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Quelle est la visée commune à ces trois textes ? Tous adoptent-ils la même stratégie ? Quel registre domine dans chacun d’eux ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Pour la correction… Devoir de type BAC

 

A. Question sur corpus.
Quelle est la visée commune à ces trois textes ? Tous adoptent-ils la même stratégie ? Quel registre domine dans chacun d’eux ?

 

Pour réponse  (développement) :

1er § : visée commune = dénoncer le théâtre…

1.       … En attaquant un homme de théâtre (attaque ad personam) ;

2.       … En attaquant le métier de comédien, au nom de la morale et de la religion ;

3.       … En mettant en évidence les méfaits économiques, sociaux et moraux du théâtre sur une population.

2d § : Mais, stratégies et registres différents

1.       Le texte 1 n’est pas tout à fait argumentatif : pamphlet qui n’entre pas dans le cadre d’un débat (registre polémique virulent et registre épidictique - blâme)

2.      Les deux autres textes sont d’argumentation directe (art de convaincre) et de registres essentiellement didactique et polémique. … Mais le texte 3 use d’un exemple argumentatif qui finit par composer un récit à valeur  inductive (cas particulier à cas général).

 

B. Commentaire.
Commentez le texte 3 à partir de « Supposons qu’au sommet de la montagne… « (l. 10) à la fin.

 

Problématique possible.

En quoi ce passage est-il révélateur de l’esprit des philosophes des Lumières ?

 

I – La critique virulente des conséquences néfastes du théâtre – registre polémique.

1.       Conséquences économiques

2.       Conséquences sociales

3.       Conséquences morales


II – Une argumentation originale.

1.       Un texte qui repose sur l’art de convaincre, de démontrer : structure très charpentée du passage (registre didactique).

2.       Un texte qui s’appuie sur un exemple argumentatif très largement développé : dimension « narrative «, à valeur inductive.

3.       Le recours à une « utopie « détruite (registres épidictique) : le thème de l’utopie, comme appui de l’argumentation est fréquent  au XVIIIème siècle…

 

Rédaction d’une partie (II = 3 §) et analyse de procédés littéraires à l’appui :

 

                Cette critique véhémente repose en outre sur une argumentation originale. On peut d’abord observer la structure très charpentée du passage.  En effet, le premier paragraphe se fonde sur une hypothèse, marquée par l’impératif répété : « Supposons que « (l. 10 et 12) ; la tournure vise à proposer au lecteur de réfléchir à partir d’un cas particulier explicité ensuite. Les cinq paragraphes suivants (§ 2 à 6) se terminent de manière systématique par le même terme, repris en épiphore : « préjudice «, qui désigne un inconvénient grave. La numération « premier « (l. 13) à « cinquième « (l. ) vise à présenter de manière claire et précise chaque effet néfaste du théâtre sur la population. L’argumentation prend donc la forme d’une démonstration. Les deux derniers paragraphes semblent interrompre cette énumération : « Tout le reste est facile à concevoir « (l. ) est une phrase qui invite le lecteur à poursuivre seul cette apparente « démonstration «, à la progression rigoureuse. La dernière phrase : « Ôtez quelques circonstances, vous retrouverez ailleurs d'autres Montagnons. « marque une généralisation. L’exemple argumentatif des Montagnons a une valeur inductive. L’argumentation est donc très efficace.

                Pourtant, à la lecture du texte, le lecteur peut être sensible à la dimension « narrative « du passage. En effet, l’exemple des « Montagnons «, ici proposé, est développé de manière si ample qu’il construit une sorte de tableau particulièrement efficace. Le cadre spatial renvoie clairement à un lieu précis, défini par son relief : « au sommet de la montagne dont je viens de parler « (l. 10) et sa situation : « chez les autres Suisses leurs voisins « (l. ) ; le contexte semble donc réaliste. Il met par ailleurs en scène des personnages, jamais individualisés, ni nommés puisque les termes qui les désignent sont vagues : « gens « (l. ), « on « (l. ). Ceux-ci sont surtout envisagés selon leur groupe familial : « sa femme, ses enfants « (l. ), par exemple, ou social, ainsi que le définit un champ lexical significatif : « ouvrier « (l. ), « marchands « (l. ), « Justicier « (l. ), « maître d’école « (l. ). Ces caractéristiques mettent en valeur une communauté unie par des liens simples évoquant une  société rustique, active et artisanale. L’exemple ainsi constitué s’appuie même sur une distance ironique de la part du narrateur lorsqu’il nomme : « M. le Justicier «  qui vise à se moquer de ces personnes aux mœurs un peu simples. Cette mini-société est progressivement décrite comme pervertie par l’irruption des spectacles en son sein.

