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L'histoire du vote

Publié le 01/11/2012

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histoire

L’entretien et la transformation de l’ordre politique. L’ordre politique n’est pas quelque chose de figer. De même, dans un ensemble de pays donné, les régimes politiques ainsi que les institutions politiques peuvent être changé en fonction des rapports de force entre différents groupes sociaux. Néanmoins, il ne s’agit pas de rabattre le droit sur la lutte des classes mais de dire qu’au sein même des élites, il y a des groupes ayant des intérêts divergents et s’affrontant autour de la définition de la loi. C’est le cas de Charles Beard qui montre que la Constitution des Etats-Unis est le produit d’un rapport de force entre différentes fractions des élites américaines de l’époque. C’est aussi le cas aussi de Brigitte Gaïti qui nous montre que la Constitution de la Vème République est le produit de rivalités fortes au sein de l’Etat et entre différentes fractions des élites économiques, intellectuelles… Une grande partie de la lutte se joue dans la capacité à mobiliser des groupes sociaux extérieurs au jeu politiques et dans la capacité à entretenir l’ordre politique. On distingue différentes formes de participation à la vie politique : le vote (formes de participation les plus légitimes), manifestation, grèves… (formes de participation les moins légitimes) On distingue le vote et la manifestation. Chapitre 3 : La participation électorale : Tous les régimes politiques tendent à mettre en avant un modèle idéal qui s’accompagne d’une
forte contrainte à se conformer au modèle du parti. Cela se fait dans les régimes autoritaires mais aussi dans les régimes démocratiques : conception du citoyen idéal qui est celui d’un individu susceptible de se faire une idée par soi même et de l’exprimer par le vote. Cependant, les sciences sociales apportent un certain nombre de démentis en montrant en quoi le comportement des individus, notamment leur comportement politique n’est pas dénué de détermination sociale échappant à l’individu. Il n’est donc pas tant l’électeur rationnel qu’on voudrait qu’il soit. Ainsi, les sciences sociales sont alors soupçonnées d’être anti-démocratiques même si elles contribuent à la démocratie et qu’elles participent à la libération d’un individu de tout ce qui pourrait l’empêcher d’agir de manière rationnelle.   I.   L’invention du suffrage universel : Le suffrage universel est devenu une habitude et l’acte de voter se fait sans y penser. Il n’y a que dans des cas exceptionnels où l’on constate que le vote n’est pas quelque chose qui va de soi ; où l’on constate que c’est une construction sociale, une série de constructions matérielles. Ex : élection du président George W Bush qui à quelques milliers bulletins près a montré que le vote est le résultat d’un ensemble d’opérations humaines. Alain Garrigou s’est intéressé à l’histoire de l’apparition du suffrage universel, des pratiques de vote du XIXème au 20ème siècle. Ainsi, il nous explique que le vote est
un long apprentissage social. En effet, au XIXème siècle, il existait une série de manuels pour apprendre aux électeurs comment voter. Ainsi, le nombre de citoyens à voter se multiplie avec l’extension progressive du suffrage universel. De plus, au XIXème siècle, l’académie des sciences a établi que si on avait instauré le suffrage universel masculin, il aurait fallu trop de temps pour compter les voix que ce suffrage était voué à l’échec. La proclamation des résultats (comptage des bulletins) n’a pu être faite dans des délais raisonnables qu’à partir des années 1914. Avant il faut attendre plusieurs jours pour connaitre le résultat du scrutin. Aujourd’hui, il semble relativement naturel que les opérations de vote se déroulent dans des écoles ou dans des endroits qui nous apparaissent comme neutres politiquement. Cependant au XIXème siècle, il n’y avait pas autant d’écoles et celles-ci n’étaient pas perçues comme neutres politiquement car elles incarnaient la politique de la République. Ainsi, au début de la IIème république, le vote se déroule dans des lieux qui nous paraissent surprenants aujourd’hui : la caserne, la brasserie, les abattoirs… Il faudra donc que l’administration de la République rappelle aux maires des communes que le bureau de vote ne doit pas être un lieu privé. A l’instauration du suffrage universel, les électeurs ne savaient généralement ni lire ni écrire. Or, au départ, le bulletin n’est qu’un bout de papier blanc sur lequel
