Nora, Pierre

Nora, Pierre (1931- ), historien et directeur de collections, initiateur d’une nouvelle historiographie.

Né à Paris et fils de chirurgien, Pierre Nora s’oriente d’abord vers la littérature (licence ès lettres et en philosophie) avant d’obtenir, en 1958, l’agrégation d’histoire. Il enseigne pendant quelque temps les lettres au lycée d’Oran, en Algérie (1958-1960). À son retour, il publie les Français d’Algérie (1961). Puis, de 1961 à 1964, il est pensionnaire de la fondation Thiers.

À cette époque, les éditions Julliard puis Gallimard lui confient la création de collections historiques. En 1964, il lance chez Julliard la collection « Archives «, dont le principe est de rendre la documentation historique accessible à tous. Puis en 1966, parallèlement à sa nouvelle fonction de directeur littéraire chez Gallimard, il fonde la « Bibliothèque des sciences humaines « (Julliard), où sont notamment publiés Georges Dumézil et Michel Foucault. En 1970, il crée la collection « Bibliothèque des Histoires « chez Gallimard, qui révèle au grand public les historiens des Annales et favorise l’éclosion de recherches importantes.

Nommé directeur de l’École pratique des hautes études en 1976, il se lance entre 1984 et 1993 dans l’élaboration d’une série d’ouvrages particulièrement novateurs par la démarche historique qui les sous-tend — les Lieux de mémoire —, dans lesquels il procède à un inventaire original des lieux, écrits, monuments et symboles de la mémoire nationale.

Parallèlement, il fonde en 1980 avec Marcel Gauchet la revue le Débat, qui rompt avec la traditionnelle volonté d’engagement des intellectuels, lui préférant l’analyse politique, sociale ou historique, et ne dédaignant pas certaines formes de polémique, comme l’atteste la querelle lancée à l’occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française. Cette publication donne volontiers la parole à la nouvelle génération d’intellectuels, représentés par Alain Finkielkraut, Gilles Lipovetsky ou Luc Ferry.

En juin 2001, Pierre Nora est élu à l’Académie française, qu’il intègre l’année suivante.