Devoir de Philosophie

Marianne

Publié le 12/02/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

Marianne, personnage allégorique représentant la République française.

Associée au drapeau tricolore, à la Marseillaise et à la devise « Liberté, Égalité, Fraternité «, Marianne est un des principaux symboles de la nation française.

2   NAISSANCE D’UNE FIGURE TUTÉLAIRE

Le 25 septembre 1792, sur une proposition de l’abbé Grégoire, la Convention nationale adopte comme nouveau sceau de l’État « une figure de la Liberté « représentée par une femme chapeautée d’un bonnet phrygien et empruntant les traits de la statuaire romaine. Entre 1792 et 1794, les premières mentions de Marianne personnifiant la République apparaissent en Languedoc : on y entonne une chanson occitane à succès, le Garisou de Marianno et l’on y demande « Comment va Marianne ? « pour signifier « Comment va la révolution ? «

Pourquoi Marianne ? Deux hypothèses coexistent. Ce prénom proviendrait de la contraction de Marie et d’Anne, prénoms populaires au xviiie siècle, et renverrait à l’œuvre de Tristan l’Hermite, Marianne (1636), dans laquelle l’héroïne — une princesse juive antique apparentée à la Liberté — est persécutée par le tyran Hérode.

Rapidement, Marianne devient une figure tutélaire personnifiant la République révolutionnaire en marche, la Liberté, la Justice, la Mère protectrice, symbolisation d’une femme forte, féconde et guerrière à la fois. Les premiers bustes voient le jour en 1792, inspirés des représentations des déesses Rome et Liberté. Enfin, en 1796, son visage apparaît sur une pièce de monnaie gravée par Dupré.

3   VISAGES DE MARIANNE D’HIER À AUJOURD’HUI
3.1   L’opposante républicaine et révolutionnaire

Jusqu’à l’établissement de la IIIe République, Marianne disparaît ou vit clandestinement. Le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), lors du coup d’État de Napoléon Bonaparte, elle est éclipsée, puis disparaît sous l’Empire et la Restauration. Elle renaît comme symbole de révolte et de liberté lors des Trois Glorieuses de 1830, fameusement illustrée par la toile d’Eugène Delacroix, la Liberté guidant le peuple. Elle revêt alors une connotation subversive, socialisante qui donne naissance au nuancier des Marianne : la représentation révolutionnaire, combattante ; la représentation légaliste, symbole d’un projet républicain pacifique.

Avec le retour du régime républicain en 1848, le premier timbre français émis adopte l’image de la République couronnée d’épis de blé (1848) et un concours de peintres est lancé pour personnifier l’image de la République, de nouveau ramenée à Marianne. Après 1852, sous le second Empire, le prénom Marianne continue de circuler dans les milieux politiques. Adopté par les sociétés secrètes républicaines, il sert souvent de nom de code. En 1854, la révolte des ardoisiers de Trélazé (Maine-et-Loire), qui prennent pour nom « la Marianne «, témoigne de l’imprégnation de cette personnification symbolique jusque dans les cultures politiques populaires.

3.2   La personnification de la République française

Durant la IIIe République, Marianne investit l’espace public, puis l’ensemble de la culture politique française. Les bustes de Marianne remplacent ceux de Napoléon III dans les mairies. Le prénom « Marianne « devient commun ; il personnifie le glorieux passé révolutionnaire, fondateur, et le légalisme républicain. En 1889 s’instaure la production industrielle de bustes et effigies. Mais il n’y a pas de modèle officiel pour celle qui est emblème plutôt porté à gauche.

Après la Seconde Guerre mondiale et l’éclipse due au gouvernement de Vichy, les bustes de Marianne reviennent à l’honneur à la Libération et représentent volontiers le visage de vedettes françaises. Si sa figure symbolise la République, régime « naturel « de la France, les bustes de Brigitte Bardot, Mireille Mathieu, Catherine Deneuve ou Laetitia Casta s’inscrivent toutefois dans un registre de plus en plus familier et féminisé, partiellement détaché de son ancien contenu très allégorique et politisé. C’est ce que laisse supposer l’utilisation par les partis, gauche et droite confondues, d’une Marianne dont la vertu de légitimation républicaine dépasse le champ politique pour s’inscrire dans celui d’un patrimoine mémoriel et iconique collectif.

Avec l’introduction de l’euro en 2002, l’effigie de Marianne — qui illustrait jusqu’alors les pièces de 5, 10 et 20 centimes de franc — orne les pièces françaises de 1, 2 et 5 centimes d’euros. Cette nouvelle Marianne est l’œuvre d’une artiste graveur à la Monnaie de Paris, Fabienne Courtiade.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles