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SPINOZA: La passion succombe à sa connaissance vraie.

Publié le 22/02/2012

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spinoza
Une affection qui est une passion, cesse d'être une passion, sitôt que nous en formons une idée claire et distincte. Une affection qui est une passion est une idée confuse. Si donc nous formons de cette affection une idée claire et distincte, il n'y aura entre cette idée et l'affection elle-même, en tant qu'elle le rapporte à l'Ame seule, qu'une distinction de raison; et ainsi, l'affection cessera d'être une passion. Une affection est d'autant plus en notre pouvoir et l'Ame en pâtit d'autant moins que cette affection nous est plus connue. ... Puisqu'il n'y a rien d'où ne suive quelque effet et que nous connaissons clairement et distinctement tout ce qui suit d'une idée qui est adéquate en nous, il suit de là que chacun a le pouvoir de se connaître lui-même et de connaître ses affections, sinon absolument, du moins en partie, clairement et distinctement et de faire en conséquence qu'il ait moins à en pâtir. A cela nous devons travailler surtout, à connaître, veux-je dire, autant que possible chaque affection clairement et distinctement, de façon que l'Ame soit déterminée par chaque affection à penser ce qu'elle perçoit clairement et distinctement, et où elle trouve un plein contentement; et pour qu'ainsi l'affection elle-même soit séparée de la pensée d'une cause extérieure et jointe à des pensées vraies; par où il arrivera que non seulement l'Amour, la Haine, etc., seront détruits, mais que l'appétit aussi et les Désirs naissant habituellement de cette affection ne pourront avoir d'excès. Car il faut noter avant tout que c'est un seul et même appétit par lequel l'homme est dit également bien actif et passif. Par exemple, nous avons montré qu'en vertu d'une disposition de la nature humaine chacun appète que les autres vivent selon sa propre complexion; dans un homme qui n'est pas dirigé par la Raison, cet appétit est une passion appelée Ambition et qui ne diffère guère de l'Orgueil; au contraire, dans un homme qui vit suivant le commandement de la Raison, c'est une action, c'est-à-dire une vertu appelée Moralité. Et de cette manière tous les appétits, ou Désirs, sont des passions en tant seulement qu'ils naissent d'idées inadéquates; et ces mêmes Désirs sont tenus pour vertus quand ils sont excités ou engendrés par des idées adéquates. Tous les Désirs en effet, par où nous sommes déterminés à faire quelque chose, peuvent naître aussi bien d'idées adéquates que d'inadéquates. Et, pour revenir au point d'où je me suis( écarté dans cette digression, outre ce remède aux affections qui consiste dans leur connaissance vraie, on n'en peut concevoir aucun autre plus excellent qui soit en notre pouvoir, puisqu'il n'y a d'autre puissance de l'Ame que celle de penser et de former des idées adéquates. SPINOZA.

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