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L'impasse du processus de paix plombe l'économie palestinienne

Publié le 17/01/2022

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4 mai 1998 - L'impasse du processus de paix israélo-palestinien, que la secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright devait tenter de débloquer, lors d'entretiens séparés, lundi 4 mai à Londres, avec le premier ministre israélien et le président palestinien, affecte très sérieusement l'économie palestinienne. Bien que le nombre d'ouvriers palestiniens autorisés à travailler en Israël ait progressivement augmenté depuis l'été 1997, cette nouvelle manne ne profite pas à l'économie palestinienne. L'absence de perspectives freine la consommation des ménages et les salariés préfèrent l'épargne à l'investissement. Par ailleurs, les entraves mises par Israël à la circulation des personnes et des marchandises entre les territoires palestiniens et les réglementations et restrictions imposées au commerce avec l'étranger contribuent à la récession de l'économie. Du fait de l'absence d'attaques-suicides anti-israéliennes depuis l'été 1997, attaques qui entraînaient systématiquement le bouclage hermétique de la Cisjordanie et de Gaza, le nombre d'ouvriers palestiniens autorisés à se rendre quotidiennement en Israël a augmenté ces derniers mois. Techniquement, le bouclage imposé en août 1997 est toujours en vigueur, mais des allégements successifs ont fait en sorte que 50 000 travailleurs palestiniens, munis de permis de travail, traversent tous les jours la frontière vers Israël, selon les autorités israéliennes. Profitant d'un contrôle relâché, de nombreux ouvriers passent la frontière clandestinement : ils sont 40 000 selon une estimation israélienne, indirectement confirmée par les statistiques palestiniennes, qui datent de décembre 1997 et qui font état d'un total de 75 000 à 80 000 ouvriers, légaux et illégaux confondus. Ces ouvriers touchent environ 3 000 shekels (4 700 francs) par mois, soit cinq à six fois plus que ce qu'ils gagneraient dans les territoires autonomes palestiniens. L'économie palestinienne exsangue aurait dû, du moins théoriquement, profiter de ces shekels sonnants et trébuchants que les ouvriers rapportent chez eux. Il n'en est rien, affirme Adel Atieh, chercheur du Centre de recherches et d'études palestiniennes, un institut indépendant situé à Naplouse. " Nous ne constatons rien, autour de nous, de l'effet positif que cela devrait avoir. " L'incertitude politique provoquée par l'arrêt du processus de paix, qui a plongé l'économie israélienne dans la récession en freinant les investissements et la consommation des ménages, a un effet semblable sur l'économie palestinienne. Au lieu de dépenser et d'investir, les ouvriers palestiniens employés en Israël " mettent davantage d'argent sous le matelas " , explique M. Atieh. Même lorsqu'ils construisent des logements - faute de placements qui leur auraient semblé plus sûrs -, l'économie palestinienne n'en profite pas vraiment, puisqu'il s'agit souvent d'ouvriers du bâtiment qui érigent des maisons de leurs propres mains. Même les briques sont, à coup sûr, importées d'Israël. " Ça ne fait pas tourner l'économie " , résume M. Atieh. Il existe certes une maigre lueur d'espoir pour la main-d'oeuvre palestinienne : le gouvernement israélien a entamé l'expulsion des étrangers clandestins - Thaïlandais, Philippins, Roumains, Ghanéens et Nigérians notamment -, que les entrepreneurs israéliens avaient commencé à " importer " massivement lors de la guerre du Golfe, par peur des Palestiniens. Selon Shlomo Dror, porte-parole du coordinateur israélien pour les territoires, une entité civile qui dépend du ministère de la défense, il y a actuellement près de 200 000 ouvriers étrangers (par opposition aux Palestiniens), dont 90 000 légaux, en Israël. Sur ces derniers, 60 000 travaillent dans la construction et 30 000 dans l'agriculture, c'est-à-dire précisément dans les principaux domaines d'activité des ouvriers palestiniens. Circulation contrôlée Pour les employeurs israéliens, ces ouvriers étrangers présentent trois avantages : leur salaire mensuel est en moyenne inférieur de 1 000 shekels (1 550 francs) à celui des Palestiniens, ils travaillent dix à douze heures par jour et leur assiduité n'est pas affectée par les bouclages des territoires palestiniens. Mais le gouvernement israélien paraît déterminé à expulser graduellement ceux d'entre eux qui sont clandestins. Le ministre du travail, Eli Ishay, du parti religieux sépharade Shass, a même récemment tenu des propos xénophobes après l'assassinat d'une jeune fille dans un kibboutz, assassinat dont est accusé un ouvrier thaïlandais. L'économie palestinienne est aussi handicapée par le problème de la circulation des personnes et des marchandises. Entre villes de Cisjordanie, cette circulation est réputée libre. Toutefois, Israël impose aux camions palestiniens qui assurent la liaison entre villes du nord et du sud de la Cisjordanie un itinéraire contournant Jérusalem, par Abou Diss et Bethléem. " J'y suis passé en voiture, et j'ai trouvé que c'est une route dangereuse. Alors, que dire d'un camion lourdement chargé ? " , remarque Adel Atieh. Difficile, dans ces conditions, de transporter les pastèques de Djénine à Hébron, et inversement d'acheminer les raisins d'Hébron vers le nord. La circulation entre Gaza et la Cisjordanie reste, elle, soumise au bon vouloir d'Israël. L'Etat juif autorise les rotations de deux cents taxis dits stériles - c'est-à-dire dont il vérifie qu'ils sont conduits par des chauffeurs sûrs et répondent aux exigences israéliennes en matière d'assurance et de sécurité routière. Quant aux permis de passage entre Gaza et la Cisjordanie, ils sont limités à 600 adultes par jour. Par ailleurs, 35 camions hébronites assurent un service régulier entre Gaza et le point de passage de Tarkoumia, à l'ouest d'Hébron, souligne Shlomo Dror. " En réalité, les Palestiniens ne circulent pas comme ils veulent entre Gaza et la Cisjordanie, rétorque Adel Atieh, ces dispositions sont destinées aux collaborateurs. " " Les deux parties considèrent le domaine économique comme l'une des pierres angulaires de leurs relations mutuelles, avec pour objectif de renforcer leur intérêt à réaliser une paix juste, durable et complète. " Cette disposition du préambule du protocole de Paris du 29 avril 1994, sur la coopération économique entre Israël et l'Autorité palestinienne, semble, comme d'autres pans du dispositif d'Oslo, appartenir à une époque révolue. Confronté à la récession de son économie et à la crise asiatique, Israël fait tout pour maintenir le marché palestinien comme un marché captif, observe M. Atieh. " Nous n'avons pas de matières premières, nos ressources agricoles sont précaires, et nous comptons essentiellement sur le commerce pour notre développement. Or Israël alourdit les procédures d'importation et d'exportation. Il y a clairement mauvaise volonté israélienne " , dit-il. En 1996, les exportations israéliennes vers l'Autorité palestinienne ont totalisé 2,4 milliards de dollars, tandis que les importations provenant de l'Autorité ont plafonné à 350 millions de dollars. Le protocole de Paris, commentait fin 1997 Maher Masri, le ministre palestinien de l'économie et du commerce, " a sérieusement limité le commerce avec les pays arabes et l'a soumis au contrôle israélien. Il a intégré des normes de qualité et des réglementations sanitaires tellement vagues et rigides qu'elles peuvent être utilisées de manière abusive par la partie israélienne. " " Au vu de l'expérience de ces trois dernières années, il est clair qu'Israël a manqué à sa parole pour ce qui est de l'esprit comme de la substance de l'accord de Paris, ajoutait le ministre. Même le commerce avec l'Europe et les Etats-Unis a été perturbé par les restrictions israéliennes sur le commerce de transit. " A ces critiques, Adel Atieh en ajoute une autre : les quotas sur les importations de produits comme le ciment, les voitures et les ordinateurs ont " encouragé la pratique de la corruption " dans l'économie palestinienne. Le Monde du 5 mai 1998

