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Luther, Martin

Publié le 09/02/2013

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luther

1   PRÉSENTATION

Luther, Martin (1483-1546), théologien et réformateur religieux allemand, initiateur de la Réforme protestante.

La Réforme religieuse professée par Martin Luther a profondément marqué de son influence le développement du christianisme ; les doctrines protestantes issues de cette réforme ont également eu des répercussions sur l'évolution politique et économique de l'Europe.

2   JEUNESSE

Né à Eisleben, Luther insistait souvent sur le fait que ses ancêtres étaient des paysans. Son père, Hans Luther, était mineur dans une mine de cuivre de la région de Mansfeld. Luther suivit ses études primaires et secondaires à Mansfeld, à Magdeburg et à Eisenach. En 1501, à l'âge de dix-sept ans, il entra à l'université d'Erfurt, où il obtint un diplôme de bachelier en 1502 et une maîtrise en 1505. Il avait alors l'intention d'étudier le droit, comme le souhaitait son père. Or pendant l'été de 1505, il abandonna soudainement ses études, vendit ses livres et entra au monastère des augustins d'Erfurt. La décision surprit ses amis et consterna son père. Plus tard, Luther expliqua qu'il avait frôlé la mort à plusieurs reprises et qu'il s'était rendu compte du caractère éphémère de la vie. Au monastère, il observa les règles imposées aux novices, mais ne trouva pas la paix spirituelle à laquelle il aspirait. Luther fit néanmoins ses vœux monastiques à l'automne de 1506 et ses supérieurs le choisirent pour la prêtrise. Ordonné en 1507, il attendait avec anxiété le moment où il devait célébrer la messe pour la première fois.

Après son ordination, Luther fut invité à étudier la théologie pour devenir professeur dans l'une des nombreuses universités allemandes où l'enseignement était dispensé par les moines. En 1508, il fut envoyé par Johann von Staupitz, vicaire général des augustins d'Allemagne, à la nouvelle université de Wittenberg, fondée en 1502, pour donner des leçons inaugurales de philosophie morale. De retour à Erfurt en 1509, il poursuivit encore pendant deux ans ses études de théologie et continua à enseigner. En novembre 1510, délégué par sept monastères augustins, il se rendit à Rome, où il jugea sévèrement le clergé romain. Peu de temps après avoir repris ses activités à Erfurt, il fut envoyé de nouveau à Wittenberg pour préparer son doctorat en théologie qu'il obtint en 1512 et où il fut chargé de l'enseignement biblique. Il resta titulaire de la chaire de théologie biblique jusqu'à la fin de sa vie.

Prédicateur et professeur inlassable qui étudia sans cesse le Nouveau Testament, Luther en vint à croire que les chrétiens n'obtiennent pas le salut par leurs propres efforts, mais par le don de la grâce de Dieu qu'ils acceptent par leur foi. Cette découverte, faite dans des circonstances non élucidées, fut un événement crucial de la vie de Luther, car elle l'incita à rejeter certains dogmes majeurs de l'Église catholique.

3   DÉBUT DE LA RÉFORME

Dès lors qu'il publia ses quatre-vingt-quinze thèses le 31 octobre 1517, dans lesquelles il condamnait la vente des indulgences (rémission des peines temporelles des péchés en échange d'un paiement en argent) en vue de collecter de l'argent pour la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, Luther devint un personnage en vue, fortement controversé. Selon la tradition, Luther cloua ses thèses sur les portes de l'église de la Toussaint (église du château) à Wittenberg, mais cet événement n'est attesté par aucun document. Immédiatement traduites en allemand et largement diffusées, ces thèses suscitèrent de vives réactions. Défendant avec ardeur sa position au cours de débats publics à l'université de Wittenberg et dans d'autres villes, Luther fit l'objet d'une enquête de la curie romaine, qui mena à la condamnation de son enseignement le 15 juin 1520 et à son excommunication en janvier 1521. Convoqué à se présenter devant l'empereur Charles Quint à la diète de Worms en avril 1521, on lui demanda de se rétracter devant l'assemblée des autorités séculières et religieuses. Il refusa avec fermeté de renier ses thèses, affirmant qu'il devrait être convaincu par les Écritures et une raison évidente pour le faire et qu'il préférait écouter sa conscience. « Me voilà, je ne peux faire autrement «, telle est la phrase qu'il aurait prononcée alors. Condamné par l'empereur, Luther fut emmené par son protecteur, le prince électeur Frédéric de Saxe, qui le cacha au château de la Wartburg. Il y commença à traduire en allemand le Nouveau Testament, ouvrant la voie au développement de la langue littéraire allemande. Des désordres provoqués dans Wittenberg par certains de ses partisans extrémistes l'obligèrent à revenir en 1521 dans cette ville, où il parvint à rétablir la paix civile par une série de sermons.

