Devoir de Philosophie

Sud et mondialisation – Éléments de réflexion

Publié le 20/09/2012

Extrait du document

mondialisation

Sud et mondialisation – Éléments de réflexion pour une analyse très élaborée Introduction / problématisation : Le Sud désigne un espace dont la délimitation est à présent stabilisée au sud d’une ligne passant par le Rio Grande, la Méditerranée, la Mer noire, l’Asie centrale et les rives de la Chine (l’Australie n’étant pas comprise dans cet espace). Le Sud renvoie aussi au concept de développement, un développement partiel (déficit de développement ou mal développement) qui se mesure à l’aide de multiples critères : des caractères socio-démographiques, socio-économiques et géopolitiques. Toutefois, en terme de développement, le Sud tend à se différencier de manière croissante d’où : les « Suds «. L’usage du pluriel souligne la diversité des situations. Enfin c’est un espace lisible à une infinité d’échelles, depuis l’échelle planétaire qui permet de déterminer des traits communs, jusqu’à l’échelle locale qui peut révéler des paradoxes. La mondialisation est présentée comme un processus de « mise en relation des différentes composantes du monde qui s’articulent en système«. Pour Roger Brunet, l’étude de la mondialisation est fondée sur les flux et l’appréhension du monde comme un système. Pour Jacques Lévy, la mondialisation débute dès le Néolithique et aboutit à l'avènement d'une « société-monde «; enfin, L. Carroué y voit surtout l'extension du système capitaliste. Il distingue plusieurs mondialisations, la troisième étant à l'œuvre depuis l'effondrement de l'URSS. Pour certains (O. Dolfus, R. Brunet), c’est une logique d'homogénéisation de l'espace, pour d'autres au contraire, la mondialisation accentue les inégalités
territoriales et la fragmentation de l'espace. D'un coté, elle tend à accentuer les phénomènes de diffusion, facilitant la mise en relation des sociétés du monde entier. D'un autre, elle alimente des comportements de rejet : particularismes, communautarismes… La géographie des réseaux permet d’appréhender aussi le phénomène. L’accélération des échanges, l’intensification des flux de capitaux, de marchandises et d’informations et des flux migratoires peuvent mesurer le degré d’implication dans le processus. Des lieux de la mondialisation émergent, qui captent ces flux, concentrent plus ou moins des pouvoirs, s’organisent en réseaux. La mondialisation est le résultat de nouvelles interdépendances entre des acteurs multiples nationaux, internationaux ou transnationaux. Ce sujet invite à une démarche géographique particulière : la mise en relation d’un espace et d’un processus. Ce qui pouvait se résoudre en quelques questions structurantes telles que : « Les Suds sont-ils acteurs ou non de la mondialisation ? «, et, « Quel est l’effet de la mondialisation sur les Suds? «. Questions qui se déclinent en d’autres analyses possibles concernant : ➢ Le degré d’intégration dans le processus, ➢ Les modalités et les acteurs de l’intégration des Suds dans la mondialisation (quel rôle et quelle stratégie pour les Suds dans l’espace mondialisé ?), ➢ Le rôle de la mondialisation dans le développement des Suds (opportunité ou menace ?), ➢ Les mutations spatiales induites dans les Suds par la mondialisation. Celle-ci organise-t-elle différemment les territoires, avec des lieux spécifiques, à quelles échelles ces phénomènes
sont-ils lisibles, produit-elle de l’homogénéisation ou de la différenciation dans les Suds ?. Les outils de la réflexion : ➢ une démarche géographique avec changements d’échelles, analyse des espaces, des territoires, des réseaux. ➢ l’utilisation d’un vocabulaire précis : espace, territoires, réseaux, flux, dépendance, interdépendance, discontinuités, homogénéisation, fractures, façades maritimes, littoralisation, métropolisation, périphéries, intégration, polarisation .... Le choix du plan : Comme toujours plusieurs plans étaient possibles.           Les plus pratiques étaient ceux qui montraient : ➢ dans un premier temps, les différents degrés d'intégration des Suds dans le processus de mondialisation (acteurs, moyens, interdépendances, flux, polarisation, marginalisation, résistances et contestations), ➢ puis les effets spatiaux à toutes les échelles de l’intégration des Suds à l’espace mondialisé (façades maritimes, métropolisation, espaces transnationaux, recomposition des territoires ou accentuation des déséquilibres). Une typologie issue du croisement des notions est indispensable (soit dans le corps de la démonstration, soit au moyen du croquis). Cf. celle de L. Carroué établie en fonction des différents niveaux d’intégration (polarisation, évitement, marginalisation, exclusion) et de leur relation avec les Nords hégémoniques : ➢ Les périphéries intégrées et plus ou moins autonomes : puissances régionales, Etats continents(Brésil, Chine, Union indienne...), des Etats opportunistes de petite taille, intégrés grâce à une spécialisation fonctionnelle très poussée, souvent des espaces de non-droit
