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mentalités, histoire des

Publié le 13/04/2013

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histoire

mentalités, histoire des, étude de l’évolution des représentations mentales des individus et des sociétés.

L’histoire des mentalités constitue, depuis le début des années soixante, l’un des champs les plus féconds de la recherche historique (voir histoire de l'histoire). Elle est un élément essentiel de ce que Jacques Le Goff a défini comme la « nouvelle histoire «.

L’histoire des mentalités est le résultat de la rencontre de l’anthropologie historique, de l’histoire sociale et de l’histoire culturelle. Un grand nombre de travaux historiques de nature très diverse y font référence et peuvent y être, partiellement ou entièrement, rattachés. De la thèse de Michel Vovelle sur Piété baroque et déchristianisation en Provence au siècle des Lumières (1973) aux travaux d’Arlette Jouanna sur la noblesse au XVIe siècle, des analyses de Jean Starobinski sur l’art de la fin du XVIIIe siècle aux travaux menés par Yves-Marie Hillaire et Jean-Marie Mayeur sur la religiosité aux XIXe et XXe siècles, l’histoire des mentalités semble être une préoccupation inévitable des historiens.

Le champ d’étude des mentalités — aux contours d’ailleurs très flous, et revendiqués comme tels par Jacques Le Goff — a acquis sa légitimité dans le sillage des travaux de Robert Mandrou au début des années soixante, mais il était déjà présent dans les questions que posaient les travaux de Georges Lefebvre, dès les années vingt, sur les mécanismes de la Grande Peur.Il était présent aussi dans les travaux biographiques de Lucien Febvre sur François Rabelais ou Martin Luther. Lucien Febvre, maître de Robert Mandrou, cofondateur avec Marc Bloch de l’école des Annales, peut être considéré comme le premier historien à avoir tenté d’identifier le domaine de l’histoire des mentalités.

À la base, une interrogation : « Comment reconstituer sans sources directes la façon dont les Hommes voyaient le monde et dont ils se l’appropriaient ? «. Alors que l’histoire sociale classique disposait de sources directes, comme les mercuriales, aucune source ne semblait disponible pour ceux qui s’intéressaient à l’histoire des mentalités. Ils ont donc dû « inventer les sources « selon une expression significative ; ils ont dû relire la documentation disponible selon d’autres grilles de lecture, les ex-voto devenant objets de comptabilité, les pastorales des évêques étant scrutées pour l’image qu’elles donnent des fidèles. Ces approches nouvelles se sont inspirées des travaux de l’ethnologue Lucien Lévy-Bruhl sur « la mentalité primitive « (1922) et des travaux du pédagogue Henri Wallon qui, en 1928, a mis en parallèle mentalité primitive et mentalité enfantine. Comme en matière d’anthropologie historique — avec laquelle les intersections sont très nombreuses —, l’histoire en matière de mentalités s’est nourrie des acquis méthodologiques et conceptuels des nouvelles sciences de l’Homme.

Une seconde question posée par l’histoire des mentalités a obsédé Lucien Febvre, celle de l’articulation entre les comportements individuels et les comportements collectifs — celle de la charnière entre la biographie et l’histoire sociale. Michel Vovelle, évoquant en 1985 l’ouvrage décisif de Carlo Ginzburg le Fromage et les Vers, affirme que les thèses cosmogoniques du meunier excentrique mis en accusation à deux reprises par l’Inquisition permettent de retrouver « le typique à travers l’atypique «. En effet, dans cet ouvrage, on peut observer les réactions d’une société rurale face aux élucubrations hérétiques de Menocchio, le meunier.

L’histoire des mentalités, récupérant le questionnement sociologique des « récits de vie « (témoignages d’origine souvent populaire non destinés à publication), propose aussi une approche « micro-historique « dont le caractère démonstratif est incontestable : le journal du sire de Gouberville étudié par Madeleine Foisil, ou celui de Jacques-Louis Ménétra, publié par Daniel Roche, sont deux exemples de ces approches individuelles des mentalités collectives.

À noter, cependant, que l’histoire des mentalités présente des risques certains, lesquels ont été dénoncés avec vigueur par Michel de Certeau et Paul Veyne, qui considèrent que l’engouement pour ce domaine traduit plus une mutation de la société des historiens qu’un progrès de leur discipline. Pourtant, cette approche a incontestablement donné à l’étude historique une épaisseur et une saveur nouvelles.

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