Devoir de Philosophie

Matignon, accords

Publié le 21/02/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

Matignon, accords, accords tripartites signés le 7 juin 1936, qui ont mis fin aux grandes grèves de mai-juin 1936, en France.

Le nouveau gouvernement du Front populaire de Léon Blum nommé le 5 juin et investi par la Chambre le 6, après le triomphe électoral d’avril 1936, est sollicité par les syndicats et le patronat français pour qu’une réunion soit organisée, afin d’arrêter le mouvement des grèves qui s’est épanoui au mois de mai. Dans une atmosphère de liesse, les ouvriers et les employés ont en effet occupé leurs lieux de travail, entretenant avec un soin jaloux les machines au son de l’accordéon. Il y a plus de 6 millions de journées de grève comptabilisées au total : pour l’économie française, pour le patronat et pour les salariés eux-mêmes, il faut en sortir.

2   UNE RÉUNION TRIPARTITE

La tenue de la réunion tripartite dans la résidence même du président du Conseil, à l’hôtel Matignon, est le signe d’un temps nouveau : désormais, les négociations se font sous le regard d’un gouvernement qui n’est plus systématiquement aux côtés des patrons. Le problème des grèves est cependant compliqué par leur caractère spontané : assez souvent, l’initiative en a échappé aux syndicats et a suscité l’espoir, notamment parmi le courant de la gauche révolutionnaire dirigé au sein de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) par Marceau Pivert, de pouvoir faire naître du mouvement de 1936 une révolution sociale. Néanmoins, au mois de juin, la Confédération générale du travail (CGT) tire en termes d’adhésion le bénéfice des grèves et peut arguer de sa position de force pour s’asseoir à la table des négociations.

Celles-ci durent deux jours. Leur résultat est une augmentation moyenne de 12 p. 100 des salaires et la signature de conventions collectives par branches garantissant l’exercice des droits syndicaux dans les entreprises ainsi que la nomination de délégués du personnel. Les lois sociales (semaine de quarante heures, congés payés de quinze jours) viennent compléter le dispositif.

3   LA FIN DES GRÈVES

La question de la persistance des grèves est alors résolue, au soulagement des radicaux et de la SFIO, par le Parti communiste, soucieux de ne pas se laisser dépasser par l’extrémisme de sa base : Maurice Thorez affirme clairement, contre Marceau Pivert qui s’écriait « tout est possible «, « qu’il faut savoir arrêter une grève «. Le mouvement, de fait, cesse vers le milieu du mois de juin.

Plus encore que par leur contenu, somme toute assez modeste si on le compare aux lois adoptées à la Libération ou aux accords de Grenelle de mai 1968, les accords de Matignon ont fait date parce qu’ils ont été les premiers à avoir été signés par les trois partenaires du dialogue social : le patronat, les syndicats et le gouvernement. Dans la perspective keynésienne de lutte contre la crise qu’avait choisie Blum, il s’agissait de permettre une relance par la consommation non seulement des ouvriers, mais aussi des classes moyennes qui, effrayées par l’arrivée au pouvoir du Front populaire, terrifiées par l’ampleur des grèves, avaient hermétiquement fermé leur bas de laine. En la matière, l’échec a été à peu près total : dès le mois de septembre, l’inflation avait annulé l’effet des augmentations de salaires. Cependant, les accords de Matignon marquèrent, dans nombre d’entreprises, pour beaucoup de salariés, la fin ou tout du moins la remise en cause du patronat de « droit divin «.

Liens utiles