Liberté du langage à l'égard des structures biologiques héréditaires. ANDRÉ OMBREDANE.
Publié le 22/02/2012
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Un fait frappant est que le langage ne répond pas à une nécessité organique, comme il en va de la respiration et de la locomotion.
Le langage n'a pas d'organes propres, mais seulement des organes d'emprunt dont la variété peut être considérable.... La parole obéit si peu à un déterminisme congénital qu'il suffit de l'insuffisance de l'audition pour qu'elle ne se développe pas spontanément....
Il y a plus : l'absence congénitale ou la suppression opératoire d'organes indispensables en apparence au langage articulé, n'entravent pas l'exercice de la parole. Les sujets dont le larynx a été extirpé pour cancer reviennent à une parole très compréhensible. Les cordes vocales ne vibrent plus, mais les impressions sonores sont rendues par des bruits consonantiques émis aux points d'articulation des phonèmes. Par exemple, la voyelle u sera rendue par une explosion gutturale. On voit même qu'une sorte de glotte vicariante peut être constituée par un repli oesophagien. Des paralysies labiales totales, des agénésies du palais, des extirpations de la langue, ne s'opposent pas à une expression suffisante. Le sujet privé de langue émet des dentales en pressant ses lèvres contre le rebord alvéolaire des mâchoires. Les sifflantes sont produites par le rapprochement des deux rebords dentaires. Même les linguales sont ébauchées par des soulèvements du plancher de la bouche sous l'action des fibres restantes du génioglosse.
Cela vient corroborer ce que les linguistes, particulièrement de SAUSSURE 1, ont dit depuis longtemps, à savoir que ce qui importe dans le langage articulé ce n'est pas l'émission rigoureusement déterminée dans son détail de tels phonèmes, mais la possibilité d'utiliser un système suffisant d'oppositions phonatoires.
ANDRÉ OMBREDANE.
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