Nyerere, Julius Kambarage

Nyerere, Julius Kambarage (1922-1999), homme politique et premier président de la République de Tanzanie (1962-1985), précédemment République du Tanganyika (1962-1964).

Fils d'un petit chef du Butiama, sur le territoire de ce qui était alors le mandat britannique du Tanganyika (colonie allemande de 1891 à 1919), Julius Kambarage Nyerere reçoit une formation d'enseignant. Ce catholique se lance en politique en 1954 et fonde la Tanganyika African National Union (TANU) ; il devient président du Conseil après la victoire de la TANU aux élections de 1960. Nyerere est Premier ministre lorsque le pays accède à l'indépendance, dans le cadre du Commonwealth, en 1961, mais démissionne au début de l'année suivante, pour se consacrer entièrement à la restructuration de la TANU. En décembre 1962, il est élu président de la République du Tanganyika. En 1964, consécutivement à une révolte d'inspiration marxiste sur l'île de Zanzibar, placée sous domination arabe, et après que le Sultan a été renversé, Nyerere unifie ces deux territoires, qui constituent la République unie de Tanzanie, dont il est le président. À la tête d'une république gouvernée par un parti unique, il joue un rôle éminent dans les mouvements de libération africaine, offrant notamment refuge aux membres du Congrès national africain (ANC), ainsi qu'à de nombreux rebelles du Zimbabwe (alors Rhodésie du Sud), du Mozambique, d'Angola et d'Ouganda. En 1978, sous son commandement, l'armée tanzanienne pénètre en Ouganda pour renverser le dictateur Idi Amin Dada.

Fervent défenseur de la culture africaine traditionnelle, Nyerere préconise l'usage du swahili, une langue africaine. Sous sa présidence, la Tanzanie devient le seul pays du continent noir à avoir pour langue officielle une langue locale. Partisan du Commonwealth, il traduit des œuvres de Shakespeare en swahili. Son gouvernement met l'accent sur l'ujamaa (« communauté « en swahili), une forme de socialisme rural à la « chinoise «, qui est l'aspect le plus original de son action politique. Nyerere s'investit activement dans l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et se fait l'un des chantres de l'africanisation. Il démissionne de sa fonction de président de la Tanzanie en 1985, mais tient encore les rênes de la TANU, le parti au pouvoir, jusqu'en 1990. À cette époque, la Tanzanie affronte de graves problèmes économiques inhérents à l'instauration par Nyerere d'une économie socialiste agraire. Engagée sur la voie du multipartisme, qui touche le continent africain à la fin des années quatre-vingt, la Tanzanie, rompant avec les idées marxistes, s'ouvre au libéralisme.

Quoi qu’il en soit, Nyerere a conservé jusqu’à sa mort une certaine influence sur la conduite des affaires de l'État ; en outre, le pays a préservé l'évolution de son système éducatif et, malgré les rivalités ethniques, un sens marqué de l'unité nationale.