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Pensez-vous comme rousseau, que les fables ne sont pas destinées aux enfants ?

Publié le 29/03/2014

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rousseau

Les fables sont depuis très longtemps enseignées aux enfants. Certains sont pour, d'autres contre, comme Rousseau qui juge qu'elles ne leur sont en aucun cas destinées. Nous allons donc essayer de répondre à la question suivante : "Pour cela, nous nous interrogerons en premier lieu sur l'aspect compliqué de la fable, sur sa forme, ses sujets, et sa morale. Puis nous nous intéresserons au côté divertissant de la fable. Et enfin, nous tenterons de nous faire un avis sur cette question. 

 

Tout d'abord, nous allons commencer par analyser les difficultés et les problèmes que peuvent poser les fables aux enfants. 

Les fables sont des récits difficiles à comprendre, de par le vocabulaire qui peut être très riche et/ou soutenu de l'auteur, qui peut gêner l'enfant dans sa compréhension. Ensuite, la forme poétique ajoute au vocabulaire, une autre difficulté à l'enfant : cela rend les phrases encore plus délicates à interpréter. De plus, les figures de style que l'auteur peut incorporer dans son oeuvre peut le perturber. Comment pourrait-il comprendre par exemple une métaphore ? Va-t-il se contenter de la prendre au mot, ou se demandera-t-il quel pourrait bien en être le sens caché ? Il ne s'attardera sûrement pas sur cette réflexion, et trouvera donc cette métaphore amusante, ou même encore surprenante mais n'aura pas saisi l'idée de l'auteur. L'ironie souvent présente dans les fables est également un obstacle à sa compréhension, il faut de l'expérience, du savoir, et du recul que n'ont pas les plus jeunes afin de la comprendre. 

La politique et la critique de la société sont des thèmes redondants dans les fables. Ces sujets sont en plus masqués par exemple par l'utilisation d'animaux comme personnages, comme le fait La Fontaine. Les enfants voient souvent simplement cette histoire amusante d'animaux qui parlent (s'ils arrivent à la comprendre, ce qui n'est pas le cas pour toutes les fables) et non pas une critique de la société et de la politique. Ils ne s'instruisent donc pas du tout avec ces fables. Et même s'ils en comprenaient le vrai sens, cela ne provoquerait chez eux qu'une grande désillusion et de nombreuses déceptions suite à la vision pessimiste que l'auteur des fables a sur la société. Les problèmes politiques dont les adultes se soucient ne devraient pas être partagés avec les enfants, qui sont innocents par nature et qui ne doivent pas perdre cette innocence trop tôt. 

La morale véhiculée dans une fable, peut être trop difficile à comprendre pour un enfant, et peut donc être mal interprétée. Comme le dit Rousseau dans Emile ou De l'éducation : "Au lieu de s'observer sur le défaut dont on les veut guérir ou préserver, ils penchent à aimer le vice avec lequel on tire parti des défauts des autres", les enfants préfèrent s'identifier au "gagnant" de l'histoire, plutôt qu'au "perdant" ridiculisé, comme par exemple dans "Le Corbeau et le Renard" de La Fontaine où le corbeau perd lamentablement son fromage suite aux flatteries du renard : l'enfant s'identifiera au renard plutôt qu'au corbeau, qui a réussi grâce à sa ruse à voler son adversaire. Les fables poussent donc l'enfant au vice plutôt qu'à une réflexion sur ce qui est bien, ou mal. De plus, tout cela lui fait découvrir de nombreux défauts humains tels que l'hypocrisie, la cruauté ou encore la lâcheté qui peuvent le décevoir dans sa vision du monde qu'il avait auparavant. 

Les fables sont donc compliquées à comprendre pour un enfant, peuvent le pervertir mais nous allons voir qu'elles peuvent également être divertissantes et lui apporter quelquechose. 

 

La fable est un bon moyen de plaire et instruire à la fois, nous allons donc étudier l'intérêt qu'une fable a à être enseignée aux enfants. 

