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Printemps de Prague

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Printemps de Prague, nom donné à la période du 5 janvier au 21 août 1968 en Tchécoslovaquie, durant laquelle Alexander Dubček a libéralisé le système communiste avant de se heurter à l’intervention militaire des forces du pacte de Varsovie qui ont rétabli l’ordre et fait rentrer le pays dans le rang, au nom de la doctrine de la « souveraineté limitée «.

2   UN PROFOND ÉLAN CONTESTATAIRE

Entrée dans l’orbite soviétique dès l’après-guerre, la Tchécoslovaquie est, depuis 1957, soumise au régime stalinien du président et premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque (PCT), Antonín Novotný. Mais, en 1962, lors du XIIe Congrès du PCT, Novotný s’affronte à un courant réformateur qui condamne le culte de la personnalité et obtient la réhabilitation des hommes politiques condamnés à l’époque du coup de Prague (1948). Ce même courant le rend responsable de la crise économique et de l'immobilisme qui caractérisent le système tchécoslovaque. S’appuyant sur les débats du XXe Congrès du PCUS et sur l’instauration de la déstalinisation en URSS, les réformateurs affirment enfin la possibilité de dégager un socialisme tchécoslovaque spécifique, non aligné sur l’idéologie du Parti communiste soviétique.

En 1967, dans un contexte où l’URSS brejnévienne revient sur les ouvertures voulues par Khrouchtchev et entend reprendre en main les partis communistes frères, cette opposition, appuyée sur un profond courant de sympathie populaire, conquiert le PCT.

Le 5 janvier 1968, Novotný cède ses fonctions au secrétaire du Parti pour la Slovaquie, Alexander Dubček, avocat d'un « socialisme à visage humain «. En mars, Novotný renonce à la présidence de la République, qui revient au général Svodoba.

Le nouveau pouvoir, qui se déclare fidèle aux principes du socialisme et n’entend pas rompre avec le bloc soviétique, réclame cependant, avec audace, une plus grande liberté de pensée et d'expression. Sa doctrine est exposée dans un « programme d'action « (début avril 1968) : les règles du parti unique et la censure sont abolies, la liberté de circuler hors des frontières est instaurée, les prisonniers politiques sont libérés ; la mise en œuvre de nouvelles structures fédérales et la décentralisation du système économique et bureaucratique sont envisagées.

3   RÉPRESSION ET NORMALISATION

Ce programme préfigure très en aval les réformes mises en œuvre par Mikhaïl Gorbatchev en URSS au milieu des années quatre-vingt. En amont, il renvoie aux revendications des mouvements protestataires s’étant élevées depuis 1947-1948 dans le camp communiste.

Bien que le mot de rupture n’y soit pas mis en avant (plutôt celui d’autonomisation), ce programme représente donc un précédent menaçant l'hégémonie soviétique sur l’Europe de l’Est. Menace d’autant plus pesante que la prise du pouvoir par les réformateurs reçoit le soutien de la population, d’abord des intellectuels, puis des milieux contestataires slovaques, enfin des ouvriers.

La réaction de Moscou ne se fait pas attendre. En accord avec la République démocratique allemande (RDA) et la Pologne, qui craignent, elles aussi, une contagion démocratique à partir de la Tchécoslovaquie, Leonid Brejnev ordonne le 21 août 1968 l'occupation du pays par les troupes du pacte de Varsovie. Seule la Roumanie de Ceauşescu et la Yougoslavie de Tito refusent de cautionner cette intervention, pendant de celles de 1953 en RDA et de 1956 à Budapest (voir Berlin, manifestations de et Budapest, insurrection de).

Malgré la résistance de la population praguoise et l'immolation de l'étudiant Jan Palach, aussitôt élevé au rang de martyr, Moscou impose la normalisation politique par la force, mais aussi grâce à l’indécision de la majorité d’un PCT, trop peu préparé pour assumer ou vouloir assumer la réforme.

En avril 1969, Dubček est remplacé comme premier secrétaire du PCT par Gustav Husák. Entre-temps et par la suite, de vastes purges, touchant des centaines de milliers de militants du PCT, permettent d’éradiquer la contestation des canaux servant d’habituelles courroies de transmission à l’autorité soviétique.

Pour Brejnev, l'écrasement du Printemps de Prague fournit l'occasion de réaffirmer la toute-puissance soviétique sur les pays de l’Est et, in fine, d’adresser au camp de l’OTAN un message clair sur sa détermination à protéger l’univers communiste des sirènes de la démocratie (vantée notamment par radio Free Europe).

La « doctrine de la souveraineté limitée « (ou « doctrine Brejnev «) interdisant quasiment toute autonomie politique ou diplomatique aux membres du pacte de Varsovie est instaurée. Moscou est en position d’imposer sa seule volonté, contre le vœu majoritaire des Tchécoslovaques, avides de démocratisation et contre celui des dissidents soviétiques, qui dénoncent l’intervention au risque d’être condamnés au Goulag.

4   LE LEGS DU PRINTEMPS DE PRAGUE

Les partis communistes italien, roumain et yougoslave protestent énergiquement contre cet autre coup de Prague et le Parti communiste français le condamne. L'intervention militaire et les purges anéantissent cependant tout espoir de changement. « Avec le Printemps de Prague s’achève l’illusion de la réformabilité volontariste du socialisme soviétique « à laquelle avaient pu faire croire les ouvertures khrouchtchéviennes (Georges Mink, Vie et mort du Bloc soviétique, 1997).

Cette brutale normalisation n’empêche cependant pas la survie d’une contestation menée, en dépit de la répression, par une intelligentsia réunie autour du mouvement clandestin de la Charte 77. Néanmoins, il faut attendre la chute du communisme, lors des révolutions démocratiques de 1989, pour qu’à l’issue de la révolution de Velours, la Tchécoslovaquie s'engage définitivement dans la voie des réformes, sous la houlette du président Václav Havel, et qu’elle réhabilite les acteurs du Printemps de Prague, à commencer par Alexandre Dubček.

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