l’électeur était chargé d’inscrire le nom de son candidat. Ce premier dispositif a généré de nombreuses irrégularités. C’est alors que les candidats vont prendre l’initiative d’imprimer les bulletins pour éviter les fraudes. Ainsi, tout ce qui constitue les modalités électorales est le fruit d’un long travail.   II. L’invention de l’électeur rationnel : Ce modèle a été imposé par trois modèles : autonomisation, individualisation et politisation. Comme le montre Alain Garrigou, les premières élections au suffrage universel enregistrent les relations sociales à la fois dans leur déroulement et dans leur résultat. Le vote n’est pas une activité que l’on exerce seul ou en secret. Effectivement, en 1848, les journaux décrivent des communes qui arrivent au chef lieu de canton, là où l’on vote, avec drapeau et tambours et avec à la tête le maire et le curé ; en d’autres termes sous forme de procession. On en déduit donc que le vote est loin d’être un acte individuel ayant une portée nationale, c’est un acte collectif ayant une portée locale. La plupart de ces individus ne sont pas en mesure de se représenter le déroulement de la politique telle qu’elle se fait à Paris. Ainsi, le dispositif du vote conduit à ce que l’individu soit soumis au contrôle social du groupe auquel il appartient. Ceci se fait notamment par la procédure de l’appel qui consiste à ce que chaque individu est appelé à voix haute par ordre alphabétique pour déposer son bulletin dans
l’urne devant tout le monde. De ce fait, il continue de s’exercer sur l’électeur une pression sociale et une influence qui fait que le vote n’est pas l’expression libre et secrète ainsi qu’une opinion indépendante. On assiste à une individualisation du vote par rapport au groupe immédiat avec l’apparition de l’isoloir (1914) qui va être une évolution importante. En effet, c’est un dispositif essentiel qui assure le secret du vote et permet à l’électeur de se cacher de son groupe social et de se soustraire aux pressions sociales. De plus, l’enveloppe qui entoure le bulletin qui permet aussi le secret... Le vote devient un acte LIBRE, INDIVIDUEL. Politisation : le vote va devenir l’expression d’une opinion spécifiquement politique. Les tendances partisanes, le nom et le visage des candidats est étrangers aux électeurs paysans du XIXème faute de pouvoir disposer de la presse, faute de pouvoir mettre en relation ce qu’il se passe à Paris et leur situation locale, faute de pouvoir lire la presse… C’est le processus de politisation qui permet aux électeurs de se prononcer politiquement parlant. Section 1 : L’orientation des comportements politiques : L’orientation des comportements politiques est au fondement de la science politique notamment avec le tableau d’André Siegfried. Les choix qui apparaissent libres et rationnels sont déterminés selon un certain nombre de régularités qui sont l’objet de la science politique.   I. La formation d’une
préférence politique :   A. La socialisation : Voir Premier Semestre   B. La politisation : Le terme de politisation a différentes significations ( C’est le processus historique continu par lequel les professionnels de la politique ont réussi à imposer leur propre classement politique et leur propre clivage politique en une vision du monde et de la représentation politique plus ou moins partagée par tous les groupes sociaux, tous les citoyens y compris ceux qui sont apparemment les plus éloignés, désintéressés de la science politique. Ceci est le sens donné à la politisation par Lacroix. Ain si, ce processus de politisation est lié à toute une série de processus déjà évoqués : l’installation du suffrage universel, l’autonomisation du champ politique et la professionnalisation de la vie politique. (La politisation en tant que produit de ce processus historique peut être l’intérêt spécifique porté par les individus au déroulement quotidien de la compétition politique sachant que le degré d’intérêt est variable selon les individus. Ceci est le sens donné par Gaxie. L’intérêt pour la politique est alors inégalement réparti dans le monde social. En effet, cet intérêt pour la politique détermine la compétence politique des individus. De plus, il y a une relation entre politisation et la compétence politique qui est la capacité des individus à reconnaitre les différences entre les prises de position des hommes politiques dans les champs politique
