PEUR (psychanalyse)

ÉMOTION primaire suscitée par un danger menaçant et accompagnée de désir de fuir. Malgré le fait que la peur est un des éléments du vécu humain élémentaire et que la fuite est sans aucun doute l'une des réponses biologiques fondamentales, la psychanalyse n'a guère à dire sur la peur. Il y a deux raisons à cela. Premièrement, la psychanalyse s'intéresse d'abord à la pathologie; moyennant quoi, la peur a été éclipsée par l'ANGOISSE, quoique celle-ci soit parfois définie comme une peur irrationnelle; il arrive aussi qu'on définisse la peur comme « une angoisse objective ». Deuxièmement, l'importance donnée par Freud aux théories sur la dualité des instincts n'a pas laissé de place à un troisième instinct primaire; il en résulte que la psychanalyse s'appesantit sur la façon dont l'Amour et la HAINE peuvent être en CONFLIT l'une avec l'autre, s'inhiber mutuellement et même par moments se renforcer réciproquement (SADISME), mais qu'elle a peu de chose à dire sur la façon dont il peut y avoir interaction entre la peur d'une part et l'amour et la haine de l'autre. Vu la passion de Freud pour les antithèses et les contraires, cela vaut la peine d'observer qu'on pourrait imaginer un concept où la peur serait considérée comme l'opposé à la fois de l'amour et de la haine.