Peut-on penser par soi-même ?

Introduction :      Seule vérité qui résiste au doute, le cogito est ce par quoi tout commence. Il ne peut y avoir de connaissance que par l'activité cogitante de l'esprit qui découvre les idées en lui même. Penser par soi même, c'est avant tout penser sans influences, sans préjugés, sans doxa. Or, les idées claires et distinctes qui se donnent à moi dans le cogito ne sont pas en moi. Ce sont des réalités éternelles et infinies qui ne peuvent venir que d'un être éternel et infini : dieu. Qu'entend on par penser par soi même , si le cogito en est bien le 1er principe.    Dans un 1er temps, nous verrons la célèbre formule de Descartes : « je pense, donc je suis « qui est à la base de toute certitude de penser par soi même et de toute connaissance. Puis, nous montrerons dans un 2ème temps que rien n'est plus confus que cette expression que de penser par soi même, ce n'est jamais une idée claire et distincte.    Philosopher, pourtant n'est ce pas penser par soi même ?        Thèse :      Idée 1 : Le cogito est un outil à détruire les préjugés.  (Descartes) 

   - le cogito ne laisse rien subsister de notre illusion d'atteindre immédiatement et toute certitude les choses matérielles par la connaissance sensible.    - Ma seule certitude, c'est que je pense, et c'est en elle que se trouve le point de départ de toute connaissance de pensée par soi même.    - Penser par soi même n'a pas à chercher son origine hors de l'esprit.        Idée 2 : les sens ne nous donnent pas lieu à penser par soi même.    - les lois de l'âme et du corps sont telles que nous sentons les choses corporelles.    - On ne peut dire que les corps existent parce que nous les sentons, ni qu'ils existent tels que nous les sentons.    - Les sensations me font croire à l'existence des choses extérieures, mais ne prouvent rien.        Idée 3 : je pense est une réalité première.    On parle de vérité principe en 2 sens : ne repose sur aucune vérité antérieure ( vraie par elle même), et, permet de penser par soi même (fournit les critère de reconnaissance de vérité : indubitabilité de l'idée claire et distincte)        Antithèse :      Idée 1 : c'est à travers les autres que nous connaissons et de dieu.(Malebranche)    - dire que l'âme conçoit une idée, c'est dire qu'elle reçoit en elle une idée qui réside en dieu.    - Penser par soi même c'est participer à la pensée divine : en toute rigueur, seul dieu pense par lui même.    - Le point de départ de la philosophie ce n'est pas de penser par soi même, c'est la pensée de dieu.    - Dieu a en lui les idées de toutes les choses créées.        Idée 2 : l'origine de nos idées est entièrement divine.    - les empiristes ont tort d'attribuer aux idées une origine externe.    - Les idées ne sont ni en nous comme le sont les sensations, ni hors de nous, comme le sont les objets qu'elles représentent.    - Les idées sont dans la raison universelle qu'est dieu.        Idée 3 : dieu éclaire notre esprit. (Malebranche)    - les essences des choses matérielles nous révèlent à l'évidence que nous ne sommes pas à nous même notre propre lumière.    - Capables de penser par nous mêmes, nous voyons la connaissance dans la nature de dieu.    - L'attention est l'acte par lequel l'esprit se rend digne de penser par lui même.        Synthèse :        Toute homme possède en lui la faculté de penser par lui même, mais elle n'est au seuil de la vie de chaque homme qu'à l'état de simple possibilité. A sa naissance, l'homme peut potentiellement penser par lui même, mais il doit apprendre à réaliser effectivement sa pensée et à la développer jusqu'à atteindre la pensée conceptuelle qui en est la forme la plus achevée. L'éducation joue un rôle déterminant dans le fait de penser par soi même : ce qui pose le grave problème du conditionnement des esprits, car en apprenant à penser par lui même l'homme apprend des schémas et des modes de pensée dont il risque de rester prisonnier.        Conclusion :        La première certitude que le doute permet de mettre à jour est celle de la pensée : cogito, je pense. C'est sur cette certitude 1ère seule que l'édifice de la pensée par soi même peut être construit. Or, les idées claires et distinctes ne viennent pas de nous mêmes, elles viennent de la raison divine, à laquelle notre pensée participe.