ou entre les partis politiques, leurs programmes et leurs candidats. La compétence implique aussi la capacité à se situer sur le clivage politique et à justifier ses choix en fonction d’un argumentaire politique. Ce qui apparait comme une division politique n’est pas une simple réalité politique, c’est aussi une perception subjective de la politique. Ainsi, la capacité des individus à comprendre le monde politique en fonction de cette division objective varie et n’est pas la même selon les individus. Elle dépend de l’intérêt des individus pour la politique qui a donc des effets très forts sur la participation ou non à la politique et son degré de participation. Dans l’ouvrage « Le cens caché « de Daniel Gaxie datant de 1978, il   nous explique qu’il existe des conditions sociales à la politisation. Ainsi, le degré de politisation varie selon des caractéristiques sociales telles que le niveau d’instruction, le niveau de revenu, l’activité socioprofessionnelle... En 1997, une enquête montre que parmi les personnes interrogées, 37% des personnes ayant effectué des études primaires sont intéressées par la politique tandis que 73% des individus qui ont fait des études sont intéressé.   De même, on remarque que 39% des agriculteurs et 37% des ouvriers se déclarent fortement intéressés par la politique alors que c’est le cas de 73% de cadres. La politisation peut aussi être tout les processus par lesquels un individu, une organisation, un conflit
ou un corps se politise ; par lequel il développe un intérêt pour la politique. C’est le sens donné Jacques Lagroye. Ainsi, chaque individu fait l’apprentissage de la politique et se politise à travers la cellule familiale.  Ex : Des parents d’élèves qui peuvent se politiser grâce à une réforme sur l’éducation. La politisation est un aspect essentiel de la mobilisation de différents groupes sociaux par les professionnels de la politique. C’est donc, par ce processus, que des professionnels ont réussi à mobiliser des groupes sociaux et des soutiens hors du champ politique.   II. La détermination des choix électoraux : La participation électorale ne se distribue pas de manière aléatoire dans la société. En effet, dans une société comme la notre, le clivage fondamental ne se situe pas entre ceux qui votent pour la gauche et ceux qui votent pour la droite mais il se situe entre ceux qui votent et ceux qui ne votent pas du tout. Or, le degré de politisation a des effets sur la participation politique et notamment la participation électorale : il y a une forte corrélation entre l’intérêt que l’on porte à la politique et l’abstention électorale. Effectivement, l’abstention n’est pas un phénomène aléatoire, elle est une donnée structurelle qui touche une fraction définie et relativement stable de la société. De plus, selon Jean Yves Dormagen et Céline Braconnier, à l’intérieur de la non-inscription il y a les non inscrits et les mal inscrits. Il faut
donc distinguer deux phénomènes différents ( La non inscription sur les listes électorales concerne, en France, un électeur potentiel sur dix c'est-à-dire 10% des individus en France. Par ailleurs, on remarque que la non-inscription sur les listes est corrélée avec l’âge. Néanmoins, le phénomène décroit avec l’âge : plus on est jeune moins on est inscrit, plus on est vieux, plus on est inscrit. On trouve donc plus d’abstention chez les jeunes. L’âge n’a pas la même signification selon qu’il s’agisse d’un étudiant, d’un salarié diplômé, d’un non diplômé à la recherche d’un emploi ou d’un apprenti. C’est chez les jeunes les plus défavorisés ayant entre 18 et 25 ans et étant apprentis boucher, ou apprenti boulanger que le taux d’abstention est le plus fort. Ainsi, à tous les âges confondus, la non-inscription est corrélée avec la situation professionnelle autrement dit au niveau de diplôme et au niveau de revenu. En effet, lors de l’élection présidentielle de 2007, on a vu un phénomène nouveau qui était l’inscription massive sur les listes électorales de personnes qui généralement ne s’inscrivent pas. A Amiens Nord, par exemple, l’augmentation des inscrits sur les listes fut de 76%.   ( L’abstention qui désigne la non-participation des citoyens inscrits sur les listes électorales aux élections. EX : Aux Etats Unis le taux d’abstention est mesuré en fonction de la totalité des électeurs en âge de voter qu’ils soient ou non inscrits sur les listes
