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Niveaux, usages et altérations du langage. ANDRÉ OMBREDANE.

Publié le 22/02/2012

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langage
La définition selon laquelle le langage serait le moyen par lequel l'homme exprime ses idées est aussi pauvre que classique 1. Le langage a des fonctions différentes ; pour la clarté du vocabulaire, nous dirons qu'il y a des usages différents de la fonction du langage et que ces usages se situent à des niveaux différents de l'évolution. Dans des travaux antérieurs nous avons distingué cinq usages fondamentaux du langage. 1° L'usage affectif. 2° L'usage ludique. 3° L'usage pratique. 4° L'usage représentatif. 5° L'usage dialectique.... Dire que ces usages se succèdent dans l'évolution du langage enfantin ne veut pas dire qu'ils s'éliminent progressivement les uns les autres. Ils se retrouvent tous dans le langage de l'adulte où ils se combinent en des proportions variables selon les situations, le caractère et les attitudes de celui qui parle.... Dans l'évolution et dans la hiérarchie de ces usages on peut voir une progression du plus spontané (ou automatique) vers le moins spontané, du moins volontaire vers le plus volontaire. On peut aussi, selon la terminologie jacksonienne, répartir ces usages en deux groupes : celui des usages inférieurs et celui des usages supérieurs. On comprendra dans le groupe des usages inférieurs l'usage affectif, l'usage ludique, l'usage pratique, et dans le groupe des usages supérieurs l'usage représentatif et l'usage dialectique. On peut se demander dans quelle mesure il est permis de parler de langage spontané. BALLY a insisté sur le fait que le langage est fait de signes, non d'indices, l'indice étant la manifestation spontanée, involontaire, d'une disposition ou d'une affection, le signe étant le mouvement imitatif et volontaire auquel s'attache une intention expressive. Aussi bien nous semble-t-il commode d'emprunter à BALLY sa distinction entre le langage déterminé par la situation et le langage déterminé par procédé. Mais du point de vue de l'évolution normale et de la dissolution pathologique du langage, il y a lieu de suivre le progrès de l'indice vers le signe et la régression du signe vers l'indice. On découvre ainsi un phénomène d'une très grande importance, à savoir que dans les conditions normales du langage, à chacun de ses usages correspond en fait une structure particulière de la phrase et que, dans les usages inférieurs, cette structure comporte normalement des modifications profondes qui sont étroitement comparables aux agrammatismes des aphasiques.... La facilitation par la situation vient jouer dans les usages inférieurs du langage : usage affectif, usage ludique et usage pratique. C'est ainsi que les exclamations et les jurons apparaissent avec une fréquence d'autant plus grande, sont émis avec d'autant plus d'impulsivité, que l'emploi représentatif des mots est plus difficile et provoque une plus grande tension affective. Des malades qui arrivent tant bien que mal à dire spontanément ce qu'ils veulent, émettent peu de jurons. Au contraire, un malade dont le tâtonnement verbal, pour peu qu'il se prolonge, aboutit rapidement à des émissions palilaliques, donne beaucoup d'exclamations et de jurons.

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