4   LA GUERRE DES PAYSANS

Alors qu'il continuait à enseigner et à rédiger ses ouvrages à Wittenberg, Luther fut entraîné dans des controverses suscitées par la guerre des Paysans (1524-1526), car les chefs des rebelles avaient justifié leur combat par des arguments tirés de ses écrits. Luther contesta la validité de leurs positions théologiques, mais apporta son soutien à la plupart de leurs revendications politiques. Lorsque la violence l'emporta, il se retourna contre les paysans et soutint l'effort des princes pour restaurer l'ordre. Bien qu'il eût condamné plus tard la politique impitoyable et vengeresse appliquée par les nobles, son attitude pendant cette guerre lui fit perdre beaucoup d'amis. En 1525, il épousa Katharina von Bora, une ancienne nonne. Dans ses « trois grands écrits réformateurs « publiés en 1520, À la noblesse chrétienne de la nation allemande, De la captivité de Babylone de l'Église, De la liberté du chrétien et dans Du serf arbitre (1525), Luther ébaucha sa doctrine théologique. En 1529, il publia son livre le plus populaire, le Petit Catéchisme, qui expose, sous forme de questions et de réponses concernant les dix commandements, le credo des apôtres, le Notre-Père, le baptême et la Cène, la théologie de la Réforme dans un langage à la fois simple et coloré. En 1530, ne pouvant assister à la diète d'Augsbourg après avoir été banni et excommunié, Luther confia la présentation de la confession de foi des réformés (connue sous le nom de Confession d'Augsbourg) à son ami Mélanchthon. Sa traduction allemande de l'Ancien Testament parut en 1532. L'influence de Luther s'étendait progressivement dans le nord et l'est de l'Europe. Son plaidoyer pour l'indépendance des gouvernants à l'égard de l'Église (dont l'esprit fut trahi par les interprétations ultérieures) lui apporta le soutien d'un grand nombre de princes. Sa renommée fit de Wittenberg un centre intellectuel.

5   DERNIÈRES ANNÉES

En 1537, la santé de Luther avait commencé à se détériorer et il avait été accablé par le renouveau de la papauté et par ce qu'il ressentait comme une tentative des juifs d'exploiter la confusion chez les chrétiens pour reposer la question du messianisme du Christ. Se sentant responsable de cette situation, il s'engagea dans une polémique violente contre les juifs ainsi que contre la papauté et l'aile radicale des réformateurs, les anabaptistes. Pendant l'hiver 1546, on demanda à Luther d'arbitrer une controverse entre deux jeunes comtes qui régnaient sur la région de Mansfeld où il était né. Vieux et malade, il mourut après ce voyage à Eisleben.

6   THÉOLOGIE

Fondée sur l'étude du Nouveau Testament et fortement marquée par l'influence de saint Augustin, la théologie de Luther ne s'apparente pas aux grands systèmes théologiques qui s'étendent sur toutes les questions relatives à la foi.

6.1   Loi et Évangile

Luther affirmait que Dieu agit sur les êtres humains de deux manières, à savoir par la Loi et par l'Évangile. La Loi représente les exigences de Dieu telles qu'elles sont exprimées notamment dans les dix commandements et les règles morales. Tous les êtres humains, indépendamment de leurs convictions religieuses, ont accès à la Loi de par leur conscience et les traditions éthiques de leur culture, bien que l'interprétation qu'ils en donnent soit toujours déformée par le péché. La Loi a deux fonctions. Elle permet aux êtres humains de maintenir l'ordre dans leur monde, leurs communautés et leurs propres vies malgré la distance qui les sépare de Dieu, du monde, de leurs voisins et d'eux-mêmes à cause du péché originel. En outre, la Loi permet aux hommes de se rendre compte du besoin d'obtenir le pardon de leurs péchés, ce qui les conduit au Christ.

Dieu agit sur les hommes à travers l'Évangile (« bonne nouvelle «), qui annonce que Dieu avait offert son Fils pour le salut de l'humanité. Contrairement à la Loi, cette proclamation d'un don de Dieu ne demande rien d'autre que l'acceptation de la part de l'individu. En fait, Luther soutenait que la théologie s'était trompée précisément au moment où elle avait commencé à confondre la Loi et l'Évangile (l'exigence de Dieu et le don de Dieu) en proclamant que les hommes peuvent mériter ce qui ne peut être que le don inconditionnel de la grâce de Dieu.

6.2   Péché

Luther insista sur le fait que les chrétiens, tant qu'ils vivent sur cette terre, sont à la fois des saints et des pécheurs. Ils sont des saints quand ils font confiance à la grâce de Dieu et non pas à leurs réalisations. Cependant, le péché est présent dans l'Église aussi bien que dans le monde, par conséquent un saint n'est pas un modèle de morale mais un pécheur qui accepte la grâce de Dieu. Ainsi, pour Luther, le citoyen le plus respecté et le criminel occasionnel ont tous les deux besoin du pardon de Dieu.

6.3   Le fini et l'infini

Luther considérait que Dieu se fait connaître aux hommes sous des formes terrestres et finies plutôt que sous la forme de divinité pure. Ainsi, Dieu se révéla en Jésus-Christ, qui exprime son message dans les termes humains des auteurs du Nouveau Testament ; son corps et son sang sont reçus par les croyants, selon la formule de Luther, « dans, avec et par « le pain et le vin de la sainte communion. Lorsque les hommes se mettent au service des autres et du monde, lorsqu'ils remplissent leurs « vocations « comme pères et mères, artisans, souverains et sujets, ils sont des instruments de Dieu qui agit dans le monde à travers eux. Luther fit ainsi disparaître la distinction traditionnelle entre les activités sacrées et séculières.

6.4   Théologie de la croix

Luther affirmait que la théologie chrétienne est une théologie de la croix plutôt qu'une théologie de la gloire. Les êtres humains ne peuvent appréhender Dieu par la philosophie ou l'éthique ; ils doivent accepter qu'ils ne peuvent voir Dieu que s'il décide de se faire connaître. Luther affirmait ainsi que Dieu révèle sa sagesse dans les propos confus de la prédication, son pouvoir à travers la souffrance et le secret du sens de la vie par la mort du Christ sur la croix.

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