« israéliennes en matière d'assurance et de sécurité routière. Quant aux permis de passage entre Gaza et la Cisjordanie, ils sont limités à 600 adultes par jour.

Par ailleurs, 35 camionshébronites assurent un service régulier entre Gaza et le point de passage de Tarkoumia, à l'ouest d'Hébron, souligne ShlomoDror.

" En réalité, les Palestiniens ne circulent pas comme ils veulent entre Gaza et la Cisjordanie, rétorque Adel Atieh, cesdispositions sont destinées aux collaborateurs.

" " Les deux parties considèrent le domaine économique comme l'une des pierres angulaires de leurs relations mutuelles, avecpour objectif de renforcer leur intérêt à réaliser une paix juste, durable et complète.

" Cette disposition du préambule duprotocole de Paris du 29 avril 1994, sur la coopération économique entre Israël et l'Autorité palestinienne, semble, commed'autres pans du dispositif d'Oslo, appartenir à une époque révolue. Confronté à la récession de son économie et à la crise asiatique, Israël fait tout pour maintenir le marché palestinien comme unmarché captif, observe M.

Atieh.

" Nous n'avons pas de matières premières, nos ressources agricoles sont précaires, et nouscomptons essentiellement sur le commerce pour notre développement.

Or Israël alourdit les procédures d'importation etd'exportation.

Il y a clairement mauvaise volonté israélienne " , dit-il. En 1996, les exportations israéliennes vers l'Autorité palestinienne ont totalisé 2,4 milliards de dollars, tandis que lesimportations provenant de l'Autorité ont plafonné à 350 millions de dollars.

Le protocole de Paris, commentait fin 1997 MaherMasri, le ministre palestinien de l'économie et du commerce, " a sérieusement limité le commerce avec les pays arabes et l'asoumis au contrôle israélien.

Il a intégré des normes de qualité et des réglementations sanitaires tellement vagues et rigides qu'ellespeuvent être utilisées de manière abusive par la partie israélienne.

" " Au vu de l'expérience de ces trois dernières années, il est clair qu'Israël a manqué à sa parole pour ce qui est de l'espritcomme de la substance de l'accord de Paris, ajoutait le ministre.

Même le commerce avec l'Europe et les Etats-Unis a étéperturbé par les restrictions israéliennes sur le commerce de transit.

" A ces critiques, Adel Atieh en ajoute une autre : les quotassur les importations de produits comme le ciment, les voitures et les ordinateurs ont " encouragé la pratique de la corruption "dans l'économie palestinienne. Le Monde du 5 mai 1998 CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés. »

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