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Salluste, Conjuration de Catilina (extrait)

Publié le 13/04/2013

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Dans la Conjuration de Catilina, l’historien latin Salluste dresse, vingt ans après les événements, le portrait de l’ennemi public Catilina. S’il noircit la figure du conspirateur, c’est afin de détourner les soupçons pesant sur la complicité de son protecteur, César, dans cet épisode riche de passions partisanes. Derrière les portraits et les successions d’événements relatés, Salluste réfléchit surtout sur les causes de la décadence des valeurs de la république en dénonçant particulièrement la corruption des jeunes gens de la noblesse romaine, dont Catilina est le modèle.

Conjuration de Catilina de Salluste

 

Catilina, issu d’une famille noble, était d’une grande vigueur d’esprit et de corps, mais il avait l’âme méchante et dépravée. Dès sa jeunesse les guerres, les meurtres, les rapines, les discordes civiles eurent pour lui de l’attrait ; et ce furent les exercices de son âge mûr. Son corps supportait la faim, les veilles, le froid, avec une incroyable facilité. Son esprit était audacieux, rusé, insinuant. Habile à tout feindre comme à tout dissimuler, avide du bien d’autrui, prodigue du sien, ardent dans ses passions, il avait la parole facile mais peu de jugement. Tout ce qui était hors de commune mesure tentait constamment cette âme insatiable. Depuis les temps de la tyrannie de Sulla, un irrésistible désir de s’emparer du pouvoir avait envahi tout son être. Quant aux moyens d’y arriver, pourvu qu’il devienne le maître, tout lui était égal. De jour en jour, son caractère farouche s’aigrissait avec le dépérissement de sa fortune et le remords de ses crimes : deux plaies cruellement envenimées par la pratique des vices que je viens de signaler.

 

 

Il trouvait d’ailleurs un encouragement dans la corruption des mœurs d’une cité que ravageaient sans répit deux maux également funestes bien que de nature différente : la luxure et la cupidité. Et, puisque l’occasion m’a amené à parler des mœurs publiques, mon sujet même semble m’inviter à reprendre de plus haut et à présenter en peu de mots les institutions civiles et militaires de nos ancêtres, à faire voir ce que fut la République entre leurs mains, combien elle était florissante de leur temps, et comment, dégénérant peu à peu, elle est descendue d’un tel degré de splendeur dans un tel abîme de honte et de corruption.

 

 

Source : Historiens romains, Histoire de la République, tome 1, Tite-Live-Salluste, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade «, 1968.

 

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