales de la pièce de Dom Juan dans lesquels le personnage éponyme s’apprête à mourir. Il y a dans la première scène un seul spectre mais qui prend plusieurs formes. En premier lieu, le spectre apparait, comme le dit les didascalies en « femme voilée « (l.0). Il incarne la bonté divine puisqu’il est envoyé par le Ciel comme l’indique le groupe nominal « la miséricorde du Ciel « (l.2). Le spectre offre une chance à Dom Juan de se repentir comme le montre « s’il ne se repent ici « (l.2). Le spectre de femme voilée représente aussi toutes les femmes qui ont été déshonorées par le personnage car Dom Juan dit « Je crois connaitre cette voix « (l.5), comme un retour de son passé.  Ainsi, le spectre symbolise sous cette forme la justice et la miséricorde. Toutefois, l’être étrange se transforme et apparait comme « le Temps avec sa faux a la main « (l.8), comme le précisent les didascalies. Ceci est une allégorie qui représente le temps qui passe et qui mène inéluctablement à la mort, représentée par la faux.

Dans la seconde scène, il y a le personnage de la statue qui n’est pas immatérielle. Toutefois, c’est également un personnage mandaté par le Ciel puisqu’elle dit « les grâces du Ciel que l’on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre « (l.23). Elle est donc au courant que Dom Juan n’avait pas accepté la miséricorde du Ciel en refusant de se repentir. Contrairement au spectre de la scène précédente, la statue n’annonce pas à Dom Juan un ultime avertissement mais prononce le jugement qui est donc la mort comme le dit la statue « une mort funeste « (l.22). Les didascalies précisent ensuite ce qu’il arrive au personnage qui tombe dans une abime. La statue symbolise donc le jugement.

Donc dans la pièce de Dom Juan, les spectres représentent le pardon et la justice mais aussi le jugement et la mort.

 

 

 

Pour l'extrait de Macbeth, les spectres symbolisent le remord et la culpabilité qui rongent Macbeth, car Banquo apparaît "souillé du sang de ses plaies". Ils représentent aussi une certaine justice, car ce sont les descendants de Banquo qui défilent avec les insignes de la royauté. Macbeth est puni moralement (les sorcières ordonnent aux rois "d'affliger son coeur") et presque physiquement, puisque les feux de la couronne l'aveuglent.L'amertume doit être d'autant plus vive pour lui que chacun des monarques ressemble à son aïeul.  Quant au spectre de Dom Juan, je pense qu'il symbolise là aussi une sorte de punition, un juste retour des choses. Je me demandais si  le fait qu'il prenne la figure du temps montrait le caractère inexorable de la vieillesse et de la mort, qui rattrapent tout le monde, y compris les jouisseurs? Le spectre a aussi, ici, un caractère divin, puisqu'il se réfère au ciel.

2) Je dirais que la présence de spectres apparait problématique car contrairement à Molière et Shakespeare, Maeterlinck ne donne aucune indication sur la nature de l'entité présente: on n'a pas de didascalies qui la décrivent, et les répliques des personnages ne contiennent aucune indication sur son apparence, puisque ceux ci sont aveugles. Le mystère est donc conservé quant à la nature de la personne (ou de la chose) présente au milieu des aveugles, ce qui donne une atmosphère confuse et un peu oppressante, renforcée par l'emploi du "ils" et de l'adjectif "étrange", la terreur de l'enfant, les silences qui seuls répondent aux questions des aveugles, et enfin l'exclamation finale, qui laisse supposer une entité implacable, terrifiante (la mort?) Je dirais donc que la présence peut être qualifiée de spectrale et surnaturelle, même si elle n'est pas décrite.

 

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