(paradis fiscaux, Etats proposant des pavillons de complaisance), ➢ Les Etats intégrés dominés : Etats-ateliers tayloriens (Asie du Sud-Est, par ex.), des pays exportateurs d’hydrocarbures (Etats « rentiers «), des Etats spécialisés dans la fourniture de matières premières et énergétiques, fragilisés par l’échange inégal dicté par les intérêts géostratégiques des centres, ➢ Les exclus de la mondialisation pour lesquels le village planétaire est une très lointaine réalité : les « régions sacrifiées de la troisième mondialisation (les 49 PMA), les Etats qualifiés de « voyou « par les Etats-Unis (rogue states) soumis au boycott ou à l'embargo, les Etats déchirés par des crises et des guerres.... Quelques mises au point à insérer dans le corps du devoir : L'intensification des flux et ses effets : Les différents types de flux (flux humains, flux de biens et d'informations, trafics illicites) définissent des espaces dépendants, interdépendants ou autonomes. Les pays émergents polarisent, par exemple, une part des flux d’IDE et des investisseurs, participent au commerce mondial des produits manufacturés et des services (l’Inde). Mais d'autres flux induisent des situations de dépendance (flux commerciaux de produits primaires dans un contexte de détérioration des termes de l’échange, flux de capitaux issus de l’aide publique au développement). D’une manière générale la mondialisation accentue un système de domination et de dépendance hiérarchique plaçant les Suds en situation de périphérie sous l’influence de l’oligopole mondial. Les acteurs de la mondialisation et leurs stratégies : Les acteurs locaux étatiques
ou privés qui provoquent l’ouverture économique, l’appel aux capitaux étrangers, les réformes libérales, l’aménagement de zones franches et de parcs d’activités Les acteurs extranationaux tels les pays de la triade, les FTN, les institutions internationales qui poussent aux délocalisations en fonction des avantages comparatifs de marché et conduisent à une division internationale du travail de plus en plus complexe. Tout cela permettant de nuancer fortement la représentation de Suds, synonymes de pays dominés. Certains, comme l’Inde, reçoivent par ce processus des activités de conception. Les institutions internationales comme le FMI, l’OMC diffusent une politique économique libérale fondée sur la conviction que l’insertion dans la mondialisation est porteuse de développement. Il reste cependant que les plans d’ajustement structurel peuvent avoir des effets désastreux sur les sociétés des Suds. Les nouveaux territoires, produits par la mondialisation dans les Suds : Les mutations des zones littorales : maritimisation des territoires (aménagements de zones industrialo-portuaires ; de zones franches comme les ZES en Chine), émergence de façades maritimes en Corée, en Chine ou au Brésil. Le phénomène de métropolisation qui crée les mégapoles des Suds, même si ces espaces « métropolitains «, portes de modernités bien reliées au reste du monde, côtoient des espaces urbains en proie à des dysfonctionnements multiples. Cela étant, les « villes globales « restent peu nombreuses. Les espaces transnationaux. Ce sont, par exemple, les espaces animés par les diasporas, par les firmes réseaux, comme Nike, qui assure la totalité
de la production dans les Suds par des réseaux de sous-traitants alors que la conception et les sièges sociaux sont au Nord. Les flux migratoires sont également à l'origine d’espaces transnationaux : camps de réfugiés encadrés par le HCR, espaces définis par les flux de travailleurs (transferts de revenus des philippins ou autres). Les logiques d’homogénéisation induites par la mondialisation : L’uniformisation des comportements, des habitudes de consommation, des paysages urbains qui relèvent d’une culture pour partie américanisée. L'Afrique elle-même voit le progrès de l'individualisme et le lien social traditionnel commencer à se distendre. Les logiques de fragmentation spatiale nées de la mondialisation : La constitution d'associations régionales (Mercosur, Communauté de l'Afrique de l'Ouest, ASEAN) qui sont des réponses à la fois stratégiques et fonctionnelles au processus de mondialisation. Un moyen de relais ou de résistance, en quelque sorte, de stabiliser les effets de la mondialisation sur les espaces régionaux. Le renforcement des inégalités spatiales. Si certains espaces des Suds profitent de la mondialisation comme d’une formidable opportunité (cf. le littoral chinois), pour d'autres, elle est génératrice de nouveaux problèmes et s’accompagne d’effets déstructurants. L'écart se creuse entre les zones participant au processus et les périphéries qui se marginalisent, loin du commerce mondial, des flux d'IDE, des innovations technologiques. La mondialisation offre, en outre, des opportunités de trafics désastreux pour les sociétés (espaces de non-droit et de guérillas alimentées par les narco-trafics dans
les Andes, trafics en tout genre des déchets toxiques aux êtres humains en Afrique). De cela résultent des déséquilibres spatiaux dont le Brésil est un exemple à toutes les échelles : la mondialisation, dans ces cas, accentue largement le mal-développement. Les résistances des Suds à la mondialisation : Résistances à l'homogénéisation et à l'américanisation, et, souvent, replis identitaires. Les inégalités attisent une contestation générale qui s'intègre à une contestation de la mondialisation libérale : essor de courants altermondialistes, forum social, contre-sommet de Davos, commerce équitable .... Le cas très intéressant de l'Afrique : Cf. Sylvie BRUNEL, in l'Afrique dans la mondialisation : « Inutile désormais d'accorder à ce continent un traitement spécifique (…). Le continent perd, en effet, peu à peu sa spécificité. L'Afrique d'aujourd’hui participe à l'économie-monde «. Le continent connaît une utilisation massive des NTIC (frénésie du portable, entre autres), contrairement à ce qu'affirment les statistiques officielles car c'est l'économie informelle qui relie les Africains entre eux et au reste du monde. Ainsi les réseaux marchands régionaux et internationaux, les réseaux autochtones des Haoussas ou des Dioulas, par exemple, et les réseaux des diasporas (libano-syrienne en Afrique de l'Ouest, indienne et chinoise en Afrique de l'Est). D’où l'or du Shaba ou de la Sierra Leone circule jusqu'à Anvers, les armes russes et chinoises approvisionnent les guérillas. Cette mondialisation creuse les inégalités, exacerbe les convoitises en période de crise, épuise des ressources naturelles, pollue, appauvrit

Liens utiles