électorales. Aux élections législatives de 2007, 39.5% d’abstention au premier tour. Certaines élections retiennent donc des taux d’abstention record. En effet, le taux d’abstention pour les élections européennes est envisagé à 60%. Les taux d’abstention au second tour des élections présidentielles sont : de 7% en 1965 ; de 31.1% en 1969 ; de 12.7% en 1974 ; de 14.1% en 1981 ; de 15.9% en 1988 ; de 23% en 1995 ; de 23% en 2002 et de 16% en 2007/ Le taux d’abstention varie d’une élection à l’autre et d’années aux autres dans une même élection. Par ailleurs, ce phénomène de l’abstention est étroitement corrélé aux facteurs sociaux : l’âge, le sexe, le lieu de résidence, le revenu, le patrimoine, les croyances ou les pratiques religieuses, niveau de diplôme de l’individu et des parents, la profession de l’individu et des parents. Daniel Gaxie dans son ouvrage « Le Cens caché « explique que le suffrage est, certes, universel en droit mais, en pratique, il demeure censitaire au sens où toute une série de gens ne participent pas aux élections.   A.   Les déterminants sociaux du vote : Choisir un candidat et une liste, c’est exprimer une préférence politique qui peut résulter d’une habitude, le résultat d’un calcul… Le choix, c’est constater que par rapport à une offre politique donnée, les électeurs expriment certaines préférences plutôt que d’autres. Ce phénomène conduit à s’interroger sur les raisons de ce choix et pour se faire, la science politique
tente d’établir des corrélations entre une préférence telle qu’elle s’exprime dans le vote et des variables objectives, c'est-à-dire des caractéristiques sociales repérables chez ceux qui votent : l’âge, le sexe, le lieu de résidence, le revenu, le patrimoine, les croyances ou les pratiques religieuses, niveau de diplôme de l’individu et des parents, la profession de l’individu et des parents.   Néanmoins, il existe aussi des variables subjectives perceptibles après avoir demander aux individus comment ils perçoivent l’avenir de leur enfant… En général ces corrélations permettent de comprendre la distribution probable des préférences des individus en fonction de ces variables prises en compte simultanément, cumulativement. Les études menées dans tous les pays où il existe des possibilités véritables de choix aux électeurs montrent qu’il existe des corrélations relativement stables et explicatives entre les préférences politiques et les variables dites lourdes du vote. Néanmoins, cette stabilité n’empêche pas de se rendre compte des évolutions dans le comportement électoral. En effet, en prenant le cas de la France on voit que certaines classes sociales votent plus à droite qu’à gauche : les individus appartenant aux catégories sociales plus favorisées (patrons, industriels, gros commerçants...) votent le plus à droite tandis que les catégories sociales les moins favorisées (ouvriers et contre maitres sauf que ceux-ci sont plus instruits donc
ils peuvent voter à droite) votent plus à gauche. Cependant, ces variables sociales ne déterminent pas ces choix électoraux mais continuent à être explicatives du vote. EX : Au premier tour des présidentielles de 2002 : le vote de gauche est de 25% chez les agriculteurs contre 41% des agriculteurs pour la droite dont 33% pour Chirac et 21% pour Le Pen. Les artisans commerçants et industriels ont voté à 14% pour la gauche, 46% pour la droite et 20% pour Le Pen. Les ouvriers ont voté à 43% pour la gauche, 19% pour la droite et 24% pour Le Pen. EX 1 : Aux élections présidentielles de 2007 : au total, Nicolas Sarkozy recueille 53% des suffrages exprimés. Néanmoins, on peut voir