SA - Sturmabteilung (sections d’assaut)

SA, abréviation du mot allemand Sturmabteilung (sections d’assaut), troupes paramilitaires de combat, de protection et de propagande du parti nazi, également appelées « chemises brunes «.

En août 1921, Adolf Hitler crée la « Société de gymnastique sportive «, véritable service d’ordre destiné à protéger les réunions du Parti national-socialiste allemand des travailleurs (NSDAP) et à perturber celles de ses adversaires politiques. Cette organisation est rapidement rebaptisée Sturmabteilung (« sections d’assaut «). En 1923, au moment du putsch de Munich, l’organisation compte 1 150 membres, anciens combattants issus des corps francs, marginaux et déclassés recrutés pour leur fidélité, encadrés par des militaires d’extrême droite, tels qu’Ernst Röhm. Les SA, comme le parti nazi, traversent une crise après l’échec du coup d’État – elles sont interdites jusqu’en 1926. En avril 1925, Hitler crée une autre milice, les SS, tandis que Röhm, en qui il n’a plus confiance, s’exile comme attaché militaire en Bolivie.

En 1926, les SA sont placées sous le commandement de Franz Pfeffer von Salomon, qui les organise en pelotons, troupes, compagnies, bataillons, régiments, brigades et groupes, et leur assigne leurs missions, depuis le collage d’affiches et la distribution de tracts jusqu’à l’organisation des grandes manifestations de rues et aux affrontements violents avec les adversaires politiques. Grâce aux SA, le parti nazi possède une force considérable, mais la formation paramilitaire conserve une grande autonomie, ce qui peut se révéler dangereux en cas de rébellion. C’est ce qui arrive, à Berlin, en septembre 1930. Les SS assurent la répression, Hitler renvoie Pfeffer von Salomon et rappelle Ernst Röhm d’Amérique latine.

Ernst Röhm reprend le contrôle des SA en 1930 en en devenant le chef d’état-major. Il les transforme en une véritable armée, recrutant, avec la crise, des chômeurs, des jeunes à qui il offre nourriture et logement caserné et à qui il promet une promotion sociale si les nazis arrivent au pouvoir. Les SA sont lancées dans des batailles de rue pour intimider le Parti communiste (KPD) et ses partisans, lors des campagnes électorales de juillet et de novembre 1932. À partir du 30 janvier 1933, date à laquelle Hitler devient chancelier, les 400 000 membres des SA, rebaptisées « police auxiliaire «, jouent un rôle décisif en instaurant un climat de terreur, occupant les mairies, les rédactions de journaux, les bureaux des syndicats, des banques, des magasins, imposant le licenciement des adversaires politiques et des Juifs, puis en obligeant à leur remplacement par des nazis. En juillet 1933, les SA absorbent la ligue d’anciens combattants Casque d’Acier (Stahlhelm) ; au mois de décembre suivant, Ernst Röhm devient ministre sans portefeuille. En 1934, les SA regroupent 3 millions d’hommes.

La puissance grandissante des SA ne cesse d’inquiéter la Reichswehr, qui y voie une concurrence redoutable à son désir de reconstituer une armée nouvelle. Le commandant des SS, Heinrich Himmler, est par ailleurs très hostile au désir de Röhm de créer une « armée du peuple «. En juin 1934, Himmler et d’autres répandent des rumeurs sur l’homosexualité de Röhm (rumeurs fondées) et sur ses intentions d’organiser un coup d’État (ce qui était probablement une calomnie). Hitler, dont l’ambition est de remplacer Hindenburg à la présidence du III^e Reich, a besoin du soutien des militaires comme du soutien des industriels ; l’heure est au « redressement national «, les agissements des extrémistes par trop attachés aux transformations radicales et sociales du programme du NSDAP deviennent gênants. Il organise donc, avec le concours des SS, une véritable purge des dirigeants des SA. Dans la nuit du 30 juin 1934, connue sous le nom de « Nuit des longs couteaux «, Röhm et les principaux dirigeants de la SA sont assassinés à Bad Wiessee, lors d’un banquet de l’état-major de l’organisation ; l’élimination des opposants se poursuit les jours suivants dans toute l’Allemagne, faisant environ 200 victimes.

Décapitées, désormais placées sous le commandement de Viktor Lutze, les SA ne jouent plus qu’un rôle secondaire, celui d’une organisation d’anciens combattants contrôlée par les SS. C’est à ce titre qu’elles prennent activement part à la persécution organisée des Juifs lors de la Nuit de cristal, les 9 et 10 novembre 1938. Alors que le pouvoir des SS ne cesse de croître, Lutze entame, en vain, des discussions avec les cadres de l’armée pour trouver un moyen de résister à l’organisation d’Himmler. En 1943, il part à Cracovie, où il participe au gouvernement d’occupation de la Pologne, mais il trouve la mort dans un accident de voiture peu de temps après son arrivée, et les SA disparaissent avec lui. Au procès de Nuremberg, le tribunal renonce à les déclarer organisation criminelle, tant, après 1934, leur rôle a été effacé.