                L’argumentation est en fait servie par le recours à une forme d’utopie détruite. En effet, la communauté, loin d’être référentielle à une population existant en Suisse, renvoie plutôt à une construction narrative très idéalisée : il s’agit d’un peuple heureux, organisé de manière idéale et le philosophe des Lumières met peu à peu en valeur la perversion dont elle est la victime. De ce point de vue, le registre épidictique s’appuie d’abord sur l’éloge de la communauté originelle, ainsi que l’indique un lexique appréciatif : « « zèle « (l. ), « industrieux « (l. ) puis sur un blâme, dû à la dégradation par le théâtre ; l’expression : « un Peuple aisé, mais qui doit son bien-être à son industrie (…), se ruine à l'instant qu'il veut briller «(l. ) repose sur une antithèse significative puisqu’elle oppose les termes « se ruine « à « briller «, pour mettre en évidence le retournement dramatique qu’a produit l’introduction du spectacle. La valeur exemplaire de ce peuple ainsi mis à mal vise à construire, négativment, un archétype social, moral cher au philosophe : Rousseau rêve d’une organisation communautaire qui s’appuierait sur des valeurs de travail, d’austérité et de simplicité et oppose essentiellement deux valeurs notées dans l’antithèse : « changeant la réalité contre l’apparence « (l. ) ; la figure de style souligne la futilité illusoire et dangereuse des faux-semblants qui font oublier ce qui est, pour Rousseau, l’essentiel. De même, la reprise du verbe « voir « (l.) dans l’expression : « d’abord pour voir et ensuite pour être vues «  vise à dénoncer le « spectacle «, pour exalter une société qui prône l’humilité et la simplicité rustique. Le texte dessine donc, en creux, la société idéale selon le philosophe.

 

Exemple de conclusion du commentaire

 

                En définitive, on a pu analyser la virulence satirique de la critique du théâtre sur laquelle repose ce passage. Rousseau en analyse surtout les conséquences néfastes, dans les domaines économiques, sociaux et moraux. L’originalité du texte réside, en outre, sur sa forme argumentative particulière : se fondant  sur une structure charpentée qui permet de développer l’art de convaincre et de démontrer, sous un registre didactique, le passage s’appuie largement sur un exemple argumentatif, à valeur inductive. Le public victime du théâtre est ici une sorte de population utopique dont nous découvrons progressivement comment elle est  pervertie. Ce passage est en conséquence révélateur de l’esprit des philosophes des Lumières : pour faire passer leurs idées, ces penseurs recourent fréquemment à des apologues, notamment des utopies, c’est-à-dire des récits mettant en scène un peuple heureux organisé idéalement. Ici, c’est plutôt sa dévalorisation qui est mise en scène pour donner force à une condamnation des spectacles. Le texte s’inscrit donc dans un débat général sur le bonheur au temps des Lumières : être heureux consiste-t-il à organiser sa vie selon des valeurs naturelles et frugales, comme Rousseau le pense ? D’Alembert, réclamant l’ouverture de théâtres à Genève et Voltaire qui le soutient s’opposent à cette conception et célèbrent au contraire, le luxe, les loisirs, les plaisirs mondains, valeurs rejetées par les sévères Genevois, dont Rousseau est solidaire. On observe ainsi combien le débat sur le théâtre divise les penseurs: virulent et extrême au XVIIème siècle, il garde sa force au XVIIIème siècle, au nom de valeurs morales sur lesquelles reposent les conceptions du bonheur.

 

« Pourtant, à la lecture du texte, le lecteur peut être sensible à la dimension « narrative » du passage.

En effet, l'exemple des« Montagnons », ici proposé, est développé de manière si ample qu'il construit une sorte de tableau particulièrement efficace.

Le cadre spatialrenvoie clairement à un lieu précis, défini par son relief : « au sommet de la montagne dont je viens de parler » (l.

10) et sa situation : « chezles autres Suisses leurs voisins » (l.

) ; le contexte semble donc réaliste.

