Riom, procès de

Riom, procès de, procès des dirigeants républicains par le gouvernement de Vichy en zone libre du 19 février au 15 avril 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le procès de Riom s'inscrivit dans le cadre de la radicalisation de la politique de collaboration de l'État français avec le IIIe Reich hitlérien. Il s'agissait de faire condamner ceux que le maréchal Pétain avait désignés comme les responsables de la défaite : Paul Reynaud, président du Conseil en 1939, le socialiste Léon Blum, le radical Édouard Daladier, Pierre Cot, Guy La Chambre et, du côté des militaires, le général Gamelin, chef de l'état-major des armées françaises en 1940, et le contrôleur général Robert Jacomet. Une juridiction spécialement instituée à partir de l'acte constitutionnel n° 5 qui créait une Cour suprême de justice, fut chargée de mener le procès, sous la direction du président Maillefaud. Parmi les avocats de la défense, le bâtonnier Ribet pour Daladier et Félix Gouin pour Blum étaient les plus illustres. 650 témoins furent requis.

Les débats furent extrêmement passionnés et tendus : Daladier et Blum, en particulier, remarquablement secondés par leurs conseils et avocats, renversèrent les rôles et mirent publiquement en cause les responsabilités de leurs accusateurs. Daladier, ministre de la Défense en 1940, attaqué sur la question du réarmement, défendit son bilan avec passion et dénonça les incohérences des décisions de l'état-major ; Blum démontra que ce procès était celui que le gouvernement de Vichy et de la collaboration intentait à la République, tandis que Gamelin se murait dans un silence extrêmement pénible.

Le procès fut d'abord suspendu afin que la partie civile pût réunir de nouveaux témoignages ; mais, dès la reprise des débats, une nouvelle suspension fut prononcée à compter du 15 avril, suspension sine die qui constituait pour les accusés une véritable victoire morale. Maintenus en prison, déportés en Allemagne puis libérés par les Américains, les accusés du procès de Riom, quelles qu'aient été leurs responsabilités (réelles en particulier pour Gamelin ou Daladier) dans la débâcle de 1940, eurent le mérite immense de démontrer l'incapacité du régime collaborationniste de Vichy de faire de la République le responsable de la catastrophe.