Mandrou, Robert

Mandrou, Robert (1921-1984), historien français.

Né à Paris, Robert Mandrou, disciple de Lucien Febvre, acteur majeur des Annales et de la Nouvelle Histoire, est l’auteur d’une œuvre historique pionnière dans le champ de l’histoire moderne.

Avec son Histoire de la civilisation française (1958), écrite avec Georges Duby, Robert Mandrou manifeste une maîtrise rare de synthèses extrêmement vastes, qui visent un public lui-même très large. Il met également en œuvre de façon magistrale les outils, les thèmes et les méthodes de la Nouvelle Histoire : ainsi dans Des humanistes aux hommes de science. xvi^e et xvii^e siècles (1973), ou encore dans son Introduction à la France moderne (1500-1640) : essai de psychologie historique, livre très novateur fondé sur une étude attentive des conditions de vie quotidienne, matérielle et psychologique, voire sensitive, paru en 1961 dans la célèbre collection de Henri Berr « L’Évolution de l’humanité «.

Dans le même esprit, qui concilie synthèse et analyse du détail (ou « micro-histoire «), comme dans le souci des conditions de l’exercice et de la diffusion de l’histoire, Robert Mandrou écrit des manuels devenus aujourd’hui des « classiques « des études historiques, tels que, dans des collections universitaires aux PUF, la France aux xvii^e et xviii^e siècles (1967) ou Louis XIV en son temps, 1661-1715, publié en 1973.

Avec De la culture populaire en France aux xvii^e et xviii^e siècles : la Bibliothèque bleue de Troyes, Robert Mandrou est à l’origine de la fondation d’un champ d’étude majeur au sein de la Nouvelle Histoire, celui de la culture populaire.

Sa thèse de doctorat, publiée en 1968, a pour titre Magistrats et sorciers en France au xvii^e siècle : une analyse de psychologie historique. Elle présente une mutation capitale des mentalités collectives : celle de la disparition du crime de sorcellerie.

Sa thèse complémentaire, les Fugger, propriétaires fonciers en Souabe (1560-1618) : étude de comportements socio-économiques à la fin du xvi^e siècle, publiée en 1969, manifeste une ouverture à l’Allemagne et à l’histoire allemande unique au sein de la Nouvelle Histoire française.

Attentif et soucieux des conditions de la pratique de l’histoire, Robert Mandrou a joué un rôle important dans les institutions. Secrétaire des Annales de 1954 à 1962, directeur d’études à la VI^e section de l’École pratique des hautes études (EPHE) de 1957 à 1984, il enseigne également l’histoire moderne à l’université de Paris X-Nanterre de 1968 à 1981.

Robert Mandrou est à l’origine de la fondation de la Mission historique française, au sein de l’Institut Max-Planck de Göttingen en Allemagne. Il s’agit là d’une initiative capitale pour le rapprochement des mouvements historiques français et allemand.

Au sein ou en marge de ces institutions, et dans la ligne de son effort pour la vulgarisation et pour l’accès aux sources, Robert Mandrou accomplit un important effort éditorial : il favorise l’édition, ou la réédition de nombreux textes capitaux pourtant peu accessibles (par exemple la Sorcière de Michelet en édition de poche, ou encore des textes fondateurs du communisme). Il est aussi à l’origine de l’édition de textes moins connus, qui renouvellent toujours le champ des études historiques.

Assurant dans le même temps la synthèse des textes auxquels il favorise ainsi l’accès, Robert Mandrou crée une collection d’histoire des mentalités chez Plon en 1962, qui fusionne en 1968 avec celle de Philippe Ariès : il en résulte la célèbre collection « Civilisations et mentalités «.