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PROPHETIE DE RONSARD

Publié le 08/04/2011

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ronsard

« Avant le temps, tes tempes fleuriront, De peu de jours ta fin sera bornée, Avant ton soir se clora ta journée, Trahis d'espoir tes pensers périront. Sans me fléchir tes écrits flétriront, En ton désastre ira ma destinée, Ta mort sera pour m'amour terminée, De tes soupirs tes neveux se riront. Tu seras fait du vulgaire la fable, Tu bâtiras sur l'incertain du sable, Et vainement tu peindras dans les deux. « Ainsi disait la Nymphe qui m'affole, Lors que le ciel pour sceller sa parole D'un dextre éclair fut présage à mes yeux. Explication littérale: Fleuriront : blanchiront. Muret commente en ces termes : « deviendront blanches et chenues. Ainsi lisons-nous souvent aux vieux romans, la barbe fleurie pour la barbe blanche. « — Trahis d'espoir : trompés dans leurs espérances. — Ira ma destinée : Muret explique : « Il semblera que je ne sois née que pour te rendre malheureux «.

Ta mort... : Ta mort sera déterminée par mon amour; amour au XVIe siècle était féminin au singulier comme au pluriel. — Tes neveux : tes descendants (sens latin : nepotes). — Vulgaire : Adjectif substantivé à l'imitation des poètes antiques. De même: l'incertain du sable est plus expressif que le sable mouvant. — La Nymphe : La Cassandre de Ronsard identifiée avec la Cassandre antique. — Pour sceller : pour prouver la véracité de la prédiction; un contrat n'était valable que lorsqu'il portait le sceau. — Un dextre éclair : Muret explique le présage : « On pensait anciennement que les foudres et les éclairs du côté gauche fussent signes et présages de bonheur, et ceux du côté droit, de malheur. Telle est l'opinion des Latins : car les Grecs au rebours pensaient du côté droit être heureux... « Commentaire. Ronsard joue sur le nom de Cassandre, qui évoque pour lui la fille de Priam, l'infortunée prophétesse, qui prédit les malheurs de sa patrie sans être crue, et qui périt assassinée par Clytemnestre lorsque Agamemnon l'amena captive à Mycènes. La prédiction est triple : le poète mourra prématurément, il ne sera pas aimé, ses œuvres seront raillées par la foule. Les souvenirs de Pétrarque sont visibles. Celui-ci dans le sonnet 155 avait écrit : « L'amour feint de ne pas voir que mes tempes avant le temps fleurissent « et dans le sonnet 157 : « Je nage dans une mer qui n'a ni fond ni rivage, je laboure l'eau, je bâtis sui* le sable «. Cependant ces images ne produisent pas un effet disparate et conviennent au ton prophétique, toujours imagé et obscur. Les inversions répétées ajoutent à l'impression de mystère, qui était déjà sensible au XVIe siècle, comme en témoigne le commentaire de Muret.

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