que, par tranche d’âge, on constate que 60% des 18-25 ans ont voté Royal contre 40% Sarkozy tandis que 59% des 50-64 ans ont voté Sarkozy contre 41% pour Royal et 64% des 65 ans et plus ont voté Sarkozy contre 36% pour Royal. De plus, par secteur d’activité, on remarque que 66% des salariés du public ont voté Royal alors que 53% des salariés du secteur privé ont voté Sarkozy. Ensuite, par catégories sociales, 62% des artisans commerçants et chef d’entreprise ont voté Sarkozy alors que 57% des employés et 59% des ouvriers ont voté pour Royal. Enfin, par niveau de diplôme on constate que le vote pour Sarkozy est nettement majoritaire à faible niveau de diplôme : 59% des sans diplôme ou d’un CAP/BEP ont voté pour Sarkozy et 58% chez les titulaires d’un Baccalauréat. EX 2 : On remarque
que le clivage social est plus net encore pour le référendum de 2005. En effet, on observe que selon les caractéristiques sociales qu’elles soient objectives ou subjectives (confiance en l’avenir, tranche d’âge, lieu de résidence, sentiment d’insécurité sociale, niveau de revenus…) la proportion de NON diffère. ATTENTION : Le caractère multipolaire des élections tend à gommer la visibilité des variables Cette stabilité relative des préférences que l’on constate peut être aussi déjouée par des évolutions électorales et des évolutions sociales de court ou moyen terme soit que le contexte politique change (alternance de 1981), soit que l’offre électorale se transforme, soit que les groupes sociaux se modifient, soit que la corrélation entre telle ou telle partie et tel ou tel groupe social évolue. EX : Des élections récentes ont montré que le vote des ouvriers s’était modifié au cours des 20-30 dernières années. La corrélation entre le vote de gauche et la catégorie ouvrière très forte entre 1978 et 1995. Néanmoins, elle tend à s’atténuer tout au long des années 80 et même à devenir faible dans les années 1990. Au premier tour des législatives de 1990 : 69% des ouvriers ont voté pour un parti de gauche alors qu’en 1995, seulement 34% des ouvriers ont voté pour un parti de gauche. Au contraire, dans la même période, c’est le vote en faveur du Front National qui progresse le plus chez les ouvriers. Effectivement, il passe de 11% en 1986 à 30% 1995. Pour
conclure, on peut dire qu’il y a une évolution du vote mais il est difficile de savoir si ce sont les mêmes électeurs qui changent de vote ou si ce sont les électeurs qui s’abstenaient dans les années 1970 qui votent maintenant pour le Front National. Pour saisir ce phénomène, on peut essayer de rechercher les itinéraires du vote des électeurs. Ainsi, on constate qu’il y a un très faible flux d’électeurs du Parti Communiste Français vers le Front National mais aussi que ce flux est plus faible que pour tous les autres itinéraires de vote venant d’autres partis vers le Front National. De même, on observe que les électeurs communistes sont surreprésentés chez les agents du secteur public alors que dans ceux du Front National sont surreprésentés chez les indépendants, les commerçants et les artisans. Cependant, sous la IVème et la Vème République, même si le vote pour le Parti Communiste Français était surreprésenté dans la classe ouvrière, celui-ci n’a jamais réussi à capter la totalité du vote des ouvriers. Ainsi, le mythe de la classe ouvrière est faiblement explicatif. Ex au législatives de 1967 31% des ménages ouvriers auraient voté pour le PCF alors que 41% auraient voté pour un parti de droite. Il y a donc toujours eu un vote ouvrier de droite. Enfin, il faut savoir que le phénomène le plus important chez les ouvriers c’est l’abstention au vote : en moyenne 25% des personnes appartenant à la classe ouvrières s’abstiennent de voter. La
