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Oeuvre: Lettre à Ménécée d'EPICURE (2 de 2)

Publié le 22/02/2012

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epicure

2) Désirs naturels nécessaires et désirs naturels non nécessaires. Si les désirs illimités ne sont ni naturels, ni nécessaires, certains désirs sont des désirs naturels mais non nécessaires. La faim, la soif sont des désirs naturels et il est indispensable de boire et de manger. Mais il n’est pas nécessaire de boire telle boisson ou de manger tels mets raffinés. Il se peut qu’il y ait plus de désagrément à la clé que de plaisir. Car la mesure à l’aune de laquelle tout doit être mesuré est le plaisir c’est-à-dire l’absence de souffrances. « La limite et la grandeur des plaisirs est l’élimination de tout ce qui provoque la douleur «. Maxime principale III. Epicure enseigne donc la nécessité d’une métriopathie c’est-à-dire d’un calcul salutaire des plaisirs et des peines. Il convient en chaque circonstance d’apprécier, par un exercice rigoureux du raisonnement, le moyen le plus adapté à la fin poursuivie (le plaisir). Le résultat de cette opération conduit parfois à refuser un plaisir immédiat ou à accepter une souffrance momentanée si c’est la condition d’un plaisir supérieur futur. L’important est de maximiser la somme des plaisirs et de minimiser les peines. Le secret d’une vie heureuse réside donc dans une maîtrise des désirs propre à éviter les déconvenues auxquelles expose leur spontanéité. Par exemple, le sage se méfie de l’amour. Aimer fait souffrir. Peur de perdre l’être cher, jalousie, affres du tiédissement de la passion etc. Aux pièges de l’amour, les épicuriens préfèrent le plaisir calme de l’amitié, sa constance, sa manière de s’approfondir par le commerce quotidien. Vivre entouré d’amis, se prêter mutuellement secours, entretenir des conversations pleines d’intérêt, tel est l’idéal de la relation humaine dans le Jardin. « Parmi tout ce que la sagesse se procure en vue de la félicité d’une vie tout entière, ce qui de beaucoup l’emporte est l’amitié «.Maxime principale XXVII. « L’amitié encercle le monde par sa danse, conviant chacun à la vie bienheureuse « Sentence vaticane 52. Cela ne signifie pas que les plaisirs érotiques soient exclus. Nul plaisir n’étant un mal, il n’y a pas l’ombre d’une condamnation des plaisirs de l’amour charnel dans l’épicurisme, mais il faut savoir éviter tous les dangers qu’ils comportent. Aujourd’hui par exemple, le risque du sida si on ne fait pas preuve de prudence. Lucrèce recommande les services de la « Vénus vagabonde « (la prostituée; les amours de rencontre) afin de jouir des plaisirs des sens sans s’exposer aux souffrances de l’amour. D) On peut supporter la douleur Quelle que soit sa vertu, le sage n’est pas à l’abri de la douleur. Les maladies sont des phénomènes naturels avec lesquels il faut compter. Epicure en sait quelque chose qui toute sa vie fut un grand malade. PB : Comment maintenir inaltéré le bonheur du sage lorsqu’il est confronté à l’épreuve de la douleur ? Comme toujours il faut se dire un certain nombre de choses, il faut agir sur soi par des représentations. Ainsi, dans l’adversité il faut se répéter des aphorismes de ce type : « Un douleur forte est brève, une douleur prolongée est faible «. Lignes 186. 187. « Le mal le plus extrême est étroitement limité quant à la durée ou quant à l’intensité «. Ainsi se dispose-t-on à faire face à la douleur aiguë et à supporter sereinement la douleur modérée. On peut aussi équilibrer une douleur actuelle par le souvenir de plaisirs passés ou par l’anticipation de plaisirs futurs. Le sage peut ainsi tenir en respect le mal qu’il subit en sauvant quelque chose du souverain bien. C’est ce que Epicure fait au dernier jour de sa vie, lorsque déchiré par les douleurs de la maladie qui l’emporte, il se donne, grâce au souvenir des agréables conversations qu’il a eues avec Idoménée, un plaisir présent. La représentation d’un plaisir passé ou futur est en elle-même un plaisir. Au fond, Epicure propose une stratégie d’évitement du mal. Se distraire de la souffrance en concentrant son attention sur le souvenir ou l’anticipation d’un plaisir est une manière d’échapper à ce que le présent a de douloureux et d’insuffler en lui une possibilité de plaisir par les moyens de l‘autosuggestion. Il y a là une façon de voir que dans l’adversité, il n’y a de remède qu’en soi-même. NB : Aujourd’hui l’héroïsme de la sagesse a fait place à la morphine et aux psychotropes. Nul doute qu’Epicure conseillerait la morphine, car si l’homme peut éviter de souffrir ce n’est pas un épicurien qui s’en plaindrait. Pour les psychotropes, la question est plus délicate. La psychiatrie la plus efficace et la plus vertueuse se nomme philosophie pour un amoureux de la sagesse. En ce sens, n’y a-t-il pas, dans le recours aux molécules qui euphorisent ou qui apaisent le dépressif une manière de renoncer à l’acte de foi des grandes philosophies à savoir que nous avons pouvoir sur le plan moral pour être notre propre médecin ? On sait que le freudisme disqualifie radicalement cette croyance. « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison «. Il s’ensuit qu’on ne se libère pas d’une souffrance psychique par la puissance du raisonnement et de la volonté. Ce qui était dans les grandes sagesses, une tâche personnelle, d’ordre spirituel et moral devient avec Freud une tâche médicale. Pour les théories psychologiques de la souffrance mentale, la médecine se nomme psychothérapie. Pour les conceptions biologiques, la médecine se nomme médicaments. Conclusion : L’enjeu de cette philosophie est l’autosuffisance du sage. Il s’affranchit de tout ce qui peut le faire souffrir en réunissant les conditions d’un bonheur qu’il ne doit, en grande partie, qu’à lui-même.

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