Il met par ailleurs en scène des personnages, jamais individualisés,ni nommés puisque les termes qui les désignent sont vagues : « gens » (l.

), « on » (l.

).

Ceux-ci sont surtout envisagés selon leur groupefamilial : « sa femme, ses enfants » (l.

), par exemple, ou social, ainsi que le définit un champ lexical significatif : « ouvrier » (l.

),« marchands » (l.

), « Justicier » (l.

), « maître d'école » (l.

).

Ces caractéristiques mettent en valeur une communauté unie par des lienssimples évoquant une société rustique, active et artisanale.

L'exemple ainsi constitué s'appuie même sur une distance ironique de la part dunarrateur lorsqu'il nomme : « M.

le Justicier » qui vise à se moquer de ces personnes aux mœurs un peu simples.

Cette mini-société estprogressivement décrite comme pervertie par l'irruption des spectacles en son sein . L'argumentation est en fait servie par le recours à une forme d'utopie détruite.

En effet, la communauté, loin d'être référentielle à unepopulation existant en Suisse, renvoie plutôt à une construction narrative très idéalisée : il s'agit d'un peuple heureux, organisé de manièreidéale et le philosophe des Lumières met peu à peu en valeur la perversion dont elle est la victime.

De ce point de vue, le registre épidictiques'appuie d'abord sur l'éloge de la communauté originelle, ainsi que l'indique un lexique appréciatif : « « zèle » (l.

), « industrieux » (l.

) puissur un blâme, dû à la dégradation par le théâtre ; l'expression : « un Peuple aisé, mais qui doit son bien-être à son industrie (…), se ruine àl'instant qu'il veut briller »(l.

) repose sur une antithèse significative puisqu'elle oppose les termes « se ruine » à « briller », pour mettre enévidence le retournement dramatique qu'a produit l'introduction du spectacle.

La valeur exemplaire de ce peuple ainsi mis à mal vise àconstruire, négativment, un archétype social, moral cher au philosophe : Rousseau rêve d'une organisation communautaire qui s'appuieraitsur des valeurs de travail, d'austérité et de simplicité et oppose essentiellement deux valeurs notées dans l'antithèse : « changeant la réalité contre l 'apparence » (l.

) ; la figure de style souligne la futilité illusoire et dangereuse des faux-semblants qui font oublier ce qui est, pour Rousseau, l'essentiel.

De même, la reprise du verbe « voir » (l.) dans l'expression : « d'abord pour voir et ensuite pour être vues » vise àdénoncer le « spectacle », pour exalter une société qui prône l'humilité et la simplicité rustique.

Le texte dessine donc, en creux, la sociétéidéale selon le philosophe. Exemple de conclusion du commentaire En définitive, on a pu analyser la virulence satirique de la critique du théâtre sur laquelle repose cepassage.

Rousseau en analyse surtout les conséquences néfastes, dans les domaines économiques, sociaux etmoraux.

L'originalité du texte réside, en outre, sur sa forme argumentative particulière : se fondant sur unestructure charpentée qui permet de développer l'art de convaincre et de démontrer, sous un registredidactique, le passage s'appuie largement sur un exemple argumentatif, à valeur inductive.

Le public victime duthéâtre est ici une sorte de population utopique dont nous découvrons progressivement comment elle est pervertie.

Ce passage est en conséquence révélateur de l'esprit des philosophes des Lumières : pour fairepasser leurs idées, ces penseurs recourent fréquemment à des apologues, notamment des utopies, c'est-à-diredes récits mettant en scène un peuple heureux organisé idéalement.

Ici, c'est plutôt sa dévalorisation qui estmise en scène pour donner force à une condamnation des spectacles.

Le texte s'inscrit donc dans un débatgénéral sur le bonheur au temps des Lumières : être heureux consiste-t-il à organiser sa vie selon des valeursnaturelles et frugales, comme Rousseau le pense ? D'Alembert, réclamant l'ouverture de théâtres à Genève etVoltaire qui le soutient s'opposent à cette conception et célèbrent au contraire, le luxe, les loisirs, les plaisirsmondains, valeurs rejetées par les sévères Genevois, dont Rousseau est solidaire.

On observe ainsi combien ledébat sur le théâtre divise les penseurs: virulent et extrême au XVIIème siècle, il garde sa force au XVIIIèmesiècle, au nom de valeurs morales sur lesquelles reposent les conceptions du bonheur.. »

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