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Poliakov, Léon

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Poliakov, Léon (1910-1997), historien français d’origine russe, dont les travaux sont consacrés à l’analyse de l’antisémitisme et de son histoire.

2   LE CDJC ET LE PROCÈS DE NUREMBERG

Né à Saint-Pétersbourg, Léon Poliakov quitte sa ville natale à l’âge de dix ans avec ses parents qui fuient la Révolution. Il achève ses études de droit en France. Pendant la guerre où il participe à la Résistance, il contribue à la fondation du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), qu’il rejoint dès la Libération de Paris. Après avoir soutenu une thèse de lettres, il entre au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) où il mènera sa carrière comme directeur de recherches.

Expert au procès de Nuremberg, il en rapporte à son issue quantité de documents d’archives pour le CDJC, dont celles d’Alfred Rosenberg ; il aura également permis au Centre d’acquérir les archives de la SS en France. Décidé à élucider les mécanismes de la Shoah, il publie en 1951 le Bréviaire de la haine. Ce livre est le premier ouvrage important sur l’essence et les mécanismes de la « solution finale «. Il avait été précédé de l’Étoile jaune (1949) et sera suivi des Juifs sous l’occupation italienne (1955).

3   L’HISTOIRE DE L’ANTISÉMITISME

Léon Poliakov, tout comme Jules Isaac, ne croit pas à la génération spontanée d’un antisémitisme nazi sans origine ni racines. Aussi entreprend-t-il l’immense travail de son Histoire de l’antisémitisme, dont la publication des quatre premiers volumes s’échelonne de 1955 à 1977.

Deux thèses majeures orientent ces travaux : premièrement, l’antisémitisme est racial avant d’être religieux ou théologique et, en ce sens, l’essor de la scientificité au siècle des Lumières est un moment clé. Deuxièmement, il doit être considéré comme reflet des mentalités dans toute la culture, et non seulement dans les discours explicitement antisémites (mentalités, histoire des). Ce dernier point de méthode rapproche Léon Poliakov de l’« histoire des mentalités « de Philippe Ariès.

Le cinquième tome de l’Histoire de l’antisémitisme (1994), travail de collaboration avec une équipe internationale, est consacré à l’antisémitisme contemporain. Celui-ci n’a jamais cessé d’occuper Léon Poliakov, comme en témoignent De l’antisionisme à l’antisémitisme (1969) et De Moscou à Beyrouth : essai sur la désinformation (1983).

4   PROLONGEMENTS

À l’antisémitisme, font pendant certaines thèses que Léon Poliakov analyse. Le Mythe aryen, publié en 1971, fait la généalogie du racisme fantasmatique. La Causalité diabolique (deux volumes, 1980 et 1986) déconstruit les « théories du complot « sur lesquelles reposent les idéologies meurtrières. Ces idéologies sont celles des Totalitarismes du xxe siècle (1987), que Poliakov étudie dans le sillage d’une problématique inaugurée par Hannah Arendt et poursuivie par Raymond Aron. Léon Poliakov regarde volontiers ce dernier comme l’un de ses maîtres.

L’analyse de l’antisémitisme s’étaye aussi d’une importante pensée de la minorité : l’Impossible choix (1994) porte un regard sur les juifs comme minorité et sur les ambiguïtés de l’assimilation. Léon Poliakov a également contribué à l’étude de minorités non-juives (l’Épopée des vieux croyants, 1991) ou juives elles-mêmes au sein du judaïsme (les Samaritains, 1991).

Les actes des Colloques de Cerisy-la-Salle que Léon Poliakov a organisés en 1975, 1978 et 1980 rendent compte de l’orientation de ses travaux et de leurs implications dans le monde intellectuel contemporain. Léon Poliakov a retracé son parcours et sa vie dans l’Auberge des musiciens (1981).

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