transmission des croyances, la cohérence du groupe d’appartenance, les conditions de vie… sont donc des déterminants sociaux du vote.   B.   Le vote comme choix rationnel : En France, l’interprétation du vote est devenue un aspect essentiel de la science politique. André Siegfried a élaboré des cartes qui permettent de visualiser les distributions du vote de la population selon le territoire, la population, sa densité… Cette méthode est appelée la géographie électorale. Au lendemain de la 2nd guerre mondiale, ces méthodes vont être poursuivies notamment François Eagles. Néanmoins, la géographie électorale va être éclipsée par les méthodes d’enquête que sont les sondages. Les premières enquêtes scientifiques par sondage naissent aux Etats-Unis à l’université de Columbia sous la direction de Paul Lazarsfeld et de son équipe dans un ouvrage classique : « The people’s choice « publié en 1944. Ce livre part de prémices opposées au tableau politique de Siegfried pour arriver, à peu de choses près, aux mêmes conclusions. En effet, le livre s’intéresse à la formation des préférences politiques c'est-à-dire à la manière dont l’électeur fait son choix pendant la campagne électorale. Cependant, en particulier, ce livre tend à cerner le comportement des électeurs qui changent d’opinion pendant la campagne autrement dit il s’intéresse aux effets d’une campagne sur les choix des individus. Ainsi, il remarque que pour une grande majorité des électeurs, le temps
de la décision finale, le moment à partir duquel l’individu ne modifie plus sont choix dans la perspective des élections, se situe avant le début de la campagne électorale. Et pour ceux qui hésitent pendant la campagne, ils sont, en fait, persuadés par leurs proches de faire comme d’habitude et de se conformer à leur préférence traditionnelle exprimée dans leur précédent vote. Pour Lazarsfeld, il y a une cohérence politique entre les différents cercles auxquels les individus appartiennent. Une personne pense politiquement comme elle est socialement. Les caractéristiques sociales déterminent les préférences politiques. Ainsi, l’intérêt de l’ouvrage de Paul Lazarsfeld est la méthode utilisé c'est-à-dire un sondage basé sur l’interrogation d’un échantillon de 3000 personnes représentatives de la société qu’il a séparé en quatre groupes de 600 personnes dont trois ont été interrogé une seule fois et le quatrième plusieurs fois tel un panel électoral. Dans cette enquête Lazarsfeld tente de déterminer le moment du choix d’un individu. On voit donc que l’homogénéité des groupes sociaux auquel un individu appartient est déterminant dans les choix politiques et du choix au moment électoral quelque soit le degré de politisation. Ainsi, les chercheurs de Columbia insistent sur le fait que ce sont les relations personnelles des électeurs qui les influencent plus que les médias. Par ailleurs, un flux de communication en deux temps est alors perceptible « Two
step flow of communication «. En effet, les médias n’influencent que de manière indirecte les électeurs : ils influencent un certain nombre de leader au sein d’un groupe qui influencent eux même les membres de ce groupe. La campagne n’influence que les individus les plus politisés. La campagne ne touche quasiment pas ceux qui risquent de changer d’opinion mais confortent plutôt les personnes les plus politisées et les confortent dans leur vote. L’enquête de l’équipe de Columbia va être critiquée par une équipe concurrente qui va réaliser pour la première fois une enquête par sondage sur un échantillon national de la population américaine. En effet, cette enquête, menée par une université du Michigan sous la direction de Campbell, Converse, Miller, Stokes qui critique le déterminisme social qu’elle voit dans le travail de l’enquête faite par l’université de Columbia. Elle tourne cependant autour des mêmes questions.Cependant, leur travail part du même constat : la stabilité des préférences électorales dans le temps. Néanmoins, cette équipe cherche plutôt les déterminants psychosociologiques de cette stabilité. Elle insiste donc sur la psychologie individuelle et les perceptions politiques des individus plus que sur les appartenances sociaux culturelles. Ainsi pour les chercheurs de l’université Michigan, la stabilité s’enracine dans l’identification partisane c'est-à-dire par le fait que les individus ont un attachement affectif envers un parti politique