Les fables sont appréciées par les enfants grâce à leur côté amusant, provoqué par plusieurs facteurs. Tout d'abord, l'utilisation des animaux comme personnages qui rend le récit distrayant. Ensuite, les rimes, la composition des vers qui donnent du rythme au récit le rend encore plus agréable. Les histoires racontées, par exemple dans "Le Loup et l'Agneau" de La Fontaine : un agneau se désaltère tranquillement quand apparait soudain un loup qui lui veut du mal, captent l'attention de l'enfant et le divertissent. Les retournements de situation comme dans "Le Lièvre et la Tortue" (un lièvre et une tortue font une course, on s'attend à ce que le lièvre gagne, alors que c'est finalement la tortue qui l'emporte) renforcent encore le côté amusant de la fable. Et enfin, les fables sont de courts récits, qui sont donc plutôt simples à retenir pour les enfants, qui peuvent par exemple les apprendre à l'école. 

Les fables sont en quelque sorte une illustration, un exemple, afin de faciliter la compréhension d'une morale. Si vous sortez la morale de son contexte et demandez à un enfant de vous en expliquer le sens, il ne saura pas répondre, mais si vous lui montrez la fable dans son intégralité il réussira beaucoup plus facilement à le faire. Ce qui est en fait le principe même de la fable : la morale et le récit se complètent, et ce tout facilite la compréhension de l'enseignement que l'auteur souhaite véhiculer. 

Les fables, malgré leur aspect fantaisiste, apportent une image réaliste du monde. Elles offrent aux enfants un moyen de l'appréhender de manière agréable et en même temps efficace. Elles offrent une critique sur de nombreux sujet de la vie qui concerneront ou concernent déjà l'enfant qui la lit et le préparent donc à sa vie d'adulte, aux problèmes qu'il pourrait rencontrer dans ses relations aux autres et aux solutions qu'il peut découvrir grâce à elles. C'est ainsi une sorte de découverte du monde agrémentée d'histoires divertissantes pour l'enfant. 

Les fables peuvent donc leur être enseignées afin de les éduquer et de les divertir à la fois, mais toutes les fables sont-elles destinées et bénéfiques pour les enfants ? 

 

Les fables peuvent être utilisées afin d'instruire les enfants, mais peuvent aussi leur montrer un mauvais exemple. C'est pour cela qu'il est indispensable de les sélectionner car elles ne leur sont pas toutes adaptées. 

Certaines fables, sont plutôt courtes et simple à comprendre, d'autres peuvent être plus longues et avoir un sens beaucoup plus subtil et donc difficile à interpréter pour les plus jeunes. Certaines, comme par exemple "La Cigale et la Fourmi" ou bien "La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf" sont courtes et assez claires pour être enseignées, les morales sont simples et sont des leçons de base de la vie (dans "La Cigale et la Fourmi" il est question de partage et d'économie, leçons que l'enfant peut appliquer dès son plus jeune âge, et dans "La Grenouilles qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf", l'auteur transmet au lecteur qu'il faut savoir se contenter de ce que l'on est et qu'à vouloir être toujours meilleur on risque de tout perdre). 

Mais afin d'être sûr des bénéfices de la fable, un adulte (professeur, parent ou autre) doit en expliquer le sens à l'enfant, qui pourrait mal l'interpréter. Il est donc important que l'enfant ne se retrouve pas seul face aux fables, mais que cette découverte soit encadrée afin qu'il en retire un maximum d'avantages et en retienne le bon enseignement, et qu'il ne tombe pas dans le vice, comme l'explique Rousseau. Car même si certaines fables peuvent être comprises plus facilement, il est essentiel de s'assurer que l'enfant en ait bien compris la vraie morale, celle que l'auteur a voulu partager. 

L'apprentissage des fables des enfants, doit donc être encadré par des adultes, et une sélection des fables doit être faite, car elles ne sont pas toute destinées à un très jeune public. 

 

Nous pouvons dire maintenant, que les fables comportent des avantages, et des inconvénients. Elles peuvent être un très bon moyen d'instruire en amusant l'enfant si elles sont correctement enseignées. Mais elles peuvent également, si elles ne sont pas bien encadrées par un adulte être interprétées par l'enfant d'une façon complètement opposée à ce que l'auteur voulait faire comprendre par le biais de son récit. Et à la question "Les fables ne sont-elles pas destinées aux enfants, comme le pense Rousseau ?", nous pouvons maintenant répondre, que certaines le sont, et d'autres non. Qu'il est du devoir de l'adulte qui souhaite l'enseigner aux plus jeunes, de faire le tri et de savoir l'expliquer convenablement. Et cette question peut donc nous amener à nous en poser une autre, à savoir : "Comment peut-on juger qu'une fable est adaptée ou non à un enfant ?".

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