Sophocle, Oedipe-roi

Pour délivrer Thèbes de la peste, OEdipe recherche le meurtrier de Laïos. Après avoir essayé de se dérober à l'enquête, le devin Tirésias révèle à Œdipe qu'il est lui-même le meurtrier qu'il cherche, mais Œdipe refuse de le croire. Le thème de la vue est ici essentiel. Tirésias, qui est aveugle, voit la vérité, OEdipe ne la voit pas, alors qu'elle le concerne au plus haut point. Quand il ne pourra plus échapper à cette insupportable vérité, OEdipe se crèvera les yeux.  «TIRÉSIAS Bien que tu sois roi, OEdipe, je puis au moins te répondre à mon tour ; Et moi aussi j'en ai le droit. Je ne suis point ton esclave ; Apollon seul me commande, Et je n'ai pas besoin de la protection de Créon. Tu m'as reproché d'être aveugle ; Mais toi dont les yeux sont ouverts à la lumière, je te le déclare, Tu ne vois pas l'étendue de ton malheur ; Tu ignores dans quels lieux tu habites, avec qui tu demeures. Sais-tu qui t'as donné le jour ? Tu es, sans le savoir, l'ennemi des tiens, Et de ceux qui ne sont plus, et de ceux qui vivent encore. Chargé des vengeances d'un père et d'une mère, La Malédiction, aux pieds terribles, te bannira de cette terre : Tu vois aujourd'hui la lumière ; tu ne verras alors que les ténèbres. Quel lieu ne retentira pas de tes cris ? Quel antre du Cithéron Ne répétera pas tes gémissements, quand tu connaîtras l'hymen Que tu as formé dans ta famille, écueil fatal de ta prospérité ? Tu ne vois pas les maux sans nombre Qui viendront fondre sur toi et sur tes enfants. Après cela, dans ta fureur, accuse Créon et mes paroles ; Car jamais nul mortel ne gémira Sous un châtiment plus terrible que le tien.«