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sacre

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

sacre, cérémonie religieuse qui trouve ses origines dans l’Ancien Testament et qui marque le début du règne personnel des rois.

Le premier sacre d’un roi dans l’histoire de France est celui de Pépin le Bref en 751, et le dernier, celui de Charles X en 1825. À quelques exceptions près (Chartres, pour Henri IV), tous les sacres ont eu lieu dans la ville de Reims.

Les différentes monarchies européennes ont également adopté la cérémonie du sacre du souverain. Les rois de l’Espagne wisigothique ont eu recours au sacre dès le VIIe siècle, et n’ont abandonné cette pratique qu’après l’union de la Castille et de l’Aragon. En Allemagne, le sacre date d’Othon Ier en 962 ; la cérémonie s’est faite à Rome jusqu’à Frédéric III (1452), puis les empereurs ont choisi des villes du Saint Empire romain germanique ou des États pontificaux, comme Charles Quint qui a été sacré à Bologne. Apparu au XIIe siècle dans l’Empire byzantin, le sacre a invariablement été conféré par le patriarche de Constantinople. La pratique a disparu chez les tsars de Russie lors de la révolution de 1917, mais était présente depuis le XVIe siècle. En Angleterre en revanche, le sacre est toujours en usage et a lieu dans l’abbaye de Westminster sous la présidence de l’archevêque de Canterbury.

2   LE SACRE, UNE LÉGITIMATION DU POUVOIR ROYAL

Le sacre constitue le temps majeur de la cérémonie du couronnement. Si « le roi ne meurt jamais « en droit monarchique français, c’est-à-dire que son corps politique reste vivant et identique d’un monarque à l’autre, le roi ne gouverne que s’il a été sacré. Ainsi, Jean Ier le Posthume, mort à quatre jours en novembre 1316, tout comme Louis XVII, « l’enfant du Temple « ont-ils été rois ; mais faute de sacre (et probablement aussi de longévité), ils n’ont pas régné. Certes, nombre de juristes à partir du XIVe siècle — comme Terrevermeille, Bodin ou Loyseau — contestent le caractère nécessaire du sacre : c’est l’hérédité par primogéniture masculine et non le sacre qui fait le roi. Certes encore, Louis XIV et Louis XV attendent-ils plusieurs années après leur avènement avant de se faire sacrer. Néanmoins, c’est le sacre qui permet à Charles VII et à Henri IV de Navarre d’affirmer leur légitimité. Si, à partir du XVIe siècle, les lazzis entachent la solennité de cette cérémonie, elle n’en demeure pas moins l’étape initiatrice indispensable des règnes jusqu’au dernier Bourbon.

3   LE RITUEL DU SACRE

Le rituel du sacre évolue dans ses détails au cours des siècles. Néanmoins, l’essentiel demeure : le roi est oint par l’archevêque, de l’oreille droite à l’oreille gauche en passant sur le crâne, avec de l’huile bénite (ou saint chrême). Des prières précèdent la cérémonie et une messe suit cette onction.

À partir du XIIe siècle, les Capétiens codifient la cérémonie ; l’ordo de Sens, en 1270, en est l’aboutissement. Une fois sa majorité reconnue, à treize ans en général, le dauphin peut succéder à son père. À la mort de ce dernier, ou à l’annonce par le parlement de Paris de sa majorité en cas de régence, la cérémonie est organisée. Le choix du lieu du sacre ne s’impose que lentement : après une hésitation entre Orléans, Soissons, Compiègne, Noyon, Laon, Saint-Denis et Reims, cette dernière cité est définitivement reconnue comme lieu du sacre à partir de Philippe Ier (1129).

La cérémonie du sacre est codifiée : le roi se rend à Reims, passe sa nuit en oraisons au palais du Tau (le palais de l’archevêque) et le dimanche se rend à la cathédrale. La sainte ampoule contenant le saint chrême (apparue en 1131 ; son huile miraculeuse semble ne jamais tarir et le récipient aurait été celui utilisé par saint Remi pour l’onction de Clovis) est apportée par les moines de l’abbaye de Saint-Remi et placée sur l’autel par l’archevêque et l’abbé ; elle y rejoint les insignes royaux déposés par l’abbé de Saint-Denis. Le roi prête ensuite serment de fidélité à la cause de l’Église, au service du royaume et, à partir de 1215, à la lutte contre les hérétiques.

Il se dépouille ensuite de ses vêtements, sauf de sa tunique et de sa chemise, renonçant par là à son état laïque. Puis les éperons d’or et l’épée bénite lui sont remis avant d’être confiés au sénéchal. L’onction, septuple (tête, poitrine, bras, mains, épaules, entre les épaules, coudes), a ensuite lieu avec le chrême, huile spécifiquement réservée à l’investiture des évêques. Le roi revêt alors les habits royaux, eux aussi empruntés à la religion : la tunique, la dalmatique, le manteau-chasuble. L’anneau remis au roi est également béni ; puis le souverain reçoit dans la main droite le sceptre et dans la main gauche la main de justice. L’archevêque impose alors la couronne sur le front royal, puis les douze pairs de France confirment l’élection et accompagnent le roi jusqu’au trône. Élu, oint, nanti de tous les symboles de son pouvoir, le roi peut régner.

4   LE CARACTÈRE SACRÉ DU POUVOIR MONARCHIQUE

Le sacre donne aux rois de France le rang et les pouvoirs d’un évêque : il symbolise le caractère divin de la monarchie (voir Droit divin, monarchie de). Il sacralise les pouvoirs magiques, thaumaturgiques que le roi tient de son hérédité : celui en particulier de guérir les écrouelles par le toucher. Le modèle est emprunté à l’histoire biblique, puisque Saül, David puis Salomon — le roi de France est un « nouveau Salomon « — ont été oints (Messie signifiant oint en hébreu) et sacrés : le sacre inscrit donc le règne des souverains dans le fondement même de la religion chrétienne.

Le sacre se réfère aussi à l’histoire mythologique de la royauté, puisque chaque insigne remis au roi est porteur d’un souvenir fabuleux de la fondation du royaume : une colombe aurait ainsi remis la sainte ampoule à Remi ; les lys seraient un don de la Vierge, l’épée serait celle de Charlemagne. Le lieu même de Reims triomphe, car il permet de replacer les monarques dans la filiation de Clovis et, à travers lui, des souverains troyens Priam et Pâris dont celui-ci est l’héritier, selon l’historiographie du Moyen Âge tardif.

Le sacre, enfin, manifeste l’étendue de la mission du pouvoir royal et celle de sa puissance : premier des nobles, dignitaire de l’Église, instance suprême de la justice, protecteur de son peuple et confirmé par lui, le roi sacré doit user de sa sagesse pour ne pas abuser de sa puissance.

Quand la puissance royale est bridée par un texte d’origine humaine, le sacre n’a plus de raison d’être et devient ridicule : tel est celui de Charles X aux yeux de l’opinion publique.

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