qui ferait intégralement part de leur identité personnelle. Cette identification partisane serait le produit de la socialisation primaire des individus qui perdurerait durant leur existence. Le constat qui est fait est que même lorsqu’un individu n’adhère pas à un parti ou ne participe pas activement à la politique, l’identification partisane reste et c’est elle qui influence la personne dans son vote.   Ainsi, malgré que la plupart des individus ne s’intéressent pas à la politique, ils vont voter et cela s’explique donc par un héritage psychologique. Cependant, ceci va être critiqué par une autre approche qui souligne très tôt que l’électeur est moins déterminé et stratégique dans son choix.   En effet, l’ouvrage « The changing american voter « écrit par notamment par Nie et Verba traduit la théorie économique de la démocratie. Pour Key, l’électeur peut changer son vote : il est stratégique en fonction du bilan du président sortant autrement dit il est en mesure dévaluer un bilan par rapport à des promesses. Ainsi, il adapte son vote en fonction de ses intérêts. De même, il dit que l’électeur a évolué dans le temps et que le comportement électoral des individus a changé aux USA. L’identification partisane s’érode et lorsqu’il existe chez un individu une identification partisane, produit de sa socialisation primaire, elle ne guide pas autant que par le passé les éléments électoraux. Il existe donc un électorat plus mobile, plus volatile, susceptible
de changer, plus sensible aux enjeux politiques spécifiques à chaque élection qui se prononce plus sur les enjeux de la campagne électorale et aussi qui est plus sensible aux prises de position des candidats sur ces enjeux durant la campagne électorale. Ces nouveaux électeurs sont en particulier des jeunes qui sont plus nettement détachés des partis politiques. D’une manière générale, ce que constate cet auteur est que le pourcentage d’individu qui déclare voter pour un candidat à partir de ses prises de positions sur les enjeux du moment tend à augmenter dans le temps. Effectivement, il passe de 49% en 1952 à 67% en 1972. Ainsi, un enjeu électoral peut être défini comme une question politique saillante dans la campagne, une question sur laquelle un candidat ne peut pas prendre position. C’est donc sur la base duquel un électeur est censé se déterminer dans les urnes par le vote. Néanmoins, Il y a des enjeux consensuels : la paix dans le monde mais c’est un enjeu peu saillant, des enjeux conflictuels : immigration, des enjeux locaux :les crèches et des enjeux nationaux : inflation. Ce qui est au cœur de cette théorie est que la campagne a des effets sur l’électorat qui nécessite que l’électeur soit fortement politisé, ait une compétence politique importante. Par ailleurs, on constate que deux modèles s’opposent : les effets de campagne forts sur l’électeur et les effets de campagne faible. Cependant, il y a une solution de compromis entre ces
2 modèles. C’est la notion de « l’électeur raisonnant « que propose Popkin. Tous les travaux sur le vote confirment un paradoxe : malgré l’élévation continue et générale du niveau d’éducation, le niveau global de connaissance politique des citoyens ne semble pas progresser. Popkin prend alors conscience de ce paradoxe et décrit un électeur raisonnable qui se conduit en politique comme un investisseur avisé sur un marché économique. Il est donc rationnel pour un citoyen de ne pas accumuler les informations, de ne pas suivre assidument une campagne électorale ou de connaitre parfaitement les programmes. Ce calcul rationnel n’empêche cependant pas les électeurs de procéder à des choix en utilisant des raccourcis aussi appelées des « short cuts « et des moyens de guidage par stéréotype. Cependant, tous ces instruments sont pauvres en information malgré qu’ils soient suffisants pour se représenter le candidat et la politique. De plus, cette théorie a des faiblesses : quel électeur utilise quel contenu informatif ? En particulier, l’absence de compétence politique peut conduire à des malentendus. L’électeur pourrait soutenir une thèse qui serait contraire à son intérêt. Il faut cependant tenir compte du fait que le vote est un moment court dans une série d’activité sociale. Section 2 : La formation des opinions politiques : III. La mesure de l’opinion publique :   A. Les sondages mesurent ils l’opinion ? Résultat de l’élection présidentielle
