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"limure" chez DESCARTES

Publié le 16/08/2010

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descartes

 

LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 145.

 Que la limure de fer s’arrange en certain ordre autour des pierres d’aimant.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 179.

Et si on s’arrête à considérer en quelle façon la poudre ou limure de fer qu’on a jetée autour d’un aimant s’y arrange, on y pourra remarquer beaucoup de choses qui confirmeront la vérité de celles que je viens de dire.

 Mais afin qu’on puisse voir à l’oeil quelle est l’inflexion de ces chemins, il faut répandre cette limure sur un plan bien uni, au milieu duquel soit enfoncé un aimant sphérique, en telle sorte que ses deux pôles le touchent, comme on a coutume d’enfoncer les globes dans le cercle de l’horizon pour représenter la sphère droite ;

 car les petits grains de cette limure s’arrangeront sur ce plan suivant des lignes qui marqueront exactement le chemin que j’ai dit ci-dessus que prennent les parties cannelées autour de chaque aimant et aussi autour de toute la terre.

 Puis si on enfonce en même façon deux aimants dans ce plan, et que le pôle boréal de l’un soit tourné vers l’austral de l’autre, comme ils sont en cette figure, la limure mise autour fera voir que les parties cannelées prennent leur cours autour de ces deux aimants en même façon que s’ils n’étaient qu’un ;

 On peut aussi voir, en tenant un aimant avec la main, l’un des pôles duquel, par exemple l’austral, soit tourné vers la terre, et qu’il y ait de la limure de fer pendue à ce pôle, que s’il y a un autre aimant au-dessous, dont le pôle de même vertu, à savoir l’austral, soit tourné vers cette limure, les petits filets qu’elle compose, qui pendent tout droit de haut en bas lorsque ces deux aimants sont éloignés l’un de l’autre, se replient de bas en haut lorsqu’on les approche ;

 Et même si cet aimant inférieur est plus fort que l’autre, il en détachera cette limure et la fera tomber sur soi lorsqu’ils seront proches ;

 à cause que ses parties cannelées faisant effort pour passer par les pores de la limure, et ne pouvant y entrer que par les superficies de ses grains qui sont jointes à l’autre aimant, elles les sépareront de lui.

 Mais si, au contraire, on tourne le pôle boréal de l’aimant inférieur vers l’austral du supérieur, auquel pend cette limure, elle allongera ses petits filets en ligne droite, à cause que leurs pores seront disposés à recevoir toutes les parties cannelées qui passeront de l’un de ses pôles à l’autre ;

 mais la limure ne se détachera point pour cela de l’aimant supérieur pendant qu’elle ne touchera point à l’autre, à cause de la liaison qu’elle acquiert par l’attouchement, ainsi qu’il a tantôt été dit.

 Et à cause de cette même liaison, si la limure qui pend à un aimant fort puissant est touchée par un autre aimant beaucoup plus faible, ou seulement par quelque morceau de fer, il y aura toujours plusieurs de ses grains qui quitteront le plus fort aimant, et demeureront attachés au plus faible, ou bien au morceau de fer, lorsqu’on les retirera d’auprès de lui :

 dont la raison est que, les petites superficies de cette limure étant fort diverses et inégales, il se rencontre toujours que plusieurs de ces grains touchent en plus de points ou par une plus grande superficie le plus faible aimant que le plus fort.

 

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