2007, au premier tour :     • Sarkozy : 31,78% des suffrages.     • Royal : 25,87%,     • Bayrou : 18,57%,     • Le Pen : 10,44%. D’après un sondage précédent Sarkozy devait obtenir 27% des votes, Royal 25%, Bayrou 19% et Le Pen 15,5%. Il y a un point d’erreur pour Bayrou et Royal, plus de cinq points d’erreur pour Le Pen et quatre points d’erreur pour Sarkozy. Comment un sondage peut il autant se tromper mais aussi prédire exactement l’ordre d’arrivée des candidats ? Ce type d’erreur se reproduit quasiment à chaque présidentielle. Ex : En 1965, aux élections De Gaulle 66% des intentions de vote avec un résultat de 43,7% et Mitterrand : 27% alors qu’il en aura un peu plus de 30% Ce constat est donc à la fois ancien et récurent. Cependant, les sondages se trompent de manière récurrente. Ainsi, les instituts de sondage, pour se défendre, évoquent que les électeurs sont de plus en plus indécis et que l’électorat est de plus en plus volatile. On prévoit une marge d’erreur en fonction de la taille de l’échantillon et du pourcentage obtenu lors de l’échantillon :     • Pour un échantillon de 1 000 personnes la marge d’erreur varie de 0,9 points à 3,2 points en fonction du pourcentage obtenu dans le sondage. Par exemple, un candidat qui a 2% des intentions de vote dans un sondage, son score peut varier entre 1,9% et 2 ,9%, pour un candidat de 50%, cela varie entre 46,8% et 53,2%. Remarque : Les sondages préélectoraux de 51% contre 49% n’ont
aucune valeur prédictive car la différence entre les 2 scores est contenue dans la marge d’erreur. Plus l’échantillon est grand, plus la précision statistique est grande.     • Lorsque l’échantillon est de 10 000 personnes, la marge d’erreur oscille de 0,3 point à 1 point en plus ou en moins. Plus y a des personnes, mieux on prédit un résultat.     •   Dans un échantillon de 400 personnes entre 1,4 et 5 points en plus ou en moins du score obtenu.     • Lorsqu’il s’agit d’un échantillon par quota, on n’est pas en mesure de donner une marge d’erreur certaine, on n’est pas sur que cette marge d’erreur soit une valeur. Par ailleurs, Dona Mayer pose une question de deux manières très différente l’une au début du questionnaire l’autre à la fin. Ainsi, on remarque que la formulation d’une question peut faire varier le résultat d’un sondage. C’est le cas d’une même question qui est posée 2 de manières différentes : l’enquêteur remercie la personne enquêtée et lui demande s’il la personne ne pense pas que le vrai problème en France est qu’il y a trop de liberté ? Dans l’autre cas, l’enquêteur n’est pas sympa et pose directement la question à la personne. Dans le 1er cas, 43% disent qu’il y a trop de libertés. Dans le 2ème cas, 28% disent qu’il y en a trop. Un simple changement d’attitude et de formulation entraine une évolution de 12 points sur une question. Enfin, on voit que le taux de non réponse aux sondages : on estime qu’aux USA, entre 2/3 et 4/5è
des personnes contactées par téléphone pour un sondage refusent de répondre au questionnaire. De même, beaucoup ne terminent pas leur questionnaire d’autant qu’avant de valider un questionnaire, il faut que le numéro tiré au sort soit valable, que la personne soit présente, qu’elle accepte de répondre au questionnaire, qu’elle aille jusqu’au bout et qu’elle entre dans une catégorie de population qui ne soit pas surreprésentée dans les réponses obtenues. EX : Sur un sondage téléphonique effectué on a remarqué que sur 8305 appel, il y a 473 faux numéros, 1483 pas de réponse, 3510 refus de répondre, 750 impossibilités de réponses, 133 questionnaires incomplets. Ainsi, au total, seules 2148 questionnaires ont été validés soit un peu plus de   25%. La participation à un sondage électoral ne se distribue donc pas également dans la société, elle est corrélée à la politisation. Cela veut dire qu’en 1995, on comptait dans la population française inscrite sur les listes, une proportion de 44,4% d’individus sans diplômes ou titulaires du brevet alors que dans un échantillon de la Sofres à la même époque, cette proportion n’est que de 19.9%. Les échantillons de sondage, du fait de leur taille, ne peuvent pas prendre en compte tous les critères pertinents pour que les sous échantillons soient fiables.   B. Les sondages font ils opinion ? Les sondages ont des effets sociaux. Ils peuvent avoir un effet